Dans un article publié sur la tribune libre de Vigile le 19 mars sous le titre «PKP versus le politiquement correct sur l’immigration», je lis une jolie mais triste phrase qui dit: «Ce pays qui s’appelle le Canada repose sur une victoire militaire des Anglais en 1760 et sur une tricherie en 1995. Ça ne fait pas des bases très solides pour un pays».
Il a parfaitement raison Mr BARBERIS-GERVAIS. Mais il est également dans l'erreur d'un leurre. Imaginons 1760 ! Ça fait presque trois siècles et plusieurs générations de politiciens. S'il faut remonter à aussi loin pour situer la faiblesse d'un pays et de facto justifier sa déconstruction, c'est pas fort ! La triche de 1995 paraîtrait plus récente. Mais c'est déjà 20 ans ! Les enfants nés cette année là ont déjà voté, au moins deux fois. Ceux qui sont nés en 1996 jusqu'en 1999 voteront aussi aux prochaines législatives. Combien sont-ils ? Environs 450,000, selon ma compilation des chiffres de l'Institut de la Statistique du Québec. Après 20 ans et bientôt en 2018, l'augmentation cumulative de la population immigrante en âge de voter avoisinera 200,000. Soit moins que la moitié de l'accroissement (brut) de la population dite «de souche». À supposer que les Québécois de souche votent tous du «bon» bord, poser le problème d'un vote ethnique ou monétaire serait superflu. Est-ce que ça l'est moins parce que les Québécois ne votent pas tous du même bord ? Pas du tout. Où est alors l'erreur ?
D'abord des solitudes ne font pas des bases solides pour une nation. Le Québec des souverainistes et des fédéralistes en est gravement handicapé. Il faudrait trouver la magie pour exorciser les démons de l'adversité fédéraliste/séparatiste. Est-il possible de penser Québec indépendamment du Canada ? Aux USA des états existent et sont forts d'eux-mêmes et non pas de l'état fédéral. La raison est à mon avis parce qu'ils s'assument et ne se voient pas dans un miroir de victime. Ici au Québec il y a un problème de perception qu'il faudra résoudre pour construire une forte nation, c'est la croyance que le Canada affaiblit la province. Nous voulons être souverains, montrons à nous mêmes ce dont nous sommes capables, avant d'élever le niveau de difficulté.
Sur ce point, des faits nous parlent. Prenons par exemple ces déclarations qui nous tombent dessus comme des massues et qu'on doit traîner comme des boulets sans savoir comment nous en débarrasser. Personnellement je trouver sidérant que vingt ans plus tard on soit encore enclin à ruminer la lecture de Mr Parizeau au sujet d'un dossier sur lequel personne ne voudra rouvrir. Que nos politiciens élèvent le niveau de la pensée, plus haut que nous les simples citoyens. Ainsi nous saurons les suivre et qui sait voter majoritairement du bon bord. L'autre fait qui nous interpelle, c'est l'incapacité de nos gouvernement d'entreprendre et convaincre. Aussitôt élus, aussitôt décriés dans la rue. On peut le dire des Libéraux, depuis Charest 1. Qu'en-est-il des Péquistes ? Depuis le départ de Lucien Bouchard, ce sont des tergiversations intra partisanes sans profondeurs. Pourquoi ? Parce que les débats sont centrés sur des faux problèmes, à la manière journalistiques. Et a solution ? Renvoyons les journalistes au temple, et tournons-nous vers les philosophes. Pas vers les toubibs SVP !
La deuxième erreur, c'est chercher le poux sur la tête de l'immigrant. Si l'immigrant ou le non francophone préfère le Canada au Québec, ce n'est pas parce que la première lettre du premier nom vient en premier sur l'alphabet. Ce n'Est pas non plus par instinct naturel ou gènes. La préférence se justifie, se mérite. Le respect de soi et de l'autre et l'accueil ont un sens que souvent les Québec négligent surtout lorsque vient le temps de se rappeler des «valeurs» dites «québécoises». Lorsque des discours malheureux comme celui de PkP cette semaine ne sont pas du genre à mousser le bon accueil qui inspire à l'immigrant une respiration nationaliste québécoise. Ailleurs dans d'autres provinces des immigrants sont largement souverainistes. Pourquoi pas au Québec, si tel n'est pas le cas ? Manifestement il y a anguilles sous la roche souverainiste.
La troisième erreur est à mon sens le manque de considération et de valorisation de l'accomplissement des Québécois. Ce pays, le Canada, a beau être faible de ses guerres et ses tricheries, mais il est aussi l'ouvrage de Québécois canadiens. Ces Québécois ont mérité leur respect, et le respect de leur œuvre. «je ne veux pas dire que tout est coulé dans le roc, que pour eux et en leur honneur le Canada est intouchable. Plutôt faut-il trouver des moyens de valoriser leurs réalisations dans le renforcement de la nation québécoise. Que ce soit claire et limpide pour tous, péquistes ou pas péquistes, fédéralistes et indifférents.
