Le Parti Québécois ne devrait pas prendre le pouvoir s’il ne pense pas être ne mesure de faire l’indépendance à l’intérieur de son mandat. Ou alors, le Parti Québécois n’est qu’un parti indépendantiste d’occasion, indépendantiste d’épouvantail. Choisir de diriger un gouvernement provincial, c’est affirmer que l’indépendance n’est qu’une porte de sortie d’une situation toujours potentiellement perfectible. Un véritable parti indépendantiste devrait affirmer haut et fort que le système politique canadien est sans issue pour la nation québécoise, et que la seule option envisageable est l’indépendance du Québec avant toutes les autres sphères de la gouvernance nationale.
Le Parti québécois me semble être la symbiose malsaine de deux factions idéologiques, c'est-à-dire les nationalistes réformistes et les indépendantistes jusqu’au-boutistes. La complexité de la situation s’explique par le fait que les deux visions viscéralement irréconciliables se trouvent au cœur de presque tous les militants du Parti québécois. Il n’est pas possible de conjuguer une vision sociale même cohérente et moderne à un but tel que l’indépendance du Québec. On ne peut réformer un système de domination qu’en éliminant l’influence du dominateur, pas en gérant mieux les maigres pouvoirs concédés. À quoi bon l’indépendance si le Parti québécois est un bon gouvernement ? En faisant le choix de cette dualité, on démontre notre hésitation face au projet que l’on propose. On montre, encore et toujours, qu’il est encore possible d’espérer mieux en évitant le recours au courage et la détermination qui sont l’essence de toutes les grandes avancées. On ne peut espérer vaincre un adversaire aussi déterminé que le nôtre en évitant constamment d’y faire face. Le Parti québécois est actuellement en mode défensif. Il souhaite prouver que l’indépendance n’est pas mauvaise pour l’économie, n’est pas antidémocratique, n’est pas anglophobe. Pour définir ce qu’est l’indépendance, on se contente maladroitement de tourner autour de lieux communs, qui relèvent plus d’une extension des principes de la social-démocratie, supposés inhérents au peuple québécois, que des motifs réels de la décolonisation politique. Le résultat de l’indépendance ne sera pas directement une amélioration du système d’éducation ou de santé. Si c’est le cas, alors se sera indirectement. Le nom même du Parti prête à confusion, on le sent relié à l’intérêt général des Québécois plutôt que pour l’indépendance à strictement parler et cela fausse les pistes.
Pire, le fait que le Parti Québécois ait pris plusieurs fois le pouvoir sans réellement espérer faire l’indépendance du Québec le prête à des attaques sur sa gouvernance, qui sont alors reliées à l’indépendance du Québec. Psychose idéologique, les démonstrations de l’incohérence du système provincial pour la nation québécoise deviennent des attaques directes à l’idée de notre libération collective. Le système ne marche pas plus pour les péquistes que pour les libéraux, les premiers étant impuissants à défendre les leurs, alors que les autres n’essaient même pas.
Évidemment, d’un point de vue strictement logistique, cette dichotomie mine les efforts du Parti sur le terrain. Est-ce qu’on développe des mesures environnementales, d’éducation et d’économie quand on souhaite que notre mandat soit consacré à une révolution politique ? Actuellement oui, puisque le Parti Québécois est le parti des Québécois, de tous les Québécois sur tous les sujets. De même, n’importe qui pour peu qu’il considère avoir les plus hauts intérêts des Québécois à cœur, peut adhérer au Parti Québécois pour une cause particulière en reléguant l’indépendance à une ligne de parti de second rang. Il est facile de comprendre qu’un ministre de la Santé en viendra à voir son ministère comme le centre des priorités de l’état, en reléguant l’indépendance à une belle théorie d’avenir, dans le long, très long terme.
Alors, le bon gouvernement ou l’indépendance ?
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4 commentaires
Archives de Vigile Répondre
12 janvier 2007Monsieur Perry,
Je crois que votre partisannerie vous aveugle (certaines blessures de la course à la chefferie ne semblent pas réparées. Vous exagérez grandement. Si la population avait plus de couilles, le chef serait illusoire et nous voguerions vers la souveraineté. Au lieu de ça, on se déchire et on jete le blâme sur Pierre-Jean-Jacques. Il est temps d'aquérir un peu de maturité. Faisons chacun notre travail et nous ne seront pas déçus.
Celui qui s'époumone à décrier une faute est un lâche.
Celui qui travaille à la réparer est un bienfaiteur !
Normand Perry Répondre
8 janvier 2007«Je ne suis pas de ceux qui rejette la faute sur le leadership du PQ et son organisation. Nos leaders font ce que nous leur permettons de faire, ce que nous souhaitons quil fasse. Le manque de courage vient autant de nous, militant, que de la tête du Parti ou que du peuple Québécois. Il est facile de demander une changement, mais il est beaucoup plus difficile de le faire.»
Pour écrire des propos aussi incohérant, il faut souffrir d'aveuglement partisant ou bien ne carrément pas vouloir regarder la réalité en face !
Quand vous dite monsieur Gaudreau que nos "leaders font ce que nous leur permettons de faire", faudrait-il alors comprendre que les militants du PQ, les mêmes qui ont durement travailler pendant un an à l'élaboration du programme adopté démocratiquement en juin 2005, que ces mêmes militants ont spécifiquement demandé à leur chef en octobre dernier d’en "scrapper" le chapitre numéro UN" ?
Et que voulez-vous insinuer quand vous prétendez plus loin dans cette même phrase que le peuple Québécois est souffrant de ce manque de courage ?
Le seul individu dans ce parti que me semble manquer au courage nécessaire par rapport à sa vocation fondamentale qu'est l'indépendance nationale du Québec est son chef. A l'approche d’une élection générale, ce dernier devient frileux de parler de ce pourquoi ce parti existe, sous prétexte de certaines "réalités politiques" !
Ça et avoir peur de son ombrage, il n'y a pas grand différence.
Archives de Vigile Répondre
5 janvier 2007Je ne suis pas de ceux qui rejette la faute sur le leadership du PQ et son organisation. Nos leaders font ce que nous leur permettons de faire, ce que nous souhaitons quil fasse. Le manque de courage vient autant de nous, militant, que de la tête du Parti ou que du peuple Québécois. Il est facile de demander une changement, mais il est beaucoup plus difficile de le faire.
Archives de Vigile Répondre
4 janvier 2007Vous mettez le doigt sur un des problèmes au fondement de la soi-disant ambiguïté naturelle des Québécois. Le Parti Québécois - et ce, depuis ses débuts - envoie à répétition un message teinté de compromis (au sens de se compromettre, compromettre un idéal, un projet...) aux militants indépendantistes. Que ce soit avec la souveraineté-association, le beau risque, ou autres concepts vaseux ; ce que le Parti Québécois répète encore et encore à tous les Québécois, c'est qu'il faut plier, courber, fléchir et se résigner. Un peu plus à chaque jour. Mettre de l'eau dans son vin, et pourquoi pas, un petit peu de Drain-O avec ça. J'ai parfois l'impression que le projet d'indépendance nationale passe aujourd'hui par la chute du PQ, ce qui laisserais la place à un nouveau parti indépendantiste. À quand une relève (et une relève autre qu'André Boisclair...) idéologique?