Le gouvernement indien a annoncé mardi une levée « progressive » des restrictions imposées au Cachemire, où il a coupé le téléphone et Internet il y a plus d’une semaine pour éviter un éventuel soulèvement après sa décision de révoquer le statut d’autonomie de la région himalayenne.
Un porte-parole du ministère indien de l’Intérieur a indiqué sur Twitter que les restrictions « sont en train d’être allégées de manière progressive » dans l’État du Jammu-et-Cachemire, où tous les moyens de communication avaient été bloqués et un couvre-feu imposé le 4 août, avant l’annonce le 5 août de la révocation de l’autonomie constitutionnelle de la région.
Les moyens de communication normaux ont été rétablis dans le Jammu, partie du Jammu-et-Cachemire considérée comme plus pacifique, après « évaluation faite par les autorités compétentes », a indiqué le porte-parole. Aucune confirmation indépendante de l’allégement des restrictions n’a pu être obtenue. Mardi après-midi, les habitants du Cachemire ne pouvaient toujours pas être joints au téléphone, et l’accès à Internet ne semblait pas avoir été rétabli.
Le porte-parole a affirmé que les soins médicaux étaient assurés « sans aucun problème » et que les médicaments étaient fournis aux hôpitaux. La principale route de la région « continue à fonctionner normalement » avec une centaine de poids lourds acheminant chaque jour du carburant et d’autres produits essentiels, a ajouté le porte-parole.
Auparavant, le procureur général K. K. Venugopal avait déclaré devant la Cour suprême que « la situation au Jammu-et-Cachemire est réévaluée chaque jour » et qu’il y avait « des signes d’amélioration ». La Cour suprême examinait une plainte déposée par un militant politique contre l’interruption des communications imposée au Cachemire. Le porte-parole a également confirmé pour la première fois que des affrontements avaient eu lieu après la prière musulmane de vendredi dernier.
Selon des habitants, quelque 8000 personnes ont pris part à une manifestation dispersée par les forces de sécurité avec des tirs de gaz lacrymogènes et de billes de plomb. « Les scélérats se sont mêlés aux personnes qui rentraient chez elles après la prière dans une mosquée locale. Ils ont eu recours à des jets de pierres sans provocation contre les forces de l’ordre afin de susciter une insurrection de grande ampleur », a affirmé le porte-parole, démentant que des balles aient été tirées.
Un allègement restreint
Les autorités avaient allégé les restrictions temporairement dimanche pour permettre aux habitants de faire leurs achats pour les célébrations de la fête musulmane de l’Aïd, qui ont débuté lundi. Mais de sévères restrictions ont été de nouveau imposées après des manifestations de protestation ayant rassemblé des centaines de personnes, selon des habitants.
Une vidéo filmée par l’AFP lundi montrait des centaines de personnes manifestant dans le quartier de Soura à Srinagar, et scandant des slogans comme « Nous voulons la liberté » ou « Inde dehors ». « Ce que l’Inde a fait est pour nous inacceptable. Notre lutte va continuer même si l’Inde maintient le Cachemire en black-out pendant des mois. La seule solution est que l’Inde accepte ce que veulent les Cachemiris », expliquait un manifestant. « L’Inde est un simulacre de démocratie, le monde devrait prendre note des atrocités que ce pays commet contre nous », assénait un autre.
L’insurrection séparatiste a fait des dizaines de milliers de morts, essentiellement des civils, dans cette région depuis 1989. Les divers groupes rebelles réclament soit son indépendance, soit son rattachement au Pakistan. L’Inde et le Pakistan, qui se sont partagé le territoire du Cachemire après leur indépendance en 1947, se sont depuis livré trois guerres, dont deux à propos du Cachemire.