SAMIDOUN
Ode à la démagogie « démocratique »
La répression des révoltes spontanées aussi bien que des insurrections
patentées est terrible, les morts sont nombreux et les blessés encore
davantage, comme il sied dans ces pays « barbares » néo-colonisés qui
doivent être mâtés par le fer et par le feu, disait l’éthylique Churchill
(le même individu qui a proclamé que la démocratie était le pire des
systèmes à l’exception de tous les autres). Cependant ce n’est pas le
nombre de martyrs et de victimes collatérales qui détermine le caractère
révolutionnaire d’un soulèvement populaire. (1)
Cette première phase de révolte de la rue arabe est pourtant absolument
incontournable, voire indispensable, pour qui aspire à ce qu’une deuxième
vague de révolte s’amorce enfin et au plus tôt. Il faut que le ressentiment
instinctif et la colère réprimée s’expriment et projettent leurs vagues
d’illusions jusque sur les murs de la répression où elles se fracassent,
déchirées par les armes des portefaix et des militaires chargés de
maintenir le pouvoir des riches thuriféraires de l’impérialisme, et aussi
le pouvoir des puissants qui en sous-main tirent les ficelles de ces
polichinelles tenant lieu de chefs d’État, ces rois fainéants, ces sultans
décadents et ces présidents tyrans. (2) Elle est en marche cette deuxième
étape de la révolte arabe, elle éclate par intermittence à Tunis, à Amman,
au Caire, à Sanaa, à Alger et à Rabat sans que les médias occidentaux n’en
fassent état. Elle ressurgira à la face du monde dans un mois ou dans un
an, car bien peu des exigences légitimes des insurgés n’auront été
rencontrées.
Hillary Clinton, la première, aura lancé un leurre devant les yeux du
pur-sang arabe hennissant, et toute la presse à la solde a repris cette
billevesée perfide : « Nous soutenons l’aspiration des peuples arabes à la
démocratie ». Ils chômaient, ils ployaient sous le joug, ils étaient
affamés, emprisonnés injustement, battus, torturés, entassés dans des cars
clinquants qui les transportaient dans la poussière vers leur misère, sans
aide et sans soins médicaux. Pendant que leurs ressources naturelles,
bradées, sortaient de leurs pays à vil prix, ils importaient au prix fort
tout le nécessaire pour survivre, l’inflation rongeait leur maigre salaire,
le coton égyptien pourrissait sur les quais déclassé par le coton américain
subventionné; les paysans désœuvrés venaient s’agglutiner dans les villes
surpeuplées alors qu’on aménageait leurs champs pour transformer la
nourriture en carburant et que la crise économique les frappait de plein
fouet. Ils se sont révoltés contre cette « fatalité », et la Secrétaire
d’État Hillary, avec le plus grand mépris, leur a proposé de voter pour un
plus grand nombre de ces satrapes dévoyés (car dans quelques pays arabes on
votait déjà pour une liste restreinte de ces candidats à la dictature).
Les illuminés, les révoltés, les exploités, les aliénés ont tous pu
constater au cours de cette première phase de la révolte (novembre 2010-
mars 2011), au cours de ce premier round de la guerre des classes, les
limites de ces revendications économiques pour le pain et le sel, pour le
travail et l’équité. Les possédants leur ont jeté quelques ploutocrates à «
démettre », ils leur ont accordé chichement quelques augmentations de
salaires; ils ont réduit les prix des denrées de première nécessité et
diminué la valeur de l’argent pour les acheter, ils ont promis des
élections par lesquelles ces bons peuples pourront, à l’exemple des
populaces du Nord, choisir l’État-major étatique de la classe dominante qui
dirigera les destinées de chaque nation « démocratique » arabe. Enfin, la «
liberté » de choisir son garde-chiourme frappe aux portes des pays arabes «
modernisés et démocratisés »!
« Vos Révolutions victorieuses sont terminées : rentrez chez vous, il n’y
a plus rien à voir », leur a-t-on fait accroire, puisque dorénavant il y
aura dix, vingt ou trente candidats aspirant à s’emparer du pouvoir,
dociles à rendre compte du bradage des ressources nationales au Président
Obama et à ses acolytes. Pour ce qui est des hausses de salaires, elles
seront temporaires; attendez que le FMI soit passé par ici une fois le
calme rétabli. Ne restent que le royaume d’Arabie et quelques émirats à ne
pas bénéficier de cette immense jouissance où pataugent ceux du Nord depuis
leur enfance, sous le chômage, l’inflation, la déflation, la succession des
crises économiques, les guerres sporadiques, l’insécurité des villes, la
dégénérescence morale, la pollution, la drogue et la prostitution, le
suicide des adolescents, les soupes populaires et la misère.
