Élus et responsables européens craignaient vendredi un retard, voire un échec des négociations sur le Brexit après la surprise des élections législatives britanniques, qui ont vu les conservateurs de Theresa May perdre leur majorité absolue au Parlement.
L’Union européenne espérait débuter formellement ces discussions dès le 19 juin, mais l’échec de Mme May dans ces élections, pourtant convoquées de manière anticipée afin d’obtenir une majorité renforcée pour négocier le Brexit, plonge Londres et Bruxelles dans l’incertitude.
Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a mis en garde contre une absence d’accord. « Nous ne savons pas quand les discussions sur le Brexit commenceront. Nous savons quand elles doivent s’achever. Faites le maximum pour éviter un "no deal " [une absence d’accord] », a-t-il tweeté.
Le Royaume-Uni est supposé quitter l’Union européenne fin mars 2019, soit deux ans après le lancement officiel de la procédure de sortie par Mme May, le 29 mars de cette année.
Mais le temps tourne et les pourparlers entre l’UE et Londres n’ont toujours pas commencé sur le fond un an après le référendum de juin 2016 sur la sortie du Royaume-Uni de l’UE.
Selon un de ses porte-parole, la première ministre britannique Theresa May, appelée à la démission par l’opposition, a l’intention de former un nouveau gouvernement.
Le négociateur en chef de l’UE sur le Brexit, Michel Barnier, a laissé entendre que l’UE était prête à laisser un peu de temps à Londres avant d’ouvrir les discussions.
« Les négociations sur le Brexit devraient débuter quand le Royaume-Uni sera prêt ; le calendrier et les positions de l’UE sont claires. Unissons nos efforts pour conclure un accord », a-t-il tweeté dans la matinée.
« Un nouveau but contre son camp – après Cameron, maintenant May – va rendre encore plus complexe des négociations déjà complexes », s’est désolé son homologue au Parlement européen, l’ancien premier ministre belge Guy Verhofstadt, référent pour les négociations du Brexit.
Désastre pour May
Pour le commissaire européen au Budget, Günther Oettinger, l’UE a besoin d’un gouvernement britannique « capable d’agir, qui peut négocier la sortie de la Grande-Bretagne ».
« Les Britanniques doivent négocier la sortie [de l’UE], mais avec un partenaire de négociations faible, il y a un danger que les négociations soient mauvaises pour les deux parties », a-t-il dit à la radio allemande Deutschlandfunk.
« L’horloge tourne, le Royaume-Uni est profondément divisé », a pour sa part souligné sur Twitter Manfred Weber, le chef de file du PPE (Parti populaire européen, droite), principal groupe politique du Parlement européen.
Mme May « voulait de la stabilité, mais a plutôt apporté le chaos à son pays », a-t-il ajouté, estimant que « la date du début des négociations était maintenant incertaine ».
« C’est un désastre pour May. Son énorme pari s’est retourné contre elle de manière spectaculaire. Elle n’a aucune crédibilité au Royaume-Uni ou en Europe », a renchéri le chef de file des socialistes au Parlement européen, Gianni Pittella, qui a félicité le chef de l’opposition travailliste, le très à gauche Jeremy Corbyn, pour son résultat.
Les conservateurs sont en tête du scrutin, mais ont perdu une douzaine de sièges, tandis que l’opposition travailliste en a gagné une petite trentaine, selon des résultats quasi définitifs au terme desquels les Tories ne peuvent plus obtenir de majorité absolue.
Mme May, qui disposait d’une majorité de 17 sièges dans le Parlement sortant, espérait avoir les coudées franches pour négocier un Brexit « dur » avec les 27 à partir du 19 juin, un an après le référendum pour la sortie de l’UE.
Mais les travaillistes de Jeremy Corbyn ont contrarié ces plans au terme d’une campagne réussie.
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