Le projet de fusion entre les Bourses de Toronto (ci-dessus) et de Londres pourrait être annoncé dès aujourd’hui. Plusieurs gros actionnaires de la Bourse de Londres l’auraient déjà approuvé, selon le Financial Times.
Photo : Agence Reuters Mark Blinch
François Desjardins - Après que le bruit s'est mis à courir des deux côtés de l'Atlantique, la Bourse de Toronto a confirmé hier en soirée qu'elle discute avec la Bourse de Londres au sujet d'une fusion.
Il y a seulement trois ans que la Bourse de Toronto a reçu le feu vert pour mettre la main sur celle de Montréal, une transaction de 1,3 milliard qui a déclenché un important débat sur la présence montréalaise dans le monde financier et donné naissance au Groupe TMX.
La nouvelle a d'abord été éventée par le Financial Times et le Globe and Mail, en évitant toutefois de révéler leurs sources. Selon le Globe and Mail, la transaction pourrait être annoncée dès aujourd'hui et serait présentée comme une fusion d'égal à égal, une allégation qui sera vite soumise au test consistant à compter le nombre d'administrateurs au conseil et la part de chacune des parties dans l'actionnariat de la nouvelle compagnie combinée.
Il faudra aussi que la Bourse de Londres et les deux Bourses canadiennes, advenant la signature d'une entente, obtiennent le feu vert de Québec et du gouvernement ontarien. Lors de la transaction de 2008, les termes stipulaient notamment que l'Autorité des marchés financiers (AMF) et la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario détiendraient un droit de veto sur toute forme de transfert de propriété.
«Le Groupe TMX confirme qu'il est en discussion avec la Bourse de Londres concernant une fusion d'égal à égal afin de créer un chef de file international», a affirmé le Groupe TMX dans un communiqué laconique transmis par sa porte-parole, Carolyn Quick. «La nouvelle entité aura des sièges sociaux à Londres et à Toronto et continuerait d'être encadrée par les autorités réglementaires existantes.»
Mme Quick agit aussi comme porte-parole de la Bourse de Montréal, spécialisée dans les produits dérivés comme les options et les contrats à terme. Il n'y aura pas d'autres commentaires pour l'instant.
En 2008, l'AMF avait décrété comme condition que «le Groupe TMX ne pourra cesser d'être actionnaire de contrôle (plus de 50 %) de la Bourse de Montréal sans l'autorisation de l'AMF». À l'époque, on avait déduit que cette condition, cependant, ne pourrait pas empêcher la direction torontoise de revendre Montréal sous forme de saucisson tranché.
De plus, la direction torontoise s'était engagée à maintenir à Montréal toutes les activités liées aux produits dérivés, dont s'occupe exclusivement Montréal depuis 1999 et qui sont des instruments complexes utilisés par les grands établissements financiers. La transaction avait eu lieu dans un contexte où la Bourse de Toronto, elle aussi, comptait se lancer dans les produits dérivés, ce qui aurait représenté une menace à Montréal.
Assurer son avenir
La Bourse de Londres, déjà un partenaire de la Bourse de Toronto, procéderait à cette acquisition dans le but d'assurer son avenir. Au cours des dernières années, la mondialisation des échanges a fait en sorte que de multiples places boursières ont cru bon d'unir leurs destinées. Par exemple, la Bourse de Singapour tente actuellement d'avaler la Bourse australienne ASX avec une offre de près de 8 milliards, ce qui la hisserait au quatrième rang des places asiatiques.
Le Financial Times a noté que la Bourse de Toronto et celle de Londres ont ceci en commun qu'elles sont deux places de choix pour les sociétés minières désireuses de s'inscrire en Bourse. L'entité combinée, issue d'une fusion similaire à des mariages boursiers ailleurs dans le monde, se classerait au septième rang des Bourses du monde, avec une valeur boursière de 8,8 milliards.
Toujours sans révéler ses sources ou même préciser les raisons pour lesquelles cette information faisait l'objet d'une fuite, le Financial Times a écrit que l'actuel patron de la Bourse de Londres, Xavier Rolet, serait chef de la direction du groupe. Le président du conseil de TMX — l'acronyme des Bourses de Toronto et de Montréal —, Wayne Fox, garderait ce rôle au sein de la nouvelle entité. Enfin, le chef de la direction du TMX, Thomas Kloet, arrivé peu après la fusion, serait président.
Plusieurs gros actionnaires de la Bourse de Londres auraient déjà approuvé l'offre, selon le Financial Times. Il s'agirait notamment de Borse Dubai, son plus gros actionnaire, d'UniCredit, d'Intesa Sanpaolo et de Qatar Investment Authority.
La Bourse de Londres veut fusionner avec celle de Toronto
La Bourse de Montréal deviendrait de ce fait propriété britannique
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