Quand les parents sont aux côtés des professeurs, quand les commissions scolaires choisissent de fermer les écoles un jour de grève, c’est qu’il y a quelque chose qui ne tourne vraiment plus rond dans le monde scolaire.
Rationnellement, il serait sage, dans l’actuel bras de fer qui oppose les enseignants au gouvernement, de distinguer les négociations des conventions collectives de l’impact beaucoup plus large de l’austérité. Mais celle-ci affectant celles-là, la manifestation de mercredi envoyait surtout le message d’un immense ras-le-bol.
Ce gouvernement ne s’intéresse pas à l’éducation telle qu’elle se porte dans la vraie vie, préférant, comme on l’a vu le week-end dernier, le débat d’idées plutôt que celui qui se vit sur le terrain, où les professeurs sont fatigués de tout ce qu’on leur demande de récupérer avec un soutien qui n’est jamais acquis, en dépit des sommes investies en éducation ces dernières années. La valorisation manque aussi : enseigner au primaire ou au secondaire n’est ni encouragé par la société, ni prestigieux, ni très payant.
Encore qu’il faille faire attention présentement à une certaine rhétorique syndicale, propre à un climat de négos. Il est faux par exemple de prétendre que Québec veut augmenter la semaine de travail des enseignants sans compensation salariale. En fait, depuis la négociation de 2002, ceux-ci sont payés pour une semaine de travail de 40 heures — en font foi leur échelle salariale et les relevés d’assurance-emploi — avec exigence d’en passer 32 à l’école, comme stipulé dans la convention collective. Les autres heures sont associées à du travail à la maison. Le gouvernement veut maintenant que dans le cadre de ces 40 heures, 35 soient faites à l’école. Il n’y a pas là de quoi déchirer sa chemise.
Par contre, le nombre d’élèves par classe, notamment ceux qui ont des difficultés d’apprentissage, est, lui, un enjeu de société qui dépasse la négociation classique. Québec, à l’époque du gouvernement Charest, avait finalement été convaincu de diminuer les ratios, un véritable gain pour la qualité de l’enseignement. Mais la logique comptable est revenue au galop : cette hausse de la masse salariale n’a pas eu les résultats escomptés sur la réussite des élèves, ont relevé des gestionnaires de l’enseignement. Professeurs et élèves n’ayant pas été consultés, nul n’a toutefois mesuré le souffle d’air que cela a permis dans les classes. Dans un univers scolaire plus hétéroclite que jamais, il faut être loin du terrain pour ne pas comprendre que deux élèves de plus ou de moins font une énorme différence ! Les professeurs le vivent, les parents le savent, les élèves le subissent. Le gouvernement Couillard doit l’entendre.
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