Mercredi 25 février 2009
J'ai mal à ma Caisse...
C'est confirmé. LA nouvelle de la journée. Sûrement LE thème dominant de la prochaine session parlementaire.
Et certainement LA raison pour laquelle Jean Charest a déclenché une élection AVANT que ces chiffres ne soient rendus publics. On comprend que si son gouvernement était demeuré minoritaire, il serait probablement tombé d'ici quelques semaines. Et il serait tombé en position extrêmement vulnérable.
Donc, la Caisse de dépôt et placement confirme une perte de plus de 25 % en 2008. C'est 39,8 milliards de dollars. Et son pire score depuis sa création en 1965.
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Economie-Affaires/2009/02/25/003-cdpq-perte-mercredi.shtml
Il y aura donc une commission parlementaire pour tenter de savoir ce qui a bien pu se passer! Mais il reste aux trois partis de s'entendre sur son fonctionnement...
L'inquiétude ici est que la partisanerie finisse par prendre le dessus. Qu'elle vienne d'un, deux ou des trois, le résultat serait désastreux si les trois chefs ne réussissaient pas ensemble à s'élever au-dessus de la partisanerie pour faire le MÉNAGE qui s'impose à la Caisse aux niveaux de sa gouvernance, de son manque de transparence, de son système de boni, du mode partisan de nomination de son PDG, sa propension troublante à avoir autant «investi» /sic/ de notre argent à l'étranger, et ce, à des coûts nettement supérieurs que si ces investissements avaient été faits ici au Québec. Un peu plus, et on aurait appris que la Caisse jouait aussi dans les machines à sous de Las Vegas...
Il importera aussi - mais, là-dessus, j'ai peu d'espoir -, que l'on identifie les responsables. Qu'ils aient été à la Caisse, ou du côté du gouvernement. Mais constatant la tendance de plus en plus accentuée au Québec, du moins chez ses «décideurs», de ne plus identifier, ni imposer de sanctions à ceux qui sont responsables de certains des grands fiasco financiers des dernières années (et je ne pense pas seulement à l'Ilot Voyageur...), je ne retiendrai pas mon souffle.
Surtout, le débat sur la MISSION de la Caisse est maintenant un incontournable. Sur ce sujet, l'article suivant, paru dans Le Devoir de ce matin, identifie des pistes intéressantes. Il pose aussi LA bonne question : «bas de laine ou levier de développement?».
La réponse étant évidemment qu'elle doit être les deux, mais que son rôle doit en effet «marquer profondément la structure et la dynamique de notre activité économique» (...) «Ce qui démontre d'ailleurs que la tentative en 2004 de «neutraliser» l'impact politique de la Caisse était un leurre. Cantonner la Caisse dans un mandat de rendement financier signifiait d'orienter son activité vers le développement d'une sphère financière de plus en plus spéculative, à court terme et vorace de rendements, sans égard à son impact sur l'économie réelle.» (...) «La Caisse, dès son origine, a été conçue pour être plus qu'un «bas de laine». Elle est un outil d'intervention et de souveraineté économique.» (...) «Nous devons à nouveau faire face à des défis économiques cruciaux pour notre avenir.» (...) «Plusieurs analystes plaident pour un plan de sortie de crise qui réorienterait significativement le développement de nos économies vers un modèle plus écologique, moins dépendant des marchés internationaux et plus solidaire. La Caisse, tant le poids de son actif que l'imagination et la créativité de ses travailleurs, pourrait être mise au service de ce projet de sortie de crise. Et, je suis certain que de miser sur le développement de notre souveraineté économique rapportera à long terme les rendements nécessaires au maintien de la croissance responsable et réaliste de nos épargnes collectives.»
Pour l'article complet, voir: http://www.ledevoir.com/2009/02/25/235835.html
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Mardi 24 février 2009
Obama et la Caisse de dépôt
Bon. D'accord.
Je sais bien que ce soir, devant le Congrès, Barack Obama ne parlait ni de la Caisse de dépôt et de placement, ni du laissez-faire du gouvernement québécois dans ce dossier, lorsqu'il a dit:
«Short term gains were prized over long term prosperity».
(Des gains à court terme ont été préférés à une prospérité à plus long terme.)
Je sais bien qu'il faisait référence à la crise financière et économique des États-Unis. Et à la «culture» de l'avidité qui l'a créée.
Mais je n'ai pu m'empêcher d'entendre aussi dans cette phrase ce qui, dans les faits, résumerait tout aussi bien ce qui a provoqué les pertes que la Caisse de dépôt annoncera ce mercredi.
Eh oui. Des gains à court terme - et j'ajouterais même l'ILLUSION de gains à court terme -, au nom desquels la prospérité des générations à venir fut sacrifiée en partie.
Et des gains à court terme ordonnés par un gouvernement qui a modifié le mandat même de la Caisse pour marginaliser son rôle dans l'économie québécoise au «profit» de profits rapides.
Comme une course pour couvrir les pensions des Boomers. Quitte à prendre des risques de manière imprudente. Et quitte pour ce faire à ne pas investir suffisamment dans une économie apte à profiter aux générations suivantes. En passant: ce que Mario Dumont tentait de dire depuis des mois...
Mais oups! Résultat: nous n'aurons ni l'un, ni l'autre. Bien des Boomers à un cheveux de leur pension en paieront la note. Tout comme les prochaines générations la paieront avec une économie moins bien soutenue par les deniers des Québécois...
En effet. Des gains à court terme - ou plutôt, leur illusion -, ont été préférés à une prospérité à plus long terme.
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