Pauline Marois ne veut pas faire la souveraineté en bloc. Elle veut certaines parties de la souveraineté qui, éventuellement, additionnées ensemble, formeront plus tard la souveraineté complète. Elle passe de l'unique approche du tout ou du rien à l'approche du toujours plus. Elle veut rompre avec l'immobilisme et l'attentisme pour résolument se camper dans le mobilisme et le non-attentisme. Des mots nouveaux, des euphémismes à la tonne, pour dire que le PQ paulinien n'est pas indépendantiste. Il est confédéraliste. Il est «allairiste», et même en moins. Avec les mots d'aujourd'hui, il est redevenu lévesquiste, souverainiste et associationniste, en d'autres mots, il est devenu ce qu'il était à l'origine: confédérationaliste.
Le PQ de Pauline reprend «l'étapisme» qui a mené au référendum de 1980, cherchant, par voie électorale, à obtenir un mandat pour négocier, à la pièce, plus de pouvoirs pour le Québec en matière d'immigration, de culture, d'environnement, de main-d'oeuvre et d'agriculture, etc. Le PQ souhaite même une déclaration unique de revenus. Toutes choses que l'on peut retrouver dans le défunt rapport Allaire, qui avait l'avantage d'être plus précis que le décor flou et imprécis du chef péquiste confédéraliste. À défaut de se battre pour l'indépendance du Québec, Pauline veut reprendre le pouvoir à Québec, en misant uniquement sur le nationalisme arc-en-ciel du PQ-allairiste-confédéraliste.
Il n'y a donc rien de nouveau sous le soleil. Le futur programme du PQ n'est qu'un plat réchauffé, mille fois apprêté et présenté d'une autre façon, avec une diarrhée de mots qui doivent faire sourire Mario Dumont sur son plateau du Canal V. Quant à Jacques Parizeau, le «pur et dur» de l'indépendance, et Bernard Landry, le nouveau converti à l'indépendance nationale, ils sont évidemment en désaccord avec la dame de l'Île-Bizard.
Pauline Marois triche et ment aux indépendantistes en leur faisant accroire qu'elle peut réaliser leur rêve par étapes, comme le croyait René Lévesque. L'expression «la souveraineté étapiste» est une énorme fumisterie et une contradiction dans les termes. L'indépendance ne se fait pas à... petits pas, pièce par pièce.
L'indépendance, c'est d'abord une brisure. Une cassure. Une rupture. Elle se fait ou elle ne se fait pas. On ne peut essayer de la faire par la porte arrière. On s'y met ou on ne s'y met pas. Tout le reste n'est que stratégie orchestrée autour d'un fantasme délétère.
Les péquistes confédéralistes de Pauline semblent être passés maîtres dans l'art de jouer avec les nerfs des gens en s'emmitouflant avec des mots dénaturés, des déclarations circulaires. Les péquistes modifient le vocabulaire, mais le but est toujours le même: atteindre le pouvoir, s'époumoner en disant qu'ils feront mieux, mais, somme toute, au terme, ne font ni mieux ni moins bien que leurs prédécesseurs. Pierre Bourgault disait que le PQ était là, non pas pour faire mieux, mais pour faire autrement. C'est la troisième fois que les péquistes espèrent faire mieux tout en ne faisant pas autrement.
Incapable de «faire autrement», le PQ paulinien ne fait que recommencer l'histoire. En 1976, René Lévesque, après avoir prêché pendant huit ans que les Québécois ne pouvaient pas avoir un «bon gouvernement» dans la fédération canadienne - qu'il appelait une maison de fous -, modifia son discours et prit les commandes de l'État avec le slogan inverse. «Faisons d'abord la preuve qu'on peut être un bon gouvernement et plus tard, on fera l'indépendance.» En plus de la cage à homards de Parizeau, en 1995, les Québécois auraient-ils droit, dans un proche avenir, à la cage à hamsters de Pauline? Jean Charest trouve que le fruit constitutionnel n'est pas mûr. Pauline Marois offre le carrousel qui crée l'illusion d'avancer. Dans les deux cas, on fait du surplace!
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