Conteneurs en feu, charges policières : le centre de Barcelone a vécu des scènes de guérilla urbaine mardi soir au deuxième jour des manifestations contre la condamnation des dirigeants indépendantistes pour leur rôle dans la tentative de sécession de 2017.
Après le blocage de l’aéroport de Barcelone lundi par des milliers de manifestants, la tension est montée d’un cran dans la région.
Le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez a dénoncé dans un communiqué la « violence généralisée » dans les manifestations ayant eu lieu à Barcelone et dans d’autres villes comme Tarragone, Gérone ou Lérida.
« Une minorité veut imposer la violence dans les rues des villes catalanes […] Il est évident que nous ne sommes pas face à un mouvement citoyen pacifique, mais coordonné par des groupes qui utilisent la violence dans la rue pour rompre la coexistence en Catalogne », a ajouté le gouvernement en promettant de « garantir la sécurité » avec « fermeté ».
En fin de soirée, l’avenue du Paseo de Gracia à Barcelone, où la circulation était interdite, était jonchée de conteneurs en feu. Des barricades étaient érigées dans des rues alentour, tandis que des policiers poursuivaient des manifestants leur ayant lancé bouteilles ou objets incendiaires.
Selon des images diffusées par la télévision régionale, des heurts ont également eu lieu à Gérone, Tarragone ou Lérida où, comme à Barcelone, les associations indépendantistes avaient appelé à manifester devant les bâtiments gouvernementaux.
À Barcelone, 40 000 personnes ont participé à la manifestation avant que les heurts n’opposent quelques centaines de militants aux forces de l’ordre qui ont chargé.
La police catalane a indiqué avoir arrêté quatre personnes dont trois à Barcelone.
Selon les services d’urgence, 74 personnes ont dû être prises en charge médicalement mardi dans l’ensemble de la région.
Inspiration hongkongaise
Avant ces manifestations, des militants indépendantistes avaient coupé des routes dans la région, dont l’autoroute reliant Barcelone à la France, et des voies ferrées, selon le ministère espagnol des Transports.
Lundi, quelques heures après l’annonce de la condamnation des leaders indépendantistes par la Cour suprême, des milliers de militants ont fait le blocus de l’aéroport de Barcelone à l’appel de la mystérieuse organisation Tsunami démocratique.
Voulant imiter les manifestants pour la démocratie à Hong Kong, les indépendantistes venus en voiture, en transports en commun ou à pied — 10 000, selon le ministère de l’Intérieur — ont bloqué jusque tard dans la nuit les accès de l’aéroport et ont affronté parfois violemment la police qui a chargé à plusieurs reprises pour les repousser.
Le slogan circule sur les réseaux sociaux : « Faisons de la Catalogne un nouveau Hong Kong. »
Plus de 100 vols ont été annulés lundi et des centaines de passagers ont dû passer la nuit à l’aéroport, selon son gestionnaire. Quelque 45 vols ont encore été annulés mardi matin.
Les services de secours ont annoncé que 131 personnes avaient dû être prises en charge lundi, dont 115 à l’aéroport. Un manifestant a été grièvement blessé à l’oeil, selon une source hospitalière.
Des marches de protestation sont prévues au moins jusqu’à vendredi, jour de « grève générale » et de manifestation de masse à Barcelone, convoquée par les grandes organisations indépendantistes, Assemblée nationale catalane (ANC) et Omnium cultural.
Le mouvement fait suite aux lourdes peines de prison infligées lundi à une dizaine de leaders indépendantistes catalans, pour avoir organisé le 1er octobre 2017 un référendum sur l’indépendance de la Catalogne.
Dans la foulée de la décision, le parquet a lancé un nouveau mandat d’arrêt, fondé sur les mêmes chefs d’accusation, contre l’ancien président régional Carles Puigdemont, réfugié en Belgique pour échapper aux poursuites.