Peuples arabes, bienvenue dans la civilisation occidentale! Vous en aviez
rêvé, ce sera pire que ce que vous pensiez. Vous êtes passés en quelques
mois de la misère néo-coloniale à la mansuétude post-coloniale. Il vous
faut dès à présent préparer la deuxième étape de votre révolte généralisée
pour qu’elle donne lieu à de véritables révolutions, c’est-à-dire à des
transformations radicales de vos sociétés par la prise entre vos mains de
tout le pouvoir d’État, ce qui constitue la vraie démocratie.
Dignité bafouée
Et que dire de ce cancer impérialiste de souche européenne, implanté au
cœur de la vie, au Levant d’une Méditerranée souillée par la pollution de
ces colonisateurs industriels avides, arrogants et génocidaires! Cette «
colonie colonisatrice » incrustée tout près du canal de Suez, entre le
Golan syrien et les montagnes du Liban farouche, cette entité sioniste
plantée entre la mer qu’elle a asphyxiée et Gaza la ville martyre
indomptable. Cette plaie sioniste théocratique, terroriste, qui se complait
à humilier tous les peuples arabes!
Depuis que l’impérialisme a découpé l’ensemble de la planète en zones
d’exploitation et de concurrence qu’il se repartage et redistribue selon
les puissances montantes ou déclinantes du moment (Grande-Bretagne, France,
Italie, Allemagne, Japon, puis États-Unis, Russie, Chine, etc.), toute
révolte populaire, toute résistance nationale authentique, est partie
intégrante de la grande lutte anti-impérialiste mondiale. À titre
d’exemple, quand le peuple palestinien arabe résiste au sionisme et tente
de libérer toute sa terre occupée depuis 1948 par le colonisateur
impérialiste israélien, il en vient très vite à lutter contre la puissance
de tutelle d’Israël, les USA. Les collaborateurs de l’Autorité de Ramallah
le savent bien, ceux-là même qui quémandent à la puissance de tutelle de
calmer les appétits de son protégé et de le contraindre à accepter la
constitution d’un bantoustan à administrer par eux, les derniers supplétifs
à ne pas bénéficier d’une zone de gestion partagée. Tous les autres pions
arabes ont déjà reçu leur tribut et se sont vu attribuer une réserve à
administrer; Mahmoud Abbas et sa coterie croient qu’ils y ont droit eux
aussi. (3)
Le maillon faible
Pourquoi cette première vague de soulèvements spontanés, généralisés à
travers l’Afrique du nord et le Proche-Orient arabisé ? Qu’est-ce qui
explique que tous ces peuples qui forment la grande nation arabe, de la
frontière iranienne aux rives de l’Atlantique, protestent, s’agitent et se
soulèvent à tour de rôle, parfois les armes à la main, le plus souvent le
poing nu levé au ciel pour réclamer justice et équité, honneur et dignité,
travail et nourriture ? Les vicissitudes de la crise économique et
financière occidentale (2008), qui ont frappé tous ces pays
expliqueraient-elles, à elles seules, ces soulèvements? Mais toutes les
populations du globe n’ont-elles pas été frappées par la crise sans
pourtant toujours se révolter de la sorte? Alors pourquoi ce tropisme arabe
?
Examinons de plus près la conjoncture politique, sociale, culturelle et
idéologique particulière à ce ventre mou de l’impérialisme pour y trouver
l’explication de ces insurrections à répétition qui ont pris l’allure d’une
traînée de poudre sillonnant les déserts pétrolifères. Tentons de
comprendre les raisons de cette révolte soudaine et inévitable sur cette
terre qu’on aurait tort de réduire à un désert. Pourquoi donc le monde
arabe se présente-t-il comme le maillon faible de la chaîne impérialiste ?
Le monde arabe est constitué d’une vingtaine de pays souverains mais pas
indépendants (4), répartis sur 13 millions de km carrés s’étalant de
l’Océan Atlantique à la frontière de l’Iran. Il compte 313 millions
d’habitants de religion musulmane (90%), de langue et de culture arabe. Le
produit intérieur brut annuel moyen par habitant s’échelonne de 1000 $ en
Palestine à 76 000 $ au Qatar - ils sont des centaines de milliers à
survivre avec 2 $ par jour en Palestine occupée.
