Dossier des taxes scolaires

L’échiquier électoral se précise

Tribune libre

On se souviendra qu’au printemps 2013, le gouvernement Marois imposait des compressions de 200 millions $ aux commissions scolaires à la suite de l’abolition de la péréquation, une décision qui a conduit à des augmentations de taxes parfois substantielles de la part des commissions scolaires.
Il est important aussi de se rappeler, qu’au moment de cette annonce de compressions, la ministre de l’Éducation, Marie Malavoy, avait ouvert la porte aux directions de commissions scolaires en déclarant qu’elles avaient toute juridiction pour augmenter les taxes aux contribuables.
Or, aujourd’hui, Québec impose aux commissions scolaires une réduction de la facture des contribuables de 100 millions $ sur deux ans et, pour les aider à dégager les sommes nécessaires, soit 50 millions $ respectivement pour 2014-2015 et 2015-2016, la ministre de l'Éducation annonce la création d'un comité d'experts pour revoir leur financement et leur gestion. «On pense qu'il faut un regard externe de gens qui ne sont pas spécialistes en éducation», a plaidé Marie Malavoy, interrogée à savoir s'il s'agissait d'un désaveu pour les commissions scolaires.
Un comité d’ « experts » qui « ne sont pas spécialistes en éducation »!…Disons que la logique de Mme Malavoy en prend un bon coup! De toute façon, la création de ce comité, qui agira sans la présence des principaux intervenants, représente, à mon avis, une mesure infantilisante qui incarne une forme de désaveu envers les compétences des directions des commissions scolaires et ne fera que jeter de l’huile sur le feu qui est déjà assez attisé.
Par ailleurs, j’ai beaucoup de difficulté avec l’argument massue et fourre-tout du gouvernement qui réplique à toutes compressions budgétaires qu’elles n’affecteront pas les services aux usagers, en l’occurrence ici les services aux élèves, la ministre alléguant que son ministère a versé la somme plutôt « modeste » de 2,8 millions $ de plus cette année pour les services pédagogiques offerts aux écoles.
De l’autre côté de la table, la présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec, Josée Bouchard, à raison, se montre inquiète quant à l'avenir des commissions scolaires alors que la première ministre, Pauline Marois, aurait indiqué lors de leur rencontre du 1er octobre que toutes les avenues étaient étudiées par un comité chargé d'évaluer les modes de gouvernance du système scolaire.
À cet effet, Mme Bouchard voit dans la dernière approche du gouvernement Marois une stratégie électoraliste visant à faire le plein de votes chez les électeurs de la Coalition avenir Québec, qui prônent l'abolition des commissions scolaires.
En bref, si vous regroupez, sur un échiquier, la bonne performance du gouvernement dans la tragédie de Lac-Mégantic, l’objectif du déficit zéro, le projet de Charte des valeurs québécoises et le dossier des taxes scolaires qui pourrait aboutir à une remise en question de la survie des commissions scolaires, vous obtenez des pièces majeures sur un prochain échiquier électoral…Un printemps chaud peut-être!

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Henri Marineau2095 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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4 commentaires

  • Luc Bertrand Répondre

    4 octobre 2013

    Effectivement, monsieur Carmichael, à la place de Pauline Marois, je ne pavoiserais pas trop vite avec sa charte. Jacques Parizeau et Lucien Bouchard, ses deux belles-mères qui l'ont à l'œil, viennent de lancer tout un pavé dans sa marre. Par contre, les rumeurs d'élection cet automne semblent de plus en plus se confirmer, le journal 24 Heures rapportant aujourd'hui que Pauline Marois aurait demandé à son caucus de se tenir prêt à lancer la machine électorale et le DGEQ commençant à réserver des bureaux pour un éventuel scrutin.
    J'imagine que le PQ consultera ses sondages internes avant de prendre la décision ultime, mais moi non plus je ne crois pas à une victoire facile des troupes de Pauline Marois. On doit certainement soupeser les chances du parti depuis l'annonce du projet de charte par rapport à celles du printemps prochain. Il y a fort à parier, à ce moment-là, que la Commission Charbonneau en aura terminé avec les libéraux et aura cogné à la porte du PQ. Et, comme on s'y attend avec le budget impossible d'une province, les libéraux et la CAQ provoqueront la chute du gouvernement si les sondages les placent en meilleure position que cet automne.