Voilà ce que j'aurais voulu dire à PkP, je présume prochain chef du PQ.
Le franc-parler de PkP fait mal ... à qui ?
L'immigration et la nation, l'erreur des souverainistes
Lecture d'un immigrant heureux.
Tribune libre
François Munyabagisha79 articles
Psycho-pédagogue et économiste, diplômé de l'UQTR
(1990). Au Rwanda en 94, témoin occulaire de la tragédie de «génocides»,
depuis consultant indépendant, observateur avisé et libre penseur.
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5 commentaires
Chrystian Lauzon Répondre
21 mars 2015M. Munyabagisha,
Croyez-vous franchement que l’immigration vise à faire votre bonheur? Votre lecture est celle d’un privilégié indifférent aux problèmes collectifs des humains manipulés en masses animales. Votre flottement analytique constitue l’erreur monumentale qui vous fait projeter celles que vous imaginez. Immigrer politiquement, c’est en général une obligation d’abandon de ses racines, de ses biens, de sa langue, de sa culture et de son pays, forcée par le désespoir et la misère, dont les décideurs-prédateurs assoiffés des richesses des peuples se servent pour détruire et contrôler les nations. Qu’immigrer fasse votre bonheur, Harpeur-Canada n’en a rien à cirer. C’est un instrument socio-politico-économico-géopolitique de domination, de contrôle et de réaménagement des profits pour la classe des 1% de la terre via le déplacement de l’humain-marchandise.
Bercez-vous d’illusion c’est votre droit, mais avant votre bonheur personnel, celui des gouvernements et de leurs supérieurs économiques prime. Ce qui est survie pour beaucoup, non pas jeu récréotouristique d’amalgame des cultures selon certains intellos angélisants, n’est que jouet de luxe pour oligarques insatiables.
L’immigration, pour le Canada comme pour l’ensemble des pays, ne représente pas une richesse économique rentable : c’est un investissement d’un niveau plus bullaire et boursier pour banksters et spéculateurs internationaux. Le déficit économique représente pour le Canada 20 G$* et vos amis canado-anglophones de l’Ouest, via l’Institut fédéraliste Fraser, n’apprécient pas beaucoup cette perte en soins de santé, aide sociale et autres services sociaux utilisés gratuitement par la clientèle immigrée, telle une Croix-Rouge lors de catastrophes. Pourquoi s’en plaint-il cet organisme citoyen au gouvernement canadian que vous chérissez tant? Parce que la note est refilée aux contribuables travailleurs canadiens et québécois dont l’immigration vit sur le dos.
Si les pays et leur gouvernement étaient des agences de voyage jubilant de profits, étrangement, l’immigration serait plus réduite, car chacun serait plus heureux de rester ou de retourner chez soi. Vous ne pensez pas?
Et non, ni les indépendantistes, ni M. Péladeau ne font d’erreur en disant comme lui « …On souhaiterait pouvoir mieux la [immigration] contrôler, mais ne nous faisons pas d’illusion, qui prend en charge les immigrés qui viennent s’installer ici au Québec ? C’est le gouvernement fédéral ». Et selon des visées toutes aussi guerrières qu'il mène à l’étranger, ce gouvernement fédéral poursuit sa charge d'extermination génocidaire actuellement contre le Québec-français qu'est notre nation.
La vérité que Pierre Karl Péladeau a énoncée vaut pour ceux mêmes qui souffrent ailleurs de voir leur pays se faire détruire dans l’impuissance de ne pouvoir rien faire contre les prédateurs mondiaux anonymisés en compagnies à numéro.
Le bonheur est sans doute plus personnel que la misère est collective, massive, nationale et inter-nationale, et répandue dans tous les coins où les droits humains sont bafoués par des dictatures implacables ou de l’impérialisme rebelle organisé par complotages mercantiles à impérialisme Étatsunien.
En complément, l'entrevue du lien internet suivant vous apprendra que l’immigration, c’est non seulement une nuisance pour bien des pays d’Europe, mais ce fut la cause de la destruction de la République de Rome (pré-impériale). Cette réalité, cette vérité, ne datent pas d’hier, du Québec ou des indépendantistes, mais d’un fait de civilisation : https://www.youtube.com/watch?v=cfCy5c0kyhU
Vous n’avez plus qu’à rire de bonheur M. Munyabagisha, moi j’en suis plutôt dégoûté quand je pense à notre survie de Québécois-Français menacée outrageusement et aux maltraitances impunies subies par les nations de par le monde!
Les réconciliations ne passent pas par l’indifférence, mais le respect des États-nations et l’expulsion des multiculturalismes artificiels, défendus par des Charles Taylor philosophes de moulins à vent missionnaires d'apocalypses commandités par The Rockfeller foundation ou ces carriéristes anti-laïcards style dandy à la Georges Leroux de l’UQÀM. Leur métaphysique, loin d'une déconstruction derridienne, cultive des nuages qui ressemblent plus à des Charkaoui orageux et meurtrisseurs aléatoires qu’à l’éclaircie bleue d’une paix sociale basée sur une conscience nationale multiethnique partagée.
