Un des emblèmes de Montréal, le pont Jacques-Cartier, est maintenant officiellement associé à un autre scandale de corruption alléguée impliquant SNC-Lavalin.
La GRC a déposé des accusations de corruption contre l’ancien PDG des Ponts Jacques-Cartier et Champlain pour des pots-de-vin de 2 millions $ en provenance du géant de la construction.
Michel Fournier est accusé de fraude envers le gouvernement, d’abus de confiance, de possession et de recyclage de biens criminellement obtenus.
«L'enquête concerne des allégations de paiements de pots-de-vin versés à Fournier par SNC-Lavalin inc., explique Brigitte Mineault, porte-parole de la GRC. Les paiements ont été versés à l'époque où le contrat était adjugé à SNC-Lavalin pour des réparations au pont Jacques-Cartier à Montréal.»
La femme de Fournier, Judith Barkley Fournier, est aussi visée par des accusations de possession et recyclage de biens criminellement obtenus.
Le couple doit comparaître au palais de justice de Montréal le 26 septembre.
Intégrité politique
Même si les faits allégués se sont surtout déroulés dans la métropole, la GRC a confié l’enquête à son équipe nationale à Ottawa. «Son mandat consiste à faire enquête sur les menaces d’envergure et de nature délicate se rapportant à l’intégrité politique, économique et sociale du pays», explique Brigitte Mineault.
Michel Fournier était chef de cabinet de Jean Chrétien quand l’ex-premier ministre libéral était dans l'opposition. Son gouvernement l’a ensuite nommé PDG des Ponts Jacques-Cartier et Champlain, en 1998.
SNC-Lavalin a refusé de répondre à nos questions par téléphone.
«Ces accusations concernent des faits remontant à il y a plus de 10 ans, entre 2002 et 2004 approximativement. SNC-Lavalin était au courant de l’existence de cette enquête de la GRC et y a d’ailleurs activement collaboré», écrit un porte-parole dans un courriel.
«À la connaissance de SNC-Lavalin, les faits en lien avec ces accusations de la GRC concernent, outre Michel Fournier, des individus qui ne sont plus à l'emploi de SNC-Lavalin depuis longtemps.»
Compte en Suisse
En juin 2014, Le Journal expliquait que la GRC avait ouvert une enquête sur l’affaire.
Radio-Canada avait déjà révélé un paiement de plus de 1,5 million $ dans un compte bancaire suisse de Fournier.
La justice de ce pays a laissé entendre qu’un total de 4 millions $ a pu être déposé dans ce compte, baptisé «Zorro».
Les pots-de-vin allégués auraient été payés au moment où Les Ponts Jacques-Cartier et Champlain octroyait un contrat de 110 M$ pour la réfection du tablier du pont Jacques-Cartier à SNC-Lavalin, en 2000.
La société fédérale a refusé de commenter, mais dit «collaborer pleinement dans le cadre de l’enquête».
Scandales en série chez SNC-Lavalin
Mars 2015
La GRC accuse SNC-Lavalin de fraude et corruption en Libye. La police fédérale soupçonne de hauts dirigeants de la firme d'avoir versé 47 M$ en pots-de-vin à des représentants du régime de l'ancien dictateur Mouammar Kadhafi afin d'obtenir des contrats en sol libyen.
Février 2015
Accusé de fraude et de blanchiment d'argent en lien avec des projets de SNC-Lavalin, l’ancien vice-président directeur de la firme de génie à Montréal, Sami Bebawi, se rend aux autorités canadiennes.
Septembre 2014
La Sûreté du Québec arrête l'ancien vice-président aux finances de la division construction, Stéphane Roy, dans le cadre de l'enquête sur le contrat du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), attribué à SNC-Lavalin. Il fait face, notamment, à des accusations de fraude et de blanchiment de produits de la criminalité.
Novembre 2012
L’ancien PDG de SNC-Lavalin, Pierre Duhaime, est soupçonné d’avoir versé 22,5 M$ à l’ancien grand patron du CUSM, Arthur Porter, pour décrocher le contrat de construction du mégahôpital montréalais.
Juin 2012
Deux anciens cadres de SNC-Lavalin, Ramesh Shah et Mohammad Ismail, sont accusés de corruption d’agents publics étrangers dans le cadre d’un projet de pont au Bangladesh.
Mai 2012
L'ancien vice-président construction Riadh Ben Aïssa est arrêté en Suisse. Il est accusé de corruption, escroquerie et blanchiment d'argent dans divers contrats de SNC-Lavalin. Il est aussi soupçonné d’avoir trempé dans le versement du pot-de-vin de 22,5 M$ à d’anciens dirigeants du CUSM.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé