Alors qu'un rapprochement entre Téhéran et Washington a constitué un enjeu clé des discussions du G7, les dirigeants iraniens ont rappelé que des négociations n'étaient possibles qu'en échange de la levée des sanctions qui pèsent sur le pays.
Alors que Donald Trump avait laissé entrevoir, le 26 août à l’issue du sommet du G7 à Biarritz, la possibilité (moyennant un certain nombre de conditions), d’une rencontre avec son homologue iranien Hassan Rohani, ce dernier a tenu à clarifier sa position sur le sujet. Dans un discours prononcé ce 27 août, diffusé par la télévision publique, le président de la République islamique a rappelé que la première «étape» en vue d’une éventuelle rencontre restait «la fin des sanctions illégales, injustes et erronées contre la nation iranienne».
Selon lui, «la clé d’un changement positif» se trouve «entre les mains de Washington». Hassan Rohani s’est également montré rassurant sur la probabilité que l’Iran se dote de l’arme nucléaire, une éventualité contre laquelle se sont prononcés tous les pays du G7. «Si honnêtement c’est votre seule préoccupation, celle-ci a déjà été exclue» dans une fatwa émise par l’ayatollah Ali Khamenei, a-t-il appuyé lors de l’inauguration d’un projet immobilier à Téhéran. Il a par ailleurs demandé aux Etats-Unis de «faire le premier pas» et de «revenir aux engagements» pris par l’administration de Barack Obama dans le cadre de l’accord de Vienne signé en 2015, qui s'était traduit par un allègement des sanctions. Les Etats-Unis étaient sortis unilatéralement de cet accord en mai 2018 avant de durcir les sanctions économiques contre l’Iran.
De son côté, le ministre des Affaires étrangères de la République islamique, Mohammad Javad Zarif, a fait savoir ce 27 août, lors de sa visite surprise à Biarritz, qu'aucune «réunion entre le président iranien et Trump ne pouvait être imaginée». Il a réclamé que les Américains «mettent en œuvre l’accord sur le nucléaire», avant de pouvoir envisager des «négociations bilatérales» avec les Etats-Unis. «Nous avons clairement indiqué que l'administration américaine et Trump avaient violé les accords conclus après de longs pourparlers entre les deux pays. La mise en œuvre des accords passés est désormais nécessaire et nous n'avons encore vu aucun signe considérable dans cette affaire du côté de l’administration américaine», a-t-il affirmé, d’après des propos retranscrits par l'agence de presse iranienne Fars News.
Une porte ouverte ?
Le 26 août, le président Hassan Rohani, dont les propos sont rapportés par Fars News, avait évoqué la possibilité d'«une opportunité de négociations et de détente diplomatique», précisant ouvrir «la voie à la résolution des problèmes». «Faites le premier pas», a martelé le président iranien ce 27 août, prévenant que «sans cette étape, le verrou ne [serait] pas débloqué».
Les tensions entre l'Iran et les Etats-Unis se sont encore amplifiées ces derniers mois suite à la stratégie de «pression maximale» décidée par Washington contre Téhéran. Plusieurs navires ont été la cible d'attaques ou de saisies et des drones ont été abattus au-dessus du détroit d'Ormuz.
Donald Trump et Hassan Rohani devraient néanmoins se croiser à New York pour l’Assemblée générale des Nations Unies, prévue pour la fin septembre. Cette réunion internationale pourrait être l’occasion pour les deux dirigeants d’établir une feuille de route en vue d'hypothétiques pourparlers à l'avenir.
Alexis Le Meur