Consultations sur l'avenir des langues officielles

L'arrivée de Bernard Lord réjouit les francophones hors Québec

Recensement 2006 - Langue française

Ottawa -- Les groupes de défense des minorités linguistiques ont applaudi hier à la nomination de l'ex-premier ministre néo-brunswickois Bernard Lord pour piloter une tournée de consultations publiques sur l'avenir des langues officielles. Mais plusieurs voix s'élèvent déjà pour dénoncer le mandat restreint de M. Lord et le double emploi qu'il aura.

Le premier ministre, Stephen Harper, a confirmé hier à Moncton que Bernard Lord consulterait les groupes de défense des minorités linguistiques sur les mesures nécessaires à la sauvegarde et à la promotion des deux langues officielles. L'échéancier de M. Lord est serré: il visitera sept villes en dix jours et remettra un rapport en janvier à la ministre responsable, Josée Verner.
Ottawa a signé avec M. Lord un contrat de 24 950 $ (à partir de 25 000 $, il y aurait dû avoir appel d'offres), incluant les dépenses de déplacement. L'ex-premier ministre conservateur sera à Vancouver dès aujourd'hui, puis Edmonton, Winnipeg, Toronto, Halifax, Moncton et Montréal.
M. Lord s'ajoute à une longue liste de consultants externes que le gouvernement conservateur embauche: Pierre Marc Johnson (rencontre de Bali sur les changements climatiques), David Johnston (future commission d'enquête sur Karlheinz Schreiber), John Manley (mission en Afghanistan).
Dans ce contexte, le chef libéral Stéphane Dion estime que la nomination de Bernard Lord relève du désaveu. Cela démontre, croit-il, «un manque de liens avec les communautés de langues officielles. Être obligé de sortir complètement du gouvernement pour arriver à quelque chose alors qu'ils sont au pouvoir depuis près de deux ans...» Le député néo-démocrate Yvon Godin y voit du «patronage».
M. Godin rappelle que des consultations ont déjà été effectuées. Le comité permanent sur les langues officielles a terminé une étude en mai pour laquelle il avait interrogé 86 groupes. Sans compter la vaste consultation menée dans tout le pays en vue du premier Sommet des communautés francophones et acadiennes, en juin, vaste happening où les parlants français ont élaboré un plan décennal. La ministre Verser était présente. «L'ouvrage a déjà été fait!», lance le député.
La Fédération des communautés francophones et acadiennes ne crache pas aussi vite dans la soupe. «C'est une nomination très positive», estime la présidente Lise Routhier-Boudreau. Selon elle, il faudrait surtout bâtir sur le plan libéral quinquennal qui arrive à échéance le 31 mars prochain et qu'avait rédigé Stéphane Dion. Le plan a été un franc succès pour promouvoir l'immigration et la création de réseaux de santé, dit-elle, mais déficient à l'égard de l'éducation préscolaire.
Le commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, se dit rassuré par le fait que la consultation proposée sera très courte. «Je craignais, lorsque le gouvernement disait vouloir consulter, que ce soit une façon de s'esquiver, d'obtenir des délais, mais le temps prévu est très court. Cela m'a soulagé», dit-il. Il aimerait que le prochain plan pour les langues officielles s'attaque à l'offre culturelle dans les petites communautés: cinéma, bibliothèques, spectacles, etc.
Par ailleurs, tous les partis d'opposition déplorent que le Programme de contestation judiciaire (PCJ), aboli par les conservateurs, ne fasse pas l'objet de cette tournée de consultation. «Ce sera une perte de temps», a tranché M. Duceppe.


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