La colonne vertébrale de Johnny

Tribune libre 2008

Je voudrais, amis lecteurs de Vigile, vous parler du cas d’une personne que je connais. Une personne qui je crois, nous fournit un exemple du genre de syndrome, ou complexe, qui disparaîtrait peu à peu de chez nous, si notre nation avait son propre pays, un jour.
Il ne s’agit pas d’un cas fictif, non, mais bien réel ; je vais m’efforcer de bien vous le décrire, tout en prenant soin en respecter la vie privée de tout individu concerné. L’internet est une ressource puissante, et mon but n’est pas du tout, de briser une (ou des) vie(s)...
Il être conscient de l’étendue potentielle des dégâts que peut causer chez nous, Québécois, la machine à lavage de cerveau canadian. Tout comme il faut avoir le courage - même si c’est difficile- de regarder en face le genre d’avenir que le Rest of Canada voudrait nous réserver (si nous les laissons faire)...
Vous voyez, je fréquente une organisation, de façon hebdomadaire, où je côtoie entre autres un monsieur q né au Québec, mais qui a vécu quelques années en Ontario, pour ensuite revenir habiter en notre Belle Province, il y a de cela , déjà, plusieurs années. Appelons-le -aux fins de ce texte et avec discrétion- Jean, tout simplement.
Notre ami Jean est né ici, de parents francophones, et tout ce qu’il y a de plus « pure laine ». Ces derniers l’ont baptisé d’un nom français assez courant, et bien de nous.
Seulement, voici : Jean est aujourd’hui un jeune retraité, qui insiste pour se faire appeller par tous ceux qui le côtoient, partout... JOHN ! John par ci ; John par là ; et cela va au point où si l’un d’entre nous l’appelle par le véritable prénom que la femme qui lui a donné le jour a choisi pour son fils, alors il nous corrige. Eh oui, avec un bien large sourire, tout gentiment, il nous dit... « c’est John ».
En fait, une fois où je m’étais adressé à cet affable personnage, par le nom qui figure sur son extrait de naissance, il m’a doucement pris à part. Et il m’a expliqué, qu’il était bel et bien né au Québec ; avait été élevé ici (en français) ; enfin, qu’il avait débuté dans son métier en sol québécois, mais qu’il y a de cela déjà de nombreuses années, il avait fait le choix d’aller travailler en Ontario.
Poursuivant sa petite histoire, le fier « John » m’expliqua qu’à l’époque où il exerçait son métier, au pays des pêches, son employeur et ses collègues, ne voulant point s’infliger le supplice de l’effort de prononciation étrangère qu’aurait impliqué le nom Jean, l’ont en quelque sorte rebaptisé « John ». Chose à laquelle le principal intéressé ne s’est pas opposé.
*Je suppose qu’à rome on fait comme les romains. Mais quand même !
Sur ce, voulant lui faire une suggestion, je lui ai poliment rappelé l’évidence, à savoir le fait qu’il était maintenant de retour chez nous, au Québec (et à Québec, notre capitale, de surcroît !). Que peut-être, était-il temps qu’il utilise à nouveau son nom. C’est-à-dire, pas son « vrai nom » (sic), mais bel et bien le seul nom qui fut le sien, en réalité.
Cependant, non, rien n’y fît : notre compère, toujours avec son large sourire et sa voix bien suave, m’expliqua qu’il vavait accepté de se faire ainsi nommer (ou renommer, si j’ose dire). Et qu’il n’était aujourd’hui à l’aise qu’avec... « JOHN » !!!
Sincèrement, je commençais à être quelque peu agacé ; je me suis dit intérieurement : « Mon Dieu ! Ce pauvre gars-là est l’incarnation du rêve d’un Justin Trudeau ! »
Vous comprendrez, amis souverainistes, que nous sommes en présence d’un cas patent de ce que la machine franglaise et « bilingual » peut nous faire ! J’ai fortement l’impression que le pauvre bougre ne peut plus voir son visage dans un miroir, sans penser « John », spontanément !
Là, on ne parle plus seulement de transformer le français de l’un de nos concitoyens québécois, en un mélange de franglais, et d’anglais de qualité passable (parlez-en à Jean Chrétien !). On ne parle plus uniquement, non plus, d’en faire un bon citoyen canadien qui ne fait pas de vagues ; pas fédéraliste, mais post-fédéraliste, pour ainsi dire ; comme ayant oublié l’idée même que notre nation mériterait d’avoir son propre pays...
Cher amis, on parle d’altération de la conception de son identité d’une personne, carrément !
Enfin, pour terminer cette histoire, disons que ressentant une certaine forme de compassion pour Jean-John-Johnny (enfin, peu importe), je lui ai dit ; « bon, si c’est ce que tu préfères... » Après tout, s’il voulait maintenant vivre en étant son propre bourreau, il avait le droit de le faire, en toute liberté.
Je dois admettre que si j’ai ressenti une forme de compassion à l’égard de l’ultra-colonisé John, en revanche j’aurais envie, parfois, de l’apostropher. De lui lancer quelque chose dans un registre du genre... « Heille, le cave ! Les Ontariens qui t’appelaient John, ils ne sont pas ici ! Tu n’es plus là-bas ! Arrête d’exiger de tout le monde, ici (notre association) qu’on t’appelle comme ça ! Surtout, que nous savons bien, que ce n’est pas ton nom ! Tu nous écoeure, à la longue ! Est-ce que c’est assez clair pour toi ??? »
Je crois que bien qu’il soit une sorte de victime d’un lavage de cerveau (et d’une certaine forme d’humiliation calculée), notre John national, il aurait besoin de se faire botter le derrière.Oui, si ça peut être le remède qui lui permettra de se resaisir.
On devrait peut-être lui suggérer, de se comporter comme s’il avait une colonne vertébrale ! Ou de s’en faire pousser une !
Jean-François
Québec


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