L’Europe est-elle un espace politique ?

IDÉES - la polis

Dans ce texte écrit au lendemain du referendum de 2005, le philosophe Marcel Gauchet développe son analyse du processus de la construction européenne et interroge la nature de cette institution, marquée dès l’origine par une « indéfinition prudente » entre fédéralisme et souverainetés nationales. La chute du mur de Berlin est pour lui le tournant déterminant : « Il est devenu flagrant que l’objet, même lointain, de la construction européenne n’était pas la fusion des anciennes nations au profit d’une nouvelle. » L’Europe, dès lors, allait adopter pour fondement « l’universalisme de l’individu ». Ce nouveau principe, écrit-il, « s’est installé au cœur de l’Europe ; il est subrepticement devenu le moteur moral de sa construction ; il l’a emportée vers l’utopie du dépassement du politique par le droit. » Ayant abandonné, faute de pouvoir l’occuper en raison de son hétérogénéité croissante au fur et à mesure de son élargissement, le terrain du politique, l’Europe « ne procure pas d’identité ; elle ne donne pas de quoi se situer et se définir dans le temps et dans l’espace. » Cette incapacité structurelle de l’Europe à exister en tant qu’espace politique, ne laisse selon lui d’autre choix que de reconsidérer la place de la nation. « Aucune gouvernance, si sophistiquée qu’elle soit, ne viendra à bout de l’exigence de se gouverner, laquelle suppose de renouer avec le cadre qui la rend possible. Il n’y a d’autre issue que de revenir au politique là où il se trouve et où il est destiné à rester, dans les États-nations. »
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Les échéances se précipitent parfois. Le "problème européen", [...], est arrivé à l’ordre du jour encore plus vite qu’il ne paraissait prévisible. La désaffection des peuples vis-à-vis de "l’Europe telle qu’elle est" qu’a révélé le rejet du Traité constitutionnel par les électeurs français et hollandais les 29 mai et 1er juin 2005, l’a installé sur le devant de la scène. Sûrement de multiples motifs circonstanciels et nationaux se sont-ils conjugués dans ces votes. Reste qu’ils ne s’y réduisent pas. Ils ont aussi procédé en profondeur d’une crise de définition de la construction européenne que la solennité de la démarche constitutionnelle a fait ressortir malgré elle en prétendant la conjurer.
L’élargissement a rendu criante une difficulté que les officiels voulaient ne pas voir. En se développant, l’Europe politique a changé de nature, d’une manière qui eût exigé de repenser son objet et les institutions adéquates à son dessein. En n’assumant pas cette transformation et en s’acharnant à enfermer le nouveau dans le corset de l’ancien, elle est devenue un carcan anti-politique, ne répondant à aucune des attentes que les peuples placent dans une communauté politique et sécrétant la désorientation et l’anxiété. C’est sur les causes de ce déraillement que je voudrais revenir.[...]
De nombreux observateurs avaient souligné, au début des années 1990, le défi que représentait la disparition de la menace soviétique pour la construction européenne. Force est de constater, quinze ans après, que leurs avertissements ont été aussi prophétiques qu’inutiles. L’Europe a très mal négocié ce tournant capital. On voit bien, rétrospectivement, que l’impératif de défense commune tenait lieu de dimension politique au projet européen, et pas seulement en pratique, mais tout autant sur un plan identitaire. Face à a menace totalitaire, il définissait un idéal partagé, une façon d’être en commun rendant dérisoire les affrontements du passé. C’est à l’abri de cette nécessité qu’a pu prendre corps, à partir de 1958, un rapprochement institutionnalisé des nations européennes, sur la base de la pacification irréversible de leurs rapports dorénavant acquise - il importe de le rappeler, contre un renversement propagandiste de l’ordre des facteurs devenu routinier : c’est la paix des nations qui a permis la construction européenne, et non l’inverse. L’horizon lointain, mais prégnant, de cette démarche d’intégration était celui de la formation d’une nouvelle nation, capable de relever le défi de la taille à l’échelle d’un monde dominé par la confrontation de l’Union Soviétique et des États-Unis. En attendant, afin de ménager les susceptibilités du passé tout en préparant l’avenir, l’entité émergente restait dans une indéfinition prudente, le système institutionnel s’arrêtant à un compromis entre un embryon de fédéralisme et une coopération intergouvernementale étroite.
S’il est un épisode qui a montré la fécondité de cette équation fondatrice, du point de vue français, c’est la relance de l’option européenne engagée par François Miterrand à partir de 1983, au titre de grand dessein du règne destiné à faire oublier l’écroulement du rêve de la construction du socialisme dans un seul pays.[...] L’Europe sera pour la France le moyen de retrouver, grâce à la souveraineté partagée, un rôle dont à elle seule elle n’a plus les moyens. Il est essentiel de se souvenir de cette promesse pour comprendre la désillusion amenée par les changements ultérieurs.
