La chimère de Québec solidaire

La liberté de conscience de l’autre serait aussi fondatrice de la modernité: des phrases creuses pour justifier leur position idéologique.

Tribune libre

Avec un titre aussi percutant [« Pour un débat large, ouvert et démocratique->25175] », on se serait attendu à un contenu moins didactique et un questionnement plus présent. Au lieu de cela, Françoise David et Amir Khadir reprennent leur argumentation sur la question des accommodements raisonnables dans une société laïque.
C’est « leur attachement aux libertés fondamentales, y compris la liberté de conscience religieuse » qui dicte leur position quant l’acceptation de signes religieux chez les agents de l’État. Dans ce texte touffu, une petite phrase vient confirmer mes pires craintes : « Pour nous, il importe de faire la lutte aux obligations vestimentaires et comportementales religieuses sur le terrain des idées ».
Et le terrain pratique, qu’est-ce que vous en faites ? Cette petite phrase me rappelle ces intellectuels de gauche en France qui cautionnaient le communisme stalinien car celui était porteur de l’idée d’un communisme ouvrier et universel. À l’épreuve de la réalité, ces mêmes intellectuels (Sartre, Gide, De Beauvoir) finirent par dénoncer le stalinisme mais le mal était déjà fait. Je donne ici un exemple d’un aveuglement intellectuel comme Québec solidaire nous mentionne opportunément que c’est Maurice Duplessis qui a fait placer un crucifix au-dessus de la tête du président de l’Assemblée nationale. Sur ce point, Québec solidaire demande son déplacement. Rappelons que ce signe religieux n’a pas empêché l’Assemblée nationale de « déconfessionnaliser » les Commissions scolaires en 1997.
Mais revenons à nos moutons. Lorsque les idées s’écartent trop de la réalité, nos intellectuels de Québec solidaire reprennent les mêmes raccourcis pour justifier leur position. Ils s’emparent des concepts aussi importants que laïcité et modernité pour les tordre à leur sauce multiculturelle. La liberté de conscience de l’autre serait aussi fondatrice de la modernité: des phrases creuses pour justifier leur position idéologique.
Dans ce texte publié dans Le Devoir, on ne mentionne jamais le principe de réciprocité des immigrants envers la société qui les accueille. Au contraire, cette société est toujours suspecte de relents racistes, peut-être même contaminée par l’intolérance. Nul n’est contre la vertu, madame et monsieur et la vertu se retrouve toujours dans la proclamation d’idées générales et généreuses comme « la défense des droits de toutes les femmes » ou « la laïcité est inclusive ». Mais au-delà de ces belles déclarations, un fait indéniable nous interpelle.
L’identité québécoise m’apparaît problématique et la défense de cette identité est une tâche encore plus importante que la supposée sauvegarde de la conscience religieuse individuelle que prétend protéger Québec solidaire et cela dans la réalité quotidienne.


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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    19 janvier 2010

    @ M. Haché
    Mouche !

  • Marcel Haché Répondre

    19 janvier 2010

    La fameuse discrimination suggérée par Françoise, au «fait » que les femmes musulmanes, voilées, seraient discriminées sur le marché de l’emploi, ne tient pas la route. N’y a pas de route par là. Françoise est dans le champ. Ma très humble expérience. S’agit là, plutôt, d’un vieux discours marxiste, démagogique, stationné en bordure de route.
    Que madame Françoise se promène un peu, l’été, à Montréal-Nord, elle verrait de très jeunes et jolies femmes, très modernes, pas victimes du tout, mais voilées. Le voile est un étendard. Et pas seulement un étendard religieux.
    Beaucoup de jeunes québécois, récemment diplômés, de jeunes québécois de souche, des Tremblay, pourraient nous expliquer qu’ils sont souvent dans l’obligation de faire des entrevues en anglais, dans leurs recherches d’emploi à Montréal. Mais Q.S. ne montera pas aux barricades pour eux. Ils font partie de la majorité suspectée de xénophobie par Françoise et Amir.
    Ce qui intéresse Françoise, ce sont les victimes. C’est une solidaire. Et les femmes voilées, pour une féministe comme elle, sont des victimes-étandard.
    Françoise peut faire les pirouettes qu’elle veut. En solo comme en duo. Q.S. est multiculturaliste et a peur de Nous. C’est ça le fond de l’affaire.
    Gérard Bouchard et Françoise David : même combat.

  • Archives de Vigile Répondre

    18 janvier 2010

    Ce que j'ai trouvé de plus frappant dans cette émission de Bazzo, ce sont les commentaires des journalistes qui confirment encore plus qu'ils n'ont plus accès à ce qui se passe "en haut". Ils ne sont plus les "intermédiaires" qu'ils étaient avant. Ils se contentent de commenter comme le font les citoyens ordinaires. Ils ne rapportent rien de ce qui se trame dans la machine du gouvernement, n'expliquent rien, ne cherchent plus rien. Qui fait quoi.
    En plus, ils ont une ancienne ministre devant eux ! Aucune question.
    Et ils se questionnent sur le décrochage des citoyens ! Ce que Harel semble pointer comme la cause de la débandade de la démocratie !
    Pour elle et Robitaille, le problème c'est le peuple. Une thérapie est nécessaire. Pour Marissal, un peuple si docile est merveilleux.
    Ils ne parlent que de ce qui se passe en bas. Rien de ce qui se passe dans les coulisses en haut.
    Des émissions pareilles c'est du potinage et de la plug.

