Un animateur de radio qui traite un candidat et son chef de tapettes, une opinion publique qui condamne ses propos en bloc et un propriétaire de station qui débranche le micro. L'épisode Louis Champagne-Sylvain Gaudreault-André Boisclair nous a fourni un instantané très juste de l'homophobie au Québec.
En bas à droite, un animateur populiste convaincu, sans doute avec raison, qu'il subsiste encore assez de préjugés à l'endroit des gais pour qu'il soit rentable de les monter en épingle. Dans tous les coins, des commentateurs horrifiés par un tel étalage de stupidité haineuse. Et au beau milieu, deux politiciens gais qui, comme la plupart des candidats, aimeraient bien parler d'autre chose que de leur orientation sexuelle.
Les lesbiennes, gais, bisexuels et transgenres (LGBT) ont acquis beaucoup de droits au cours des dernières années. Les conjoints de même sexe peuvent non seulement se marier, mais aussi inscrire leurs deux noms sur le certificat de naissance d'un enfant. Cette égalité juridique ne donne toutefois pas un accès automatique à l'égalité sociale. Les LGBT font encore l'objet de discrimination dans tous les domaines, souligne un rapport publié mardi par la Commission des droits de la personne.
À l'origine de cette discrimination, il y a parfois de l'homophobie, bien sûr, mais surtout beaucoup d'ignorance. C'est ainsi que des médecins, croyant que les lesbiennes ne risquent pas de développer un cancer du col de l'utérus ou une infection transmissible sexuellement, ne leur proposent pas de dépistage. Ou que des fonctionnaires ne renseignent pas correctement les conjoints homosexuels qui s'informent du congé parental.
La Commission réclame donc une politique nationale de lutte contre l'homophobie, et la création d'une structure administrative pour la mettre en oeuvre.
Le principe est louable, mais son application laisse à désirer. Dans un monde idéal, un secrétariat ou un office des LGBT ordonnerait aux services gouvernementaux de modifier leurs formulaires, brochures et directives pour tenir compte de cette minorité. Dans le monde dans lequel nous vivons, on n'arrivera jamais à rien de cette façon. Les secrétariats et autres coquilles d'État ont bien peu de pouvoir sur le reste de la machine.
Si l'on veut des progrès significatifs dans un délai raisonnable, il va falloir y aller par priorités. En commençant par la santé, et l'éducation. Les trois quarts des intervenants en milieu scolaire sont témoins d'homophobie, mais manquent de formation et même d'information sur les réalités homosexuelles. Comment voulez-vous qu'ils interviennent? L'école est pourtant un endroit idéal pour le faire. D'abord, parce que le contexte est naturellement propice à l'apprentissage. Et surtout, parce que les minorités sexuelles s'y sentent particulièrement vulnérables. L'isolement et l'intimidation en poussent plusieurs au décrochage, ou même au suicide. Si on veut que le style d'animation à la Louis Champagne finisse un jour au placard de l'histoire, c'est là qu'il faut commencer.
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