Car 1989 et ses suites ont entièrement redistribué les cartes.[...] La désagrégation de l’ennemi communiste a fonctionné comme une levée du principe de réalité. Elle a libéré le développement d’une bouffée d’onirisme idéologique, mais sous couvert de laquelle s’est joué un phénomène on ne peut plus effectif, une métamorphose de l’État-nation, le parachèvement d’une transformation du politique engagée de longue main. L’aspect le plus spectaculaire du changement a été l’appel d’air créé par l’émancipation des peuples auparavant sous la domination soviétique, lequel s’est soldé par l’élargissement à vingt-cinq, en attendant la suite. Celui-ci a porté en pleine lumière une donnée qui était déjà acquise, à dire vrai, du temps de l’Europe à quinze, mais que l’accroissement de l’hétérogénéité des composantes a rendu patente, à savoir l’évacuation de l’horizon national.
Il est devenu flagrant que l’objet, même lointain, de la construction européenne n’était pas la fusion des anciennes nations au profit d’une nouvelle. S’il est une nation qui s’est effacée de la scène durant cette phase que la fortune du vocable de "post-national" résume à merveille, c’est la nation européenne virtuelle. L’originalité de l’entreprise, a-t-il fallu se résoudre à admettre, est d’associer étroitement des nations qui n’ont pas vocation à disparaître au sein d’une entité de rang supérieure. Loin de l’idée que s’en faisaient ses Pères fondateurs, la construction européenne s’est révélée être, en fait, l’amorce d’une fédération mondiale des États-nations. Sans doute constitue-t-elle par force une puissance régionale. Mais son destin n’est pas de s’affirmer dans sa particularité géographique et civilisationnelle. Elle est ouverte dans son principe. Son génie est cosmopolite.
Sauf que les institutions n’ont pas suivi cette évolution, pour des raisons qui sont aisément compréhensibles, l’inertie qui s’attache à des compromis laborieusement négociés, les succès du passé qui ont fait croire qu’on pouvait augmenter le nombre de partenaires sans modifier substantiellement les mécanismes. Non seulement elles n’ont pas accompagné le mouvement, mais elles ont plutôt marché en sens inverse, vers "une union toujours plus étroite" de type fédéral, de par l’intégration monétaire qui s’est imposée comme la première réponse à la disparition du rideau de fer. D’où le porte-à-faux entre les attentes confuses des citoyens et cette machinerie que la démarche constitutionnelle a maladroitement tenté de pérenniser en l’adaptant à la marge. Elle ne procure plus son débouché normal au genre de société politique que l’Europe est devenue sans s’en rendre compte. Il en résulte une crise de légitimité rampante, à ne pas confondre avec le "déficit démocratique" depuis longtemps répertorié
Le maître-mot en lequel confluent les différents aspects de la métamorphose est celui d’universalisme. Il résume les transformations effectives du politique qui sont intervenues, en même temps que les illusions sous le voile desquelles elles se sont effectuées. [...] En réalité, la métamorphose a consacré les États-nations comme unités collectives de base, mais sous une figure inédite qui les rend méconnaissables, au regard des repères traditionnels, et dans une fonction, de surcroît, qui tend par nature a être méconnue. [...]
L’impératif militaire, en présence d’un ennemi redoutable, maintenait l’identification du politique dans sa teneur la plus classique, la force armée, l’emprise coercitive sur un territoire aux fins de défense vis-à-vis de l’extérieur. L’effacement de son urgence a libéré une transformation engagée de longue main, depuis un bon siècle, dont l’édification de l’État social et de l’État de régulation dans l’après 45 avait représenté déjà une étape majeure, mais qui a brusquement trouvé, dans l’euphorie post-totalitaire, les conditions de son parachèvement. L’État nation a basculé dans l’infrastructure. Il a cessé de faire figure d’instance de contrainte extérieure et supérieure à la collectivité pour devenir une instance de production de l’espace collectif par en dessous. Il est devenu potentiellement invisible, au profit de sa créature, l’individu de droit universel, dégagé dans l’opération de ses dettes et obligations envers la collectivité, et rendu libre, lui l’enfant de la société, de se penser comme un être de la nature.
Cet universalisme des droits de l’homme s’est épanoui idéologiquement au travers d’un procès en règle du passé, instruit spécialement au titre du péché de "nationalisme", supposé avoir constitué la matrice des iniquités et oppressions sans nombre dont l’individu a été victime. L’Europe s’est ainsi muée en terre des expiations ; elle s’est mise à redéfinir son identité à partir d’une répudiation masochiste de son histoire pouvant confiner à la haine de soi.
