La demande de libération d'Arthur Porter échoue

La Cour suprême du Panama maintient Porter en prison

La procédure d'extradition vers le Canada se poursuit

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De plus en plus louche !

L'ancien directeur du Centre universitaire de santé McGill Arthur Porter a été débouté par la Cour suprême du Panama et demeurera en prison en attendant la fin de la procédure d'extradition visant à la ramener à Montréal pour faire face à des accusations de fraude, corruption et blanchiment d'argent dans l'octroi des contrats de construction de ce gigantesque complexe hospitalier.

Arrêté et détenu au Panama depuis le 27 mai 2013, Porter a utilisé toutes les procédures judiciaires disponibles pour éviter l'extradition. Il a notamment allégué que son arrestation était illégale en raison de son prétendu statut de diplomate du Sierra Leone. Il a également soutenu que le traité signé entre le Canada et le Panama à ce sujet était caduc. Le tribunal a rejeté tous ces arguments et déclaré que son arrestation et son incarcération étaient parfaitement légales.

Dans une décision quasi unanime rendue le 13 octobre dernier, sept des huit juges de la Cour suprême affirment qu'il n'y a aucun fondement à sa demande de libération de la prison de La Joya à Panama où il est détenu. Le tribunal rejète ainsi la requête d'habeas corpus présentée par son avocat Ricardo Bilonick. Ce dernier a vainement tenté aussi d'obtenir une intervention de la Commission des droits de l'homme des Nations Unies.

Le médecin fugitif et sa femme Pamela Porter, qui est déjà détenu à Montréal, sont accusés d'abus de confiance, falsification de documents, fraudes dans l'octroi de contrats, de commissions secrètes, de blanchiment de revenus provenants de la criminalité et de conspiration.

Âgé de 57 ans, Arthur Porter a été nommé directeur général du futur centre hospitalier (CUSM) en 2004, avec l'appui de l'ancien sénateur conservateur David Angus, alors président du conseil d'administration de l'institution. Sa nomination avait par la suite été avalisée par son ami Philippe Couillard, à l'époque ministre de la Santé du gouvernement Charest.

Le choix de Porter avait étonné le milieu de la santé de Détroit, où il travaillait avant d'être recruté par McGill, parce qu'il avait au cours des années précédentes plongé le Détroit Medical Centre dans un gouffre financier. Il s'était d'ailleurs placé lui-même dans un grave conflit d'intérêts. Curieusement, personne à Québec ne semble avoir entendu parler des démêlés de Porter avec son ancien employeur en dépit du fait que la revue l'Actualité médicale et Le Devoir avaient publiés des articles faisant état de sa gestion calamiteuse aux États-Unis.

Une fois aux commandes du CUSM Porter a continué d’avoir de bonnes relations avec Philippe Couillard si bien qu’en 2005, celui-ci l’a nommé président du Réseau universitaire intégré de santé (RUIS). Le directeur du CUSM entretenait aussi de liens avec les autorités fédérales à Ottawa grâce à ses bonnes relations avec le sénateur conservateur David Angus, important collecteur de fonds du parti de Stephen Harper. Cela explique probablement la nomination de Porter, la même année, au Comité de surveillance des activités de renseignements de sécurité (CSARS) l’organisme fédéral qui surveille les espions canadiens.

Les deux médecins ont continué de se fréquenter même après le démission de M. Couillard du cabinet et son retrait de la politique en juin 2008. Lorsque Porter sera promu président du CSARS cinq ans plus tard, il n’oubliera pas l’ami Philippe qui deviendra à son tour membre de ce groupe très restreint.

Un an plus tard, en mai 2009, Philippe Couillard est nommé au CA de la Société minière Canadian Royalties et coup du hasard, Porter l’est également. En juin 2010, Philippe Couillard est nommé membre du Conseil privé par Stephen Harper comme son ami Porter l’avait été avant lui.

Finalement, le 22 juin 2010, Philippe Couillard et Arthur Porter fondent le cabinet conseil Porter, Couillard et Associés, une entreprise qu’ils n’auront pas le temps d’exploiter. Les révélations des médias sur les liens de Porter avec l’obscur trafiquant d’armes Ari-Ben Menashe le force à démissionner de la présidence du CSARS en novembre 2011. Un an plus tard, le 1er octobre, c’était au tour de M. Couillard de quitter ce comité pour retourner à la politique. Les deux partenaires ont donc décidé, le 4 octobre suivant, de dissoudre Porter, Couillard et Associés.

Ni M. Harper ni M. Couillard n'ont jamais expliqué comment Arthur Porter était passé entre les mailles des filets, tant à Ottawa qu’à Québec, avant de s’enfuir dans son paradis fiscal antillais.

Il appartient maintenant au gouvernement du Panama de décider si les raisons invoquées par le ministère de la Justice du Canada et l'UPAC pour demander l'extradition d'Arthur Porter répondent aux exigences de la loi panaméenne.

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Gilles Paquin32 articles

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Ancien directeur de la section politique au quotidien La Presse. Journaliste pendant 35 ans, il a aussi travaillé à la radio et à la télé de Radio-Canada ainsi qu'aux quotidiens Le Droit à Ottawa et au Montréal-Matin. Il a été correspondant et envoyé spécial dans de nombreux pays en Europe, en Afrique, en Amérique latine et en Asie.





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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    27 décembre 2014

    Il en est arrivé des choses cette année mais celle qui demeure pour moi le plus grand mystère; c'est qu'attendent les journalistes, les députés d'opposition, Couillard et Harper, pourtant si prompt à vouloir remplir nos prisons pour exiger qu'on rapatrie au plus vite Arthur Porter afin qu'il témoigne de ces innombrables escroqueries d'homme cravaté. L'UPAC, que fait-elle à part faire des perquisitions sans conséquences?

  • Archives de Vigile Répondre

    20 décembre 2014

    Sur le site de Radio-Canada, l'affaire a été vite classée il y a deux jours. Le public n'a pas eu le droit de s'exprimer car la section "Commentaire" n'a pas été ouverte; le désactivateur anonyme de Radio-Canada n'aurait pas suffi à la tâche.
    Dans l'article, le nom d'Arthur Porter n'a pas été prononcé une seule fois encore moins la raison de son absence volontaire au Canada.
    Mon petit doigt me dit qu'en privé, Philippe Couillard et Stephen Harper doivent traiter l'affaire très au sérieux en élaborant toutes les machinations envisageables pour faire en sorte que jamais Arthur Porter ne vienne témoigner de toutes les influences gouvernementales provinciales et fédérales qui lui ont valu les graves accusations qui pèsent contre lui dans ce qu'on nomme le scandale économique du siècle au Canada qui reste cacher sous le tapis pour ne pas écorcher l'unité canadienne qui passe au dessus de toutes les lois, comme vous le savez tous.
    http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2014/12/18/005-accusation-porter-pamela-coupable.shtml

  • Archives de Vigile Répondre

    18 décembre 2014

    Encore faut il qu,il y aie une demande de la part du gouvernement Québécois et canadien.J'imagine que ni l'un ni l'autre na le désir de rapatrier Porter puisqu'il a dit que s'il était rapatrié ,il ne coulerait pas seul.
    On peut comprendre que rien ne bouge.