L’UPAC chez Dauphin et d’ex-élus

De nouveaux documents révèlent le rôle joué par d’ex-fonctionnaires de la Ville dans le scandale des compteurs d’eau

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La filière libérale éclaboussée

D’anciens membres influents de l’entourage du maire Gérald Tremblay ont été visés par une série de perquisitions de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) en lien avec le scandale des compteurs d’eau, mercredi.

Pas moins de quatre membres du comité exécutif de l’ex-maire Tremblay ont reçu la visite de l’UPAC, dont l’actuel maire de l’arrondissement de Lachine, Claude Dauphin. L’ex-député libéral à l’Assemblée nationale, élu au poste de conseiller municipal en novembre 2001 avec l’équipe de Gérald Tremblay, a occupé plusieurs fonctions au sein du comité exécutif de la Ville, et est toujours maire de Lachine. Les policiers ont cogné à sa porte en matinée, alors que l’UPAC investissait également l’hôtel de ville de l’arrondissement dans le cadre de l’enquête Projet Fronde.

L’ex-vice président du comité exécutif de Montréal et responsable du dossier de l’eau Sammy Forcillo, sa vice-présidente Francine Senécal et l’ancien maire de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles Cosmo Maciocia auraient aussi été visés par cette vague de perquisitions en lien avec l’octroi du plus large contrat municipal de l’histoire de Montréal.

Le contrat de 355 millions octroyé en 2007 au consortium Génieau formé des firmes Dessau et Simard-Beaudry avait été annulé deux ans plus tard, dans la foulée de révélations concernant des irrégularités administratives et d’allégations de collusion et de corruption.

Il s’agit de la cinquième série de perquisitions relativement au dossier du scandale des compteurs d’eau depuis quelques semaines. Au début du mois, les bureaux de la firme de génie BPR situés à Montréal et Québec avaient notamment été la cible de perquisitions par les enquêteurs de l’UPAC. Dessau et le Groupe SMi, Construction Frank Catania et l’assureur Travelers Canada ont également vu l’UPAC débarquer dans leurs locaux. L’objectif de l’opération policière de mercredi était principalement d’amasser des éléments de preuve, selon une porte-parole de l’UPAC.

Par voie de communiqué, l’arrondissement de Lachine a reconnu que les enquêteurs de l’UPAC avaient visité les bureaux de la mairie, ajoutant que son personnel avait offert sa collaboration aux autorités.

De nouvelles révélations

Cette nouvelle vague de perquisitions coïncide avec la cassation partielle d’une ordonnance de non-publication en vigueur depuis plus d’un an à l’égard d’un mandat de perquisition chez Frank Zampino, qui lève le voile sur le rôle joué par un ex-haut fonctionnaire municipal et la direction de la firme BPR dans le cadre de ce scandale.

On apprend notamment que le directeur général adjoint du Service des infrastructures de Montréal, Yves Provost, a activement recommandé aux élus et à l’administration la sélection des firmes BPR et Génieau pour le contrat des compteurs. À la suite de l’octroi du contrat, il a été engagé par BPR. C’est Pierre Lavallée, l’un des principaux dirigeants de l’entreprise, qui l’aurait recruté. Le nom de ce dernier est apparu à 29 reprises dans l’agenda du président du comité exécutif de la ville de Montréal, le bras droit de Gérald Tremblay Frank Zampino, entre octobre 2005 et mai 2008.

C’est Claude Dauphin qui avait succédé à Frank Zampino lorsque celui-ci a décidé de quitter son poste de président, en 2008… pour aller travailler chez Dessau, qui avait obtenu le contrat des compteurs.

En mars, le juge Yves Paradis de la Cour du Québec avait décidé que la plupart des éléments caviardés, dont ceux concernant Yves Provost et Pierre Lavallée, devaient le demeurer pour au moins trois mois, « pour protéger l’enquête en cours et pour protéger des perquisitions ».

Un consortium de médias, dont Le Devoir fait partie, demandait que soient rendus publics les éléments encore caviardés inscrits dans certains documents déjà produits en cour. Des portions de ceux-ci avaient déjà été « décaviardées » à la fin de 2014. D’autres détails des documents demeurent censurés.

Aucune accusation n’a été portée en lien avec le projet Fronde jusqu’à maintenant, malgré la ribambelle de perquisitions menées par l’UPAC chez d’anciens élus et dirigeants d’entreprises liées au scandale au cours des derniers mois.


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