Dans un premier temps, l’universalisme de l’individu a représenté un adjuvant de poids à la démarche européenne, en disqualifiant les frontières et l’étroitesse de la vieille politique selon la souveraineté, jusqu’à recycler les restes de l’internationalisme prolétarien à son service. Il a consacré la perspective post-nationale comme la seule adéquate à un être de droit bâti pour ne s’enfermer dans aucune limite. Mais dans un second temps, sur sa lancée, on l’a dit, il a tout autant sapé de l’intérieur l’idée d’une nation fédérale bornée dans son territoire et restreinte à un "club chrétien". Il a été un levier déterminant pour imposer l’élargissement à l’est et pour rendre imparable la candidature de la Turquie. C’est un nouveau principe de définition qui s’est installé au cœur de l’Europe ; il est subrepticement devenu le moteur moral de sa construction ; il l’a emportée vers l’utopie du dépassement du politique par le droit.
L’irréalité de ce dessein est directement à la source de l’incertitude anxieuse qui a précipité le rejet des peuples. Elle a ajouté aux difficultés pratiques, déjà grandes, du nombre et de l’hétérogénéité une dose fatale de dosage symbolique. Elle a fait de l’Union européenne un objet à ce point non-identifiable qu’il a cessé d’être un objet politique -entendons un objet satisfaisant aux besoins primordiaux de l’animal politique. En même temps qu’elle est présentée comme le seul horizon d’appartenance possible par rapport aux misérables "égoïsmes nationaux" du passé, l’Europe ne répond pas aux attentes fondamentales que les citoyens placent (de manière largement inconsciente désormais) dans l’appartenance à une communauté politique (et d’autant plus qu’ils se sentent faibles et démunis). Elle ne protège pas, et pas au sens technique étroit de la "défense", mais de la circonscription d’une entité cohérente soucieuse d’exister en tant que telle et apportant de ce fait à la vulnérabilité des personnes l’abri de la compacité d’un collectif.
Elle ne procure pas d’identité ; elle ne donne pas de quoi se situer et se définir dans le temps et dans l’espace ; elle ne dit pas aux individus ce qu’ils sont, compte tenue d’une histoire assumée et d’une situation dans le monde. Elle ne fournit pas la base d’une projection, à la fois dans le collectif et dans le futur, projection qui, au sein de l’univers démocratique, prend la forme particulièrement exigeante d’une ambition débattue et maîtrisée en commun. Faute de satisfaire ces réquisitions constituantes, elle est perçue au contraire sous le signe de la menace, de la dissolution, de la dépossession.
On ne s’étonnera pas, soit dit au passage, que ces sentiments de frustration se soient manifestés avec une vigueur spéciale en France. La déception est à la hauteur des flatteuses espérances qui avaient été investies sur une "Europe puissance" supposée permettre un rôle que l’État-nation n’était plus en mesure d’exercer. Non seulement le prolongement annoncé ne ressemble guère aux projections locales, non seulement l’Europe se révèle de moins en moins française, mais elle se présente comme le théâtre de la déconstruction de ce que la patrie de la politique admettait tacitement, depuis son advenue, comme le foyer de son existence. Pour un pays où il n’existe pas, de par l’histoire, de support alternatif à la scène politique pour l’identification du collectif, le choc en retour est rude.[...]
Toutefois, cette impasse où la conjonction des circonstances et de l’idéologie a fourvoyé l’Europe n’est pas le dernier mot de la situation.[...] Les nations ont achevé d’intégrer dans leur idée opératoire d’elles-mêmes les dimensions qui sont à la base de leur construction depuis le départ, à savoir leur similitude dans la pluralité. Elles n’existent qu’à plusieurs et qu’en rapport les unes avec les autres ; elles sont taillées sur le même patron ; elles se consacrent à la même tâche. En d’autres termes, elles sont semblables dans leur politique et dans leur fonction historique ; elles participent d’une double universalité subtilement combinée, en tant que creusets de la démocratie et que laboratoires de la civilisation.
La prise de conscience de cette parenté foncière a représenté une véritable révolution intellectuelle et morale. Elle a liquidé les bases cognitives des égocentrismes nationaux ; elle a rendu l’autarcie impossible ; elle a vidé de sens les prétentions à l’hégémonie au nom d’une vocation unique et prééminente. En un mot, elle a introduit l’égalité au sein des rapports internationaux, avec ses corollaires, l’ouverture des partenaires les uns sur les autres et la possibilité d’une consociation entre eux fondée sur le sentiment de l’œuvre conduite en commun. Point capital, c’est l’accomplissement des nations, ainsi, qui a rendu le nationalisme obsolète et banni la guerre de l’espace européen.