  • Archives de Vigile Répondre

    18 janvier 2010

    Québec SoSo c'est juste 4%. Ils sont très idéologiques. Inutile d'essayer de dialoguer avec quelqu'un qui a toujours Das Kapital comme livre de chevet...
    Le problème c,est le PQ-à-marde et le Bloc. L'instrument de libération nationale qui s'est complètement écrasé dans les années 90 et qui n'arrive pas à se relever. Allez écouter Louise Harel. Elle était à Bazzo TV. C'est édifiant.
    http://bazzotv.telequebec.tv/rubrique.aspx?id=12
    (dans le blogue du panel, à noter Marissal qui trouve encore le moyen de faire chier)
    Elle se prononce en faveur de l'interculturalisme!!!!!!!!!!
    Elle vient de se faire battre par le vote anglo-ethnique. On a préféré un maire corrompu à une maudite séparatissss. On s'est moqué de son anglais alors que le maire d'Ottawa ne parle pas français, 40 ans après le bilinguisme officiel. Ben la madame n'en a pas eu assez. Elle en redemande. Elle n'a pas été assez humiliée!!
    Pour moi, Louise Harel c'est l'ennemi. Pas Ottawa. Pas les Anglais. Pas les immigrants. Pas Québec SoSo. L'aile du PQ qui a laissé tomber le nationalisme dans les années 90 nous laissant orphelins.

  • Archives de Vigile Répondre

    18 janvier 2010

    On se demande si c'est de l'ignorance ou de la malhonnêteté intellectuelle.
    Québec Solidaire évite, ommet ou simplement ignore l'histoire de l'évolution démocratique au Québec qui est l'héritage du mouvement politico-culturel occidental depuis l'ancienne Grèce, par la révolution chrétienne puis catholique (universelle) qui a établi l'égalité entre les hommes (les premiers droits fondamentaux), l'Église étant la première forme d'un État (opposé à la monarchie, l'aristocratie, la dictature), puis enfin la lente sortie de cet État de la religion (laïcité) depuis les lumières à aujourd'hui (de concert avec l'Église qui a aboli le voile!). Voilà ce que représente le crucifix à l'Assemblée Nationale. La mémoire de l'histoire de cette société démocratique (modernité).
    Québec Solidaire a plutôt choisi de nous présenter l'histoire du voile !
    Québec Solidaire se déclare ensuite contre "les attaques aux droits et aux libertés des femmes, toutes les façons de leur dicter leur conduite, que cela vienne des pouvoirs religieux ou politiques". On se demande bien quand QS a observé ces attaques aux droits et aux choix des femmes par l'État québécois depuis sa sortie du religieux ! Tandis que pour ce qui est des pouvoirs religieux qui imposent le voile, Québec Solidaire contredit ici sa défense de la liberté et conscience religieuse ! Si une femme choisi de se faire dicter sa conduite et réduire ses droits et libertés en se conformant à un pouvoir religieux, c'est sa LIBERTÉ DE CHOIX. Comment QS peut-il se déclarer CONTRE ? En plus que QS déclare aussi que l'État doit être NEUTRE en la matière !
    Cette contradiction fondamentale, QS voudrait la transférer sur la laïcité de l'État afin qu'elle lui donne raison.
    C'est pourquoi QS souhaite redéfinir le sens de la laïcité (avec une autre commission à la Bouchard-Taylor) en prétendant qu'il y a un buffet de saveurs de laïcité et qu'en fait c'est un peu ce qu'on veut que ce soit, selon sa liberté de choix. Suffit d'un concensus puis le mot change de définition. Les mots auront le sens qu'on aura "démocratiquement" choisis qu'ils auront. C'est la "modernité" signée QS.
    La laïcité est la séparation des POUVOIRS de l'État et des états religieux. Point. Pas de saveurs à la fraise ou aux bananes. La laïcité n'est donc pas une neutralité de l'État face aux institutions religieuses, au contraire il doit SE défendre contre leurs pouvoirs. Il ne doit donc reconnaître aucun pouvoir religieux. L'État ne devrait pas recevoir des institutions religieuses ni les financer en quelques façons que ce soit. La neutralité de l'État est strictement envers la liberté de conscience des CITOYENS.
    La liberté de conscience religieuse est un affaire personnelle et n'a rien à voir avec une institution. Un employé de l'État a liberté de conscience religieuse mais en devoir doit refléter la laïcité de l'État et sa neutralité envers les consciences des citoyens (démocratie). Un employé qui porte un signe d'une religion particulière exprime sa non conformité à cette neutralité.
    Autre contradiction de QS est cette prétention d'être héritière de la laïcité à saveur Jaures plutôt que Combes lorsque dans les faits QS supporte le fameux cours ECR qui est une instrumentalisation de l’État et du principe de laïcité pour mener un combat sur le terrain des croyances (intrusion dans la liberté de conscience).
    Les femmes qui se convertissent à une religion institutionalisée usent de leurs droits et libertés pour faire un choix. Ce n'est pas à l'État de modifier sa laïcité dans le but de compenser les lois régressives imposées par l'institution qu'a choisie cette personne.
    Il y a un élément fondamental en société démocratique que QS semble ignorer ou vouloir ignorer, c'est la responsabilité citoyenne. Oui, nous avons des droits et des libertés, mais ils viennent avec la responsabilité de ses choix.