Dixième anniversaire du décès de Pierre Bourgault (1934-2003)

L'instinct du communicateur

Tribune libre

« Je crois qu'il faut « s'embarquer » et je reproche à ceux et à celles qui ne le font pas de ne pas aller au bout de leur passion et, partant, de ne jamais en découvrir la véritable richesse ». Pierre Bourgault, « La Culture. Écrits polémiques » t.2, 1996.
Qu’à cela ne tienne…les temps auront beau changé, la nécessité incontournable d’un leader charismatique, peu importe son sexe, demeure, à mon avis, la pierre angulaire de tout mouvement qui désire occuper la plate-forme médiatique indispensable pour faire avancer la cause qu’il défend.
On aura beau invoquer les exemples de leaders du passé qui, malgré leur charisme, n’ont pas réussi à mener à terme la mission qu’ils s’étaient donnée, il n’en demeure pas moins que, sans leur détermination et leur charisme, leur cause n’aurait pas cheminé aussi loin.
Dans ce contexte, le dixième anniversaire du décès de Pierre Bourgault le 16 juin, que je qualifierais d’un des plus grands communicateurs de la scène politique québécoise du dernier siècle, mérite qu’on s’arrête, l’espace de quelques lignes, sur certains extraits du livre qu’il a publié en 1990 sous le titre « Maintenant ou jamais » aux Éditions internationales Alain Stanké.
Parlant de l’objectif d’indépendance qui est « le même depuis plus 30 ans », « Je me sens un peu ridicule d’avoir à le souligner mais quand je pense à tous les détours que nous avons pris et à toutes les contorsions que nous avons faites pour éviter d’en parler ou pour repousser indéfiniment l’échéance, je me dis qu’il est impérieux de frapper toujours sur le même clou, au risque de paraître
radoter. »
Parlant de la conjoncture de 1990, « Chez les souverainistes, on s’entend pour dire qu’il faut faire vite. En effet, si la conjoncture est aussi favorable qu’on le dit, il faut savoir saisir l’occasion. Les choses changent vite en notre monde et rien ne nous dit que la ferveur du temps présent ne tournera pas à l’indifférence ou que les circonstances exceptionnelles qui nourrissent le mouvement se perpétueront longtemps. »
Parlant des sondages qui démontraient à cette époque une progression constante de l’appui à la souveraineté du Québec,
« Répercutés tous azimuts par les journaux, la télévision ou la radio, ces chiffres confortent les militants dans leur choix, ébranlent les indécis et augmentent le nombre des convertis. C’est le syndrome de la saucisse : plus on en mange… »
Et je pourrais poursuivre la liste des citations de Pierre Bourgault encore et encore…un communicateur qui, en plus d’utiliser les mots qui frappent, qui dérangent et qui vont parfois jusqu’à ébranler, possédait la rare qualité de ce que l’on appelle dans le jargon théâtral « une bête de scène ».
Enfin, on aura beau clamer sur tous les toits que les indépendantistes ne sont jamais satisfaits de ce qu’ils ont et qu’ils mettent leurs efforts et leur énergie à chercher un chef charismatique au lieu de travailler sur l’indépendance du Québec, je persiste et signe : de Pierre Bourgault à Jacques Parizeau en passant par René Lévesque, le mouvement indépendantiste a accompli un long chemin qui serait demeuré lettre morte sans leur charisme allié à leur conviction viscérale en la cause qu’ils défendaient, à savoir l’accession du Québec à sa pleine autonomie.

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Henri Marineau2095 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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2 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    5 juin 2013

    Le charisme de ceux que vous rappelez à notre mémoire a consisté à prendre le micro et s'adresser à Nous.À Nous d'abord. Et il n'a surtout pas consisté à écrire le Programme Parfait de l'Indépendance comme dirait l'autre.
    Sans micro, nos meilleurs représentants restent dans les limbes.Le plus gros micro,c'est le pouvoir.Dommage que le P.Q. soit minoritaire par suite de la présence de supposés leaders charismatiques maintenant retournés à l'anonymat.

  • Archives de Vigile Répondre

    5 juin 2013

    Monsieur Marineau
    Comment transmettre la ferveur indépendantiste lorsque tous les médias québécois sont contrôlés par l'establishment corporatif et fédéraliste? Si le PQ était vraiment résolu à faire l'indépendance (j'en doute fortement!), les dirigeants de ce parti auraient pris, depuis longtemps, les moyens nécessaires pour avoir à leur disposition un média qui transmettrait à la population québécoise toute l'information pertinente sur les avantages de réaliser l'indépendance du Québec pour nous sortir de ce système qui nous maintient dans l'impuissance collective et qui nous mène carrément vers une louisianisation du Québec.
    Qu'attend ce parti pour se servir de Télé-Québec et d'en faire un média national québécois? La peur comme toujours des représailles "canadian"? Ça prend absolument un média québécois indépendantiste pour contrer la propagande de Radio-Canada d'acculturation, multiculturelle et antiquébécoise. Si le PQ ne bouge pas, les dirigeants de ce parti prouveront, une autre fois, qu'ils sont pour le maintien du statu quo politique actuel, leur carriérisme passant avant l'indépendance du Québec.
    André Gignac 5/6/13