Dans un premier temps, cette révolution cosmopolitique silencieuse a contribué à conforter le règne de l’universalisme juridique, en abaissant les frontières, en alimentant, sur la base des nations, le mirage d’un espace des individus situé au-delà d’elles. Elle a nourri cette projection avec d’autant plus de force qu’elle a simultanément changé l’esprit, la direction, la teneur de la construction européenne, en modifiant, de la même manière subreptice, son principe de composition, en y injectant une dynamique universaliste. L’horizon a basculé ; il a cessé d’être l’édification d’une nation européenne particulière pour devenir la formation d’une communauté des nations à vocation universelle, en droit ouverte à toutes celles qui se reconnaissent dans les conditions de ce processus de mise en commun.[...]
Toujours est-il que l’irruption de cet universalisme en extension derrière l’universalisme en compréhension centré sur l’atome individuel a sans doute été le facteur supplémentaire de déstabilisation et de brouillage qui a déterminé la crise. La combinaison de l’élargissement du théâtre d’application avec l’effacement du politique a multiplié les incertitudes. Les effets de cette dynamique fédératrice ne s’arrêtent pas là, cependant. Ils vont beaucoup plus loin. Si la redéfinition des unités politiques et de leur mode de coexistence a commencé par accroître l’improbabilité de l’agrégat, elle est porteuse d’une alternative, dans un second temps. Elle contient en germe un recentrage de l’ensemble.
L’évanouissement de la figure de la nation européenne ramène aux nations d’Europe en tant que supports de la volonté seule capable de faire vivre leur association. [...] Aucune gouvernance, si sophistiquée qu’elle soit, ne viendra à bout de l’exigence de se gouverner, laquelle suppose de renouer avec le cadre qui la rend possible. Il n’y a d’autre issue que de revenir au politique là où il se trouve et où il est destiné à rester, dans les États-nations. Il est à réinvestir, au terme de sa métamorphose, en tant qu’infrastructure d’une démocratie cosmopolite. Car l’idéal de l’autogouvernement, là réside la grande nouveauté de l’heure, est devenue inséparable de l’autogouvernement à plusieurs. Se gouverner ne s’entend qu’en se gouvernant avec d’autres.
C’est cette solidarité des démocraties qu’il s’agit d’aménager en renouvelant l’esprit des institutions où elle a pris corps. Elle demande, vers l’intérieur, une clarification de la règle de subsidiarité distinguant entre ce qui ne peut être valablement fait qu’en commun et ce qui gagne à être accompli chacun par devers soi. Elle requiert, vers l’extérieur, la maîtrise de l’ouverture à d’autres partenaires qui est dans son programme génétique.
La nouvelle Europe en train de décanter au milieu de la confusion propre à ce genre de tournants historiques sera une Europe des peuples à horizon mondial. Cet universalisme est son génie distinctif ; elle ne peut y renoncer sans se nier. Il est en même temps sa croix pratique, sa difficulté d’être constitutive ; elle ne peut s’y abandonner sans risquer de se perdre. Son avenir dépendra de sa capacité à faire face aux redoutables questions qui en naissent.
Comment concilier la défense des intérêts de l’ensemble existant avec l’hospitalité vis-à-vis de ses membres potentiels ? Comment accorder la préservation de la spécificité du noyau européen d’origine avec la vocation à s’étendre du mécanisme initié en Europe ? Tels sont les dilemmes avec lesquels il va falloir vivre. Ils ne seront valablement affrontés que s’ils sont débattus de la manière la plus ouverte possible, au rebours de l’opacité oligarchique qui a prévalu jusqu’à présent. Ils réclament à la fois de l’imagination et du réalisme, loin de la mixture de bureaucratie et de bons sentiments qui menacent de nous engloutir -que vaut l’idéalisme des fins sans le réalisme des moyens ?
C’est à ce prix que l’Europe restera à la hauteur de son histoire et de sa puissance d’invention. La chance qui lui est offerte est de se transcender, de se porter au-delà de ses limites en devenant le laboratoire de la démocratie mondiale sans État mondial qui constitue notre nouvel horizon. Comment des communautés qui se gouvernent elles-mêmes se gouvernent-elles ensemble ? Elle est placée, de par son histoire, pour être pionnière en la matière. Elle est forte d’une expérience à nulle autre pareille, en ce qui concerne la dialectique de la singularité des nations et de l’universalité de la civilisation formant la trame de cette société du genre humain en gestation. Saura-t-elle la faire fructifier, au moment où elle prend sens à l’échelle de la planète entière ? Il lui reste toujours la possibilité, il est vrai, de se contenter du rôle de continent des retraités de l’histoire, confits en remords vains et en moralisme sénile.
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Par Marcel Gauchet, La Nouvelle Europe, in La condition politique, juillet 2005 (extraits)
Publication originale : Marcel Gauchet, La Condition Politique, via le Forum d’Etienne Chouard

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Marcel Gauchet, né en 1946 à Poilley (Manche), est un historien et philosophe français. Il est actuellement directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, au Centre de recherches politiques Raymond-Aron et rédacteur en chef de la revue Le Débat.

[WIKI->http://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Gauchet]





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