  • Archives de Vigile Répondre

    4 octobre 2013

    Le projet de charte des valeurs: Qu'est qui vous fait dire que ce facteur fera gagner des votes au PQ?
    Ce n'est pas parce que quelqu'un s'exprime en faveur de la charte qu'il va nécessairement voter PQ. Charte ou pas, le noyau dur du PLQ va voter PLQ, et le noyau dur du PQ va voter PQ. Par contre, la charte fera que la grande majorité des immigrants ne voteront pas PQ, ni CAQ.
    Ceux qui restent vont sans doute se partager de façon pas mal imprévisible.
    Donc, selon moi, il est loin d'être évident que la charte sera un facteur gagnant pour le PQ. Peut-être que le PQ a en main des sondages supposément fiables et solides. Toutefois, on sait maintenant qu'il faut être très prudent avec ces outils.
    Il faut aussi considérer ce qu'il reste dans la caisse. A-t-on ce qu'il faut pour financer maintenant une campagne électorale? À cet égard, je crois que la caisse du PLQ est sans doute mieux garnie que celle du PQ.
    Le PQ peut sans doute se péter les bretelles pour le dossier de Lac Mégantic, mais on ne gagnera pas une élection avec cela.
    Finalement, si le PQ lance des élections de sa propre initiative, cela déplaira souverainement à une partie de l'électorat. idéalement, il faudrait que ce soit les oppositions qui forcent des élections en défaisant le gouvernement.
    Pour ma part, je ne crois donc pas que les astres présentent un alignement en faveur du PQ. Je doute même que cela puisse produire en 2014.

  • Archives de Vigile Répondre

    3 octobre 2013

    l’objectif du déficit zéro: Je ne suis pas sûr que cela soit un facteur positif pour le PQ. Déficit zéro = coupures, et coupures = grogne. En 2003, Jean Charest a mis la main sur le volant justement parce que le PQ au pouvoir avait fait un trop bon travail dans l'atteinte du déficit zéro.
    Alors que Jean Charest pataugeait en plein déficit, et cherchait (supposément) à balancer le budget, il a sorti le chéquier pour accorder aux commissions scolaires une allocation spéciale TEMPORAIRE de $400 millions. Pourquoi cette soudaine générosité alors qu'on arrive pas à boucler son budget?
    Cela ressemble drôlement à un cadeau empoisonné qu'il léguait au PQ. Il savait que le PQ allait hériter d'une situation économique impossible. Il savait aussi que le PQ ambitionne de se donner une crédibilité économique, et qu'il ferait du déficit zéro une obsession. On répète donc le scénario de 2003: On laisse le PQ se discréditer avec l'objectif du déficit zéro, et on récolte les insatisfaits à la prochaine élection.
    Arrive le PQ au pouvoir, et il voit en cette allocation TEMPORAIRE un moyen facile de réduire son déficit. Alors, il coupe $200M, et veut en faire porter le chapeau aux commissions scolaires. Or, il semble bien que celles-ci refuse de porter le chapeau, et feront sûr de faire savoir à la population à qui appartient le chapeau.
    Donc, selon moi, l'atteinte du déficit zéro pour le PQ est bien plus un passif qu'un actif.
    , le projet de Charte des valeurs québécoises et le dossier des taxes scolaires qui pourrait aboutir à une remise en question de la survie des commissions scolaires,

  • Luc Bertrand Répondre

    3 octobre 2013

    C'est exactement cet échiquier qui est en train de se constituer qui fait craindre à Jean-Claude St-André le pire d'ici Noël. On pourrait également ajouter les perquisitions récentes faites par l'UPAC et l'escouade Marteau auprès de la permanence du PLQ et de Philippe Couillard, qui ne font qu'ajouter au discrédit de la "marque de commerce" libérale depuis les débuts de la Commission Charbonneau.
    C'est la raison fondamentale du retrait de sa candidature à la course à la direction. Selon ses indications, le parti s'en va directement dans le mur advenant cette élection précipitée, quand bien même il remportait la course devant Sol Zanetti et Nic Payne.
    Devant son comité d'organisateurs montréalais, lorsqu'il a affirmé que ses contacts encore au sein du PQ confirmaient l'intention de Pauline Marois de se servir de la question identitaire pour, non seulement chercher à obtenir une majorité, mais également étouffer les partis émergents (ON, QS), j'ai ajouté que je la voyais déjà sommer les indépendantistes de choisir entre sa charte des droits et le retour de la racaille libérale! Un peu comme George W. Bush avec son "If you're not with us, you're against us".
    Je partage votre déception de la tournure des événements qui semble se précipiter. JCSA dit même que plus on parlera d'indépendance, plus les gens appuiront le PQ!
    Vous comprenez maintenant que c'est la realpolitik provincialiste québécoise qui vient nous frapper de plein fouet! C'est pourquoi il croit que, peu importe qui sera le chef d'ON le 26 octobre prochain, il ne résistera pas au "test du réel", le tribunal du peuple. Il préconise donc que nos arguments rejoignent le plus possible le quotidien du commun des mortels. C'est tout un contrat qui attend Sol Zanetti et Nic Payne! Mais ils pourront compter sur lui pour défendre le parti dans un des comtés du Québec.