L’Assemblée nationale invite tous les commerçants à accueillir leurs clients avec un « bonjour » bien senti. Fini le « bonjour-hi ».
« Ce qu’on voulait faire, c’est affirmer la primauté du français [et] inviter les commerçants à répondre “bonjour”, puis avec le sourire », a déclaré le premier ministre Philippe Couillard jeudi, soit 24 heures après le dévoilement de nouvelles données montrant la croissance du bilinguisme en milieu de travail.
La ministre responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française, Marie Montpetit, avait qualifié l’expression « bonjour-hi » d’« irritant » sur le plateau de l’émission Mario Dumont vendredi dernier.
Le chef de l’opposition officielle, Jean-François Lisée, a cherché à savoir jeudi avant-midi si les autres membres du gouvernement — à commencer par M. Couillard — étaient du même avis. Pour y arriver, il a déposé un projet de motion stipulant notamment que « l’expression “bonjour-hi” ne reflète pas le statut du français et constitue au contraire un irritant ».
M. Couillard a reproché à son adversaire péquiste de vouloir « générer une crise artificielle, un affrontement entre la langue anglaise et la langue française au Québec ». « Le choix des mots a un sens », a-t-il souligné en Chambre.
M. Lisée et M. Couillard ont revu le libellé de la motion en séance plénière. Ils en sont arrivés à ce compromis : « Que l’Assemblée nationale réaffirme clairement à tous que le français est la langue officielle et commune du Québec ; qu’elle prenne acte que 94 % des résidents du Québec comprennent le français ; qu’elle rappelle que le mot “bonjour” est un des mots de la langue française les plus connus chez les non-francophones du monde ; qu’elle rappelle que ce mot exprime magnifiquement la convivialité québécoise ; qu’en conséquence, elle invite tous les commerçants et tous les salariés qui sont en contact avec la clientèle locale et [la clientèle] internationale de les accueillir chaleureusement avec le mot “bonjour”. »
Tous les élus présents en Chambre s’y sont ralliés (pour : 111, contre : 0, abstention : 0).
La ministre de la Culture et des Communications, Marie Montpetit, aurait dû tourner sept fois sa langue avant de parler, a reconnu implicitement M. Couillard à la sortie du Salon bleu de l’Assemblée nationale.
« Qualifier d’“irritant” un mot de langue anglaise, pour nos compatriotes de langue anglaise, ça ne m’apparaissait pas correct », a-t-il fait valoir dans un impromptu de presse.
Mme Montpetit ne s’en est pas formalisée. « On peut passer à autre chose », a-t-elle dit, tout en passant en coup de vent devant les journalistes.