L'accommodement... c'est aussi la loi

Tolérance des Québécois / Sondage sur le racisme des Québécois


Là, ça commence à faire, cette hystérie autour de l'accommodement raisonnable. Il n'y a pas de " dérive " autour de cette notion, il n'y a qu'un immense malentendu, bientôt entretenu par quelques politiques, Mario Dumont en tête.
Répétons-le : l'accommodement raisonnable n'est pas un machin inventé pour faire plaisir aux intégristes. C'est une obligation qui pèse notamment sur les employeurs et les pouvoirs publics. De faire quoi? Simplement, dans la mesure du raisonnable, de permettre à des gens qui n'entrent pas dans le moule général de conserver leur job ou d'avoir accès à un service. Quand ça ne dérange pas vraiment, quand il n'y a pas de coût sérieux, quand c'est faisable. Ça s'applique autant aux personnes handicapées qu'aux personnes malades ou qu'aux minorités religieuses.
Dans l'émission spéciale de TVA, mercredi, on a vu la journaliste Julie Marcoux mettre un foulard islamique et tenter d'obtenir un emploi. Une caméra cachée filme la scène. Dans les restaurants où elle postule, l'employeur lui dit qu'il ne voit aucun problème à ce qu'elle porte le foulard au travail. Quand elle demande si elle peut faire sa prière le midi, il lui dit que ce ne sera pas possible, vu que c'est l'heure la plus achalandée de la journée.
À supposer qu'une vraie musulmane se plaigne devant la Cour de ce qu'on lui refuse de faire la prière pendant l'heure de pointe au restaurant, elle n'aurait certainement pas gain de cause. Ce serait trop coûteux, inadapté au resto. L'obligation d'accommodement raisonnable ne va pas jusque-là, comme le bon sens l'indique.
Jusqu'où va-t-elle, cette maudite obligation, alors? Ça dépend. Je sais, je sais, on n'aime pas rester dans le flou. " Ça dépend ", ça manque de clarté. Mario Dumont voudrait qu'on ait une belle Constitution du Québec, ce qui se conçoit parfaitement, mais essentiellement pour " encadrer " la notion. Or, " encadrer " ce qui se décide au cas par cas, c'est décider les choses hors contexte. C'est se tromper. C'est contraire à notre tradition juridique et ce n'est pas sage.
Un foulard n'est pas un niqab. Tous les emplois ne sont pas semblables. On ne gère pas une boulangerie de trois employés comme une usine d'avions. Etc.
Et puis, pourquoi encadrer? Pour éviter " toutes ces décisions absurdes ". Lesquelles? Il y a des gens qui manquent de jugement dans un ou deux CLSC (les cours prénataux interdits aux hommes), dans une école (qui ne veut pas de sapin de Noël), dans un YMCA, et alors? Encadrez-les comme vous voulez, ils n'auront pas meilleur jugement. Et ce n'est pas la faute de l'accommodement raisonnable!
Ce n'est pas vrai " qu'on est rendu à ne plus avoir le droit de parler de Noël au Québec ". Ce n'est pas vrai que la porte est ouverte à " tous les intégrismes ". Le kirpan? J'étais contre la conclusion de la Cour suprême, mais c'est une décision qui se défend, tant le couteau en question est enrubanné.
Mais de vraies décisions judiciaires " absurdes " à ce sujet, quelles sont-elles, M. Dumont? Si on veut écrire une loi suprême, pour encadrer l'application de la Charte québécoise des droits (c'est de là que découle cette obligation), c'est qu'on veut changer le droit, non? Où, quand, comment, pourquoi?
À moins que ce ne soit qu'un coup de publicité populiste - un autre. À moins qu'on se plaise à entretenir la confusion, comme cette question débile posée par la firme Léger Marketing : " Doit-on respecter les lois et règlements du Québec ou accorder des accommodements raisonnables? " Devinez quoi? Tous les Québécois, toutes origines confondues, sont POUR le respect de la loi!
Ç'parce que les accommodements raisonnables, C'EST la loi!


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