« La population des dix-neuf pays du Maghreb et du Moyen-Orient a presque
triplé au cours des quarante dernières années (1970-2010) pour passer de
112 à 313 millions d’habitants (+ 180 %). Mais, au cours des quarante
prochaines années (2010-2050), elle va augmenter seulement de 62 %, soit
trois fois moins vite. Ce simple constat signifie que la transition
démographique est en marche dans l’une des régions les plus complexes du
monde sur les plans politique, culturel, religieux, sécuritaire… et
énergétique. Cette région, même si elle n’est pas homogène, abritera 6 %
seulement de la population mondiale en 2050, contre 5 % actuellement et 3 %
en 1970. Aujourd’hui, dans un monde qui a soif d’énergie, elle contrôle,
selon la compagnie British Petroleum, respectivement 55 % et 30 % des
réserves mondiales de pétrole brut et de gaz naturel. » (5)
L’ensemble du monde arabe est passé au cours des cinquante dernières années
de la semi-féodalité au capitalisme, de l’artisanat à l’industrie et de
l’agriculture de subsistance à l’agriculture industrielle. Au cours du
dernier demi-siècle la population arabe, avec quelques écarts d’un pays à
un autre, a migré de la campagne à la ville et du souk au supermarché; de
l’analphabétisme généralisé à l’université; de l’organisation tribale à la
technocratie bureaucratique. Au cours de ces quelques décennies, le monde
arabe a connu un taux de natalité en recul; il est passé de la famille
patriarcale clanique à la famille nucléaire éclatée; de pratiques
religieuses de type médiéval à une diminution lente mais réelle des
pratiques religieuses (les réminiscences des courants islamistes ne doivent
pas faire illusion, elles pourraient bien n’être que les barouds d’honneur
d’une sphère religieuse en déliquescence).
Au cours de cette brève période, l’ensemble du monde arabe est passé d’une
pyramide des âges normale à un évasement pyramidal foudroyant (35 % de la
population arabe a moins de 15 ans). Imaginons ce que ce rajeunissement
prodigieux des couches populaires comporte de potentiellement
révolutionnaire quand des millions d’adolescents et d’adolescentes se
précipiteront tous ensemble sur un marché du travail exsangue.
Le bradage éhonté, rapide et sans retour de la plus importante ressource
naturelle non renouvelable de la région (pétrole et gaz naturel); la mise
en coupe serrée des économies nationales arabes; l’endettement sévère de la
plupart des pays de la zone; la dépendance de chacun de ces pays à l’égard
de biens de consommation produits et achetés à grand frais à l’étranger;
l’inflation qui découle de cette dépendance des approvisionnements en
produits manufacturés; la destruction de l’agriculture nationale par la
concurrence extérieure; la fuite des capitaux de la rente pétrolière vers
les marchés boursiers spéculatifs où ils sont dilapidés dans chacune des
crises monétaires qui frappent le monde impérialiste (lors de la crise de
2008 les princes arabes ont perdu sans sourciller 150 milliards de
dollars); la paupérisation de couches entières de paysans, de petit-
bourgeois et de travailleurs; la spoliation des ressources de l’État par
les castes dirigeantes indignes qui dissimulent leurs trésors dans les
paradis fiscaux sans impôts. Cette conjoncture de crise fait du monde arabe
un foyer inévitable de révolte, le maillon faible de la chaîne
impérialiste.
En plus de cette convergence de facteurs économiques, politiques et
sociaux, la communauté religieuse, linguistique et culturelle de ces
peuples engendre des rapprochements et suscite des échanges de
renseignements (qu’Internet facilite grandement). Cette communauté
linguistique et culturelle exacerbe le sentiment d’appartenance à une
communauté de misère, d’injustice et d’iniquité, et facilite la
mobilisation des citoyens, tout en favorisant l’émergence d’un
vouloir-vivre collectif parmi ces peuples qui aspirent à mettre fin à ce
sentiment de honte coupable d’être les témoins impuissants de cette
gabegie.
La première vague de révolte populaire
Les puissances impérialistes occidentales ont eu beau soutenir fermement
les régimes militaires parasitaires et oppresseurs, le couvercle posé sur
ces jeunes marmites bouillantes de frustration et de désespoir sans
perspective ne pouvait résister plus longtemps. L’étincelle tunisienne a
suffi à mettre le feu à toute la plaine arabe sèche et amère. C’est le
propre des oppresseurs de tenter de se maintenir à flot par tous les moyens
qu’il faut. Quand une tactique de répression ne fonctionne pas les
puissances impérialistes et leurs supplétifs locaux laissent échapper un
peu de vapeur, et font quelques concessions mineures, le temps d’apaiser la
rue en fureur, pour reprendre ensuite le terrain concédé. Mais comme rien
n’est réglé, ni même vraiment amélioré, comme la misère et le chômage
s’accentuent, comme la paupérisation s’accélère, comme la destruction des
bases de l’économie nationale s’approfondit, comme l’humiliation arabe se
perpétue, comme l’entité colonisatrice maintien son occupation illégitime
avec la complicité des traîtres fratricides locaux, alors les forces
révolutionnaires en état de latence reprennent leur souffle en préparation
d’un nouvel assaut, d’un deuxième soulèvement contre la citadelle des
exploiteurs et des spoliateurs. Le sirocco de la révolte couve dans les
déserts arabes, des confins de l’Algérie aux dunes de l’Arabie, sur les
massifs du Rif et en Kabylie, et il reviendra balayer les plaines du
littoral.
Rapport de force au sein des bourgeoisies nationales arabes
Dans chacun des pays de la communauté arabe, la grande bourgeoisie
nationale est divisée en deux sections, le segment compradore qui
s'enrichit de la braderie des ressources naturelles et le segment «
nationaliste » qui s'enrichit de l'exploitation de la main-d'oeuvre et du
développement du commerce national. Dans certains pays comme l'Égypte, la
Syrie, l'Algérie les officiers de l'armée forment un contingent cohérent
dans l'un ou l'autre de ces camps opposés. Profitant des révoltes
spontanées des peuples arabes, un segment ou l'autre de la grande
bourgeoisie de chacun des pays en profite pour remettre en cause le
compromis historique en vigueur entre eux et tenter de s'accaparer
l'hégémonie sur l'appareil d'État, source de pouvoir et de capital.
Ainsi, en Syrie et au Liban, où il n'y a pas de prébende pétrolière à
partager, la situation est restée stable et les deux sections de la
bourgeoisie sont restées sur leurs positions. Au Bahreïn, au Yémen, en
Jordanie et en Irak, les sections « nationalistes » ont tenté de secouer le
joug des sections compradores avec plus ou moins de succès jusqu'à
présent.
En Arabie Saoudite, aux Émirats Arabes Unis, au Qatar, à Oman et au Koweït,
où les sections compradores sont puissantes, les sections « nationalistes »
ne sont pas encore parvenues à soulever la rue pour ébranler le pouvoir
hégémonique de leurs concurrents.
En Égypte, où le colonel Nasser avait donné le pouvoir à la section «
nationaliste », que Moubarak avait rendu à la section compradore, l'armée a
réussi à se rétablir aux postes de commande de l'État et elle prépare
l'élection « démocratique » de son dauphin. Pour cette raison l'armée
égyptienne n'attaquera pas le représentant des clans de l'Ouest libyen basé
à Tripoli. Il en est de même en Tunisie où le représentant de la
bourgeoisie compradore ayant été démis, l'armée tunisienne n'est pas
d'humeur à porter assistance aux clans royalistes de l'Est libyen.
En Algérie, la section compradore ayant déjà mâté sa section « nationaliste
» lors de la guerre civile contre les islamistes au cours des années
quatre-vingt dix, cette dernière regarde évoluer le mouvement populaire
avant de relever la tête et de remettre en cause la trêve alors convenue.
L'Algérie a suffisamment de difficultés pour ne pas même songer à une
aventure militaire en Libye. Au Maroc, la section « nationaliste » de la
bourgeoisie nationale devrait probablement être le prochain maillon faible
de la chaîne impérialiste afin de repartager les prébendes du bradage du
phosphate dérobé en partie au Sahara occidental.
Le rôle de la petite bourgeoisie « progressiste »
Faute d’orientation et d’organisation révolutionnaires pour diriger ces
révoltes populaires, on peut compter sur les « bobos » pour désorienter
ces peuples, proposer des leurres, transformer un soulèvement populaire
potentiellement révolutionnaire en une lutte pour l’obtention d’un bulletin
de vote en faveur de « la démocratie des riches » si chère à Hillary
Clinton et à ces bourgeois bohêmes toujours prompts à vendre leur plume,
leur pensée, leur travail intellectuel aux plus offrants et à diffuser
vilenies, utopies, rumeurs, forfaitures et « solutions » bidon. (6)
L’effet de surprise passé, des « conspirationnistes » se sont récemment
remis à l’œuvre pour suggérer que tout ce mouvement de révolte spontané ne
serait qu’une machination impérialiste-sioniste visant à remplacer la
vieille garde prétorienne par une jeune garde modernisée. Les conflits de
générations expliqueraient les tribulations au sein de l’État- major des
larbins. Ces spéculations sont spécieuses. Les puissances impérialistes
aiment la stabilité politique et exigent la sécurité de leurs
investissements. Les révoltes populaires arabes les ont prises de court,
mais sitôt revenues de leur surprise les unités militaires d’invasion de
l’OTAN se sont mises en ordre de combat et les unités d’infiltration
anti-insurrection ont pris position.
Les éléments « conspirationnistes » font partie de ce florilège voué à la
liquidation des mouvements de révolte afin qu’ils ne deviennent jamais des
mouvements révolutionnaires. Les rumeurs de conspiration, de manigance et
de téléguidage des contestations ont fait leur apparition. (7) Ces «
révélations » visent à créer confusion et suspicion et à diviser les
peuples arabes. Chaque insurgé devrait maintenant se demander si celui qui
est à ses côtés n’est pas un agent étranger et un manipulateur au service
des impérialistes américains, israéliens, français ou britanniques, ces «
forces invincibles » qui dirigent et contestent l’ordre établi tout à la
fois. Plus de révolutions possibles puisque « Big Brother » sait tout et
dirige tout, même les révoltes qui visent à le renverser. Le «
conspirationnisme » est une tactique visant à désarmer idéologiquement les
peuples arabes et à saper la solidarité internationale en faveur des
insurgés. En effet, pourquoi les organisations de solidarité internationale
soutiendraient-elles la cinquième colonne de l’impérialisme infiltrée dans
ces mouvements de révolte prétendument téléguidés de l’étranger ?
Il existe pourtant une technique toute simple pour départager les agents
infiltrés dans les organisations d’insurgées des révolutionnaires
authentiques, c’est la ligne politique. À titre d’exemple, quiconque
soutient l’invasion militaire « humanitaire » de la Libye est un agent
conscient ou inconscient des impérialistes. Tel Bernard-Henri Levy qui
s’excite à Benghazi en appelant l’OTAN à son « devoir de bombardement
humanitaire » pour massacrer par les bombes à fragmentation les tribus de
Tripolitaine lesquelles jusqu'à présent gobaient les prébendes et la rente
pétrolière. L’OTAN souhaite, en effet, favoriser les clans royalistes et
les tribus de Cyrénaïque qui demandent à reprendre le contrôle de la rente
pétrolière libyenne. Mais l’OTAN n’a pas encore suffisamment infiltré ces
organisations pour être certaine de leurs orientations. Quoi qu’il en soit,
les révolutionnaires ne font jamais appel aux dieux de la peste
impérialiste et à la pseudo communauté internationale des riches pour mener
leur combat; ils ne comptent que sur leur propre force pour renverser les
tyrans. (8)
Le monde arabe souffre et pleure son humiliation non méritée. Il fut jadis
une très grande civilisation qui voudrait aujourd’hui renaître et marquer
le monde de son empreinte. Mais pour réussir cet exploit, il devra
s’organiser, trouver en son sein, au sein de sa classe ouvrière
révolutionnaire, les leaders, l’énergie et la direction politique capables
de mener à bien son destin. Le lot de la grande nation arabe, scindée en
une vingtaine d’entités nationales par les puissances coloniales, n’est pas
de rester à la remorque de l’histoire, sous le joug de rois et de sultans
dégénérés et de présidents tyrans qui la saignent à blanc.
Elle couve sous la cendre des trahisons récentes la flamme d’une deuxième
révolte arabe. Cette deuxième révolte sera plus terrible, plus radicale,
plus violente et plus sauvagement réprimée que la précédente, car ceux qui
ont été mystifiés par la trahison de clercs indignes auront appris de leur
déception et seront beaucoup plus difficiles à berner lors de leur retour
sur la scène de l’histoire.
_______________________________________________
(1) La révolution avortée. Robert Bibeau. 17.02.2011.
(2) La révolution égyptienne. L’armée va trancher. Robert Bibeau.
5.02.2011.
(3) Échec consommé des pourparlers directs. Robert Bibeau. 4.02.2011
(4) [Algérie, République Arabe Unie (Égypte), Liban. Irak, Syrie, Soudan,
Maroc, Mauritanie, Libye, Tunisie, Arabie Saoudite, Yémen. Djibouti,
Émirats Arabes Unis, Koweït, Qatar, Oman, Palestine (incluant Israël),
Bahreïn et la Jordanie->http://www.cairn.info/revue-population-2005-5-page-611.htm].
(5) Démographie galopante et développement économique
Démographie du monde arabe
(6) Monde arabe les raisons de la révolte.
(7)
http://www.presseurop.eu/fr/content/article/522941-la-revolution-qui-venait-de-serbie
(8) Le parricide. Robert Bibeau 3.03.2011.
http://www.vigile.net/Le-grand-dilemme-americain
LE MAILLON FAIBLE DE LA CHAÎNE IMPÉRIALISTE
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