Chrystian Lauzon
*Sources : http://ici.radio-canada.ca/regions/colombie-britannique/2013/08/29/002-rapport-selection-immigrants-institut-fraser.shtml ;
https://www.fraserinstitute.org/fr/research-news/news/display.aspx?id=12453
Archives de Vigile Répondre
20 mars 2015Très intéressant cette discussion. Il est important d'en parler. Je crois qu'il s'est mal exprimé et n'as pas nécessairement réfléchi au rôle dans une stratégie globale. À ce sujet je recommande fortement l'article de Vigile de Louis Charlebois http://vigile.net/Grossir-les-rangs-les-Nouveaux
Archives de Vigile Répondre
20 mars 2015Les afro-asiatiques qui quittent leur pays pour venir au froid sont ceux qui sont les moins attachés à leur pays d'origine et souvent les plus ambitieux sur le plan économique. Ils apportent donc du dynamisme économique (psychologique ou monétaire) adossé à une certaine indifférence quant à l'appartenance nationale. Ils ne trouvent pas toujours ici ce qui était le fantasme au motif de leur émigration, mais on ne refait pas son histoire personnelle comme on ne refait pas celle du monde. Le but de l'immigration à notre époque est le mélange des cultures, sous fond d'individualisme, et non le renforcement des nations. Mon grand-père était français. La distance culturelle était moindre, mais il n'a jamais été un Québécois comme mon père, son fils, le fut. Je me demande si les
Québécois auront un jour la force d'attraction pour attirer les immigrants à eux plus que le Canada. Compte tenu des enjeux, vus de l'immigrant moyen, la valeur sûre sera toujours du coté du Canada pour la majorité d'entre eux. Les problèmes irrésolus du Québec et son enracinement séculaire ne l'émeuvent pas. Même s'il est vrai que le Québécois oublie son histoire qu'il ne connaît plus, l'immigrant n'a cure de celle-ci en général. Pour ce dernier, 1995 c'est déjà très loin. Je n'accuse pas l'immigrant seul. Nous sommes dans un monde de consommation dans lequel le passé et la tradition ne comptent plus. Pour renverser les choses, il faudrait donc que l'immigrant ne puisse être reçu au Québec sans qu'il renonce à son passeport canadien, qu'il refuse de prêter serment à la Reine d'Angleterre et qu'il jure de servir et de défendre le Québec. Autrement dit, faire ce qu'il fait déjà mais à la faveur du Québec plutôt qu'à la faveur du Canada. Mais il faudrait d'abord que les Québécois renouent avec leur propre trame historique, ce qui ne fait pas l'actualité de la présente course à la chefferie.
Archives de Vigile Répondre
20 mars 2015Il reste que M Péladeau a bien lu la réalité sociologique du Québec actuel. Et il a parfaitement raison, en se basant sur les chiffres, de dire que si la tendance immigratoire se maintient, l'indépendance sera de plus en plus difficile à réaliser.
Un grand principe : « Immigrer dans un pays est un privilège, pas un droit. » Et ce privilège doit se mériter.
Dans le cas du Québec, c’est à l’immigrant qu’il appartient de faire l’effort de s’intégrer à la majorité francophone et de respecter notre mode de vie et nos coutumes. Malgré ce que certains peuvent dire, les Québécois ont été très accueillants, même trop accueillants diront d’autres. Mais notre bonnasserie commence à nous jouer de vilains tours, la moitié des immigrants s’intégrant plutôt à la minorité anglophone, et un grand nombre voulant continuer à vivre comme dans leur pays d’origine.
Plus de 50% des allophones vont au cégep et à l’université en anglais, et commencent ainsi leur vie sociale et adulte en anglais : la meilleure recette pour qu’ils restent anglophones le reste de leurs jours! Alors, doit-on continuer d’accueillir au Québec plus de 50 000 nouveaux immigrants par année, proportionnellement plus que tout autre pays qui n’est même pas menacé de survie ? La tendance est très inquiétante pour le peuple québécois francophone. On se tire dans le pied.
Nous avons pleinement le droit d'être et de demeurer ce que nous sommes. Les Québécois ont le droit de conserver leur identité francophone et de culture chrétienne. Ils ont le droit d’être différents des autres peuples, ni meilleurs ni pires, comme tous les autres pays ou nations qui ont des langues et des cultures qui leur sont propres.
Archives de Vigile Répondre
20 mars 2015Entrevue de PKP par Benoit Dutrizac 19-03-2015
http://www.985fm.ca/lecteur/audio/pierre-karl-peladeau-est-en-studio-et-revient-sur-264233.mp3