Raymond Giroux - OTTAWA — Conservateurs menteurs, sur l’Afghanistan : tel était le thème du jour des partis d’opposition aux Communes, hier, après la publication d’extraits d’un rapport accablant sur le traitement des prisonniers de guerre remis par le Canada aux autorités locales.
Ce rapport du ministère des Affaires étrangères fait état de tortures et d’exécutions extrajudiciaires par les autorités afghanes, mais aucun ministre ne l’aurait lu avant que le Globe and Mail dévoile le pot aux roses dans son édition d’hier, s’il faut en croire les premiers intéressés.
Si le ministre de la Défense nationale, Gordon O’Connor, est demeuré une cible privilégiée des attaques libérales comme bloquistes et néo-démocrates, son collègue des Affaires étrangères, Peter MacKay, se retrouve lui aussi dans de mauvais draps.
Une version expurgée
Le gouvernement avait d’abord nié l’existence même d’un tel document, en réponse à une demande d’accès à l’information, avant d’en dévoiler une version expurgée de tous ses éléments compromettants.
M. MacKay a rejeté toute responsabilité pour ces amputations, affirmant lors de la période des interpellations qu’il s’agissait là d’une pratique courante de la part des juristes gouvernementaux sans que le ministre lui-même ait son mot à dire.
Face aux accusations nouvelles, ce dernier a rencontré l’ambassadeur de l’Afghanistan au Canada pour lui demander un rapport complet sur les événements et mettre fin à ces pratiques si elles se confirment.
Les dénégations répétées du gouvernement n’ont pas empêché l’opposition de crier au camouflage, et ce au cours d’une séance fort houleuse.
Le ton n’avait pas changé lors des impromptus de presse subséquents : « Ils mentent à la population » , a résumé le chef bloquiste, Gilles Duceppe.
« Ils n’ont pas lu le rapport (des Affaires étrangères), mais ils l’ont censuré, a-t-il lancé. Il faut quand même avoir de l’imagination ! On y parle de tortures et de non-respect de la Convention de Genève, et les ministres n’en auraient pas eu copie, on nous ment en pleine face ».
Déjà plusieurs évoquent un éventuel vote de confiance sur l’Afghanistan, comme le Bloc l’avait déjà fait l’automne dernier. Un premier effort du NPD qui demandera demain le retour immédiat des militaires canadiens n’ira toutefois nulle part car ni les bloquistes, ni les libéraux, n’appuient cette position radicale.
Démission réclamée
Pour Stéphane Dion, la priorité reste la démission du ministre de la Défense et l’arrêt de la remise des détenus aux Afghans, mais le chef du Parti libéral « n’écarte pas l’idée d’avoir un jour une motion de non-confiance contre ce gouvernement » .
« Le gouvernement, clairement, ne mesure pas l’amplitude de ce qui se passe présentement, ne comprend pas la Convention de Genève », a dit de son côté le chef du NPD, Jack Layton.
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