Justin Trudeau a tellement mal paru après les attentats de Paris qu’on n’oubliera pas de si tôt sa performance. Le nouveau PM a tout simplement raté son entrée en scène. Le doute s’est installé dans les esprits.

En cette époque trouble, où va donc le Canada? Celui de Trudeau va à l’encontre de la volonté des démocraties occidentales réclamant une action musclée contre l’islam radical.

Le président français François Hollande a parlé comme un chef d’État. M. Trudeau s’en tient à sa cassette électorale!

Le Canada cessera donc ses bombardements en Syrie et en Irak. Mais le Canada, dit-il, «va continuer de s’engager dans la lutte contre l’État islamique». Engagé dans la guerre, mais absent du champ de bataille. On pourra toujours dire qu’on était là, mais dans un rôle nettement moins glorieux qu’en Normandie.

Six avions de trop !

Stephen Harper n’avait pas péché par excès: six avions de chasse aux ordres de l’état-major américain. M. Trudeau estime que le Canada sera plus à l’aise dans la formation militaire et les missions humanitaires. Après les Casques bleus, voilà les Casques mous!

Sur les ondes de la radio d’État, Dominic Leblanc, leader aux Communes du gouvernement Trudeau, a déclaré lundi que le Canada aidera les Kurdes à faire la guerre à l’État islamique.

Les Kurdes sont en guerre depuis quatre ans et contrôlent déjà presque tout le nord de la Syrie. N’est-ce pas plutôt le Canada qui a besoin des Kurdes pour sauver la face...?

Par ailleurs, la Turquie ne voit jamais d’un bon œil les initiatives des Kurdes. Le Canada, l’allié opportuniste, sera dans un sale pétrin si les Turcs ouvrent un nouveau front... C’en sera fini des formations et des bons sentiments!

Soyons prudents !

Ce sont les mêmes bons sentiments qui poussent M. Trudeau à maintenir son engagement d’accueillir au Canada 25 000 réfugiés le plus vite possible. Il devra revoir son échéancier; neutraliser le risque djihadiste exige un peu de patience. Avec un premier ministre responsable, il ne serait pas nécessaire d’insister.

D’autre part, les appels de nos élites à la compassion deviennent exaspérants; le peuple n’est pas sans cœur. Mais il est du devoir des politiciens de lui dire la vérité, à savoir que oui, actuellement et plus que jamais, les risques sont grands d’ouvrir nos portes à des terroristes.

Les gens ont peur, a rappelé le maire de Québec, Régis Labeaume. Oui, soyons généreux, dit-il en substance, mais restons prudents! De toute façon, 25 000 réfugiés de plus ou de moins, avant ou après Noël, ne changeront rien au drame syrien. Ça donnera surtout bonne conscience aux âmes sensibles.

M. Trudeau dit «comprendre» la crainte de la population. Le paradoxe, c’est que la population ne le comprend pas. «Je comprends l’inquiétude des gens, a-t-il dit lundi, c’est quelque chose qu’on a vu depuis longtemps»... Tant de perspicacité laisse bouche bée.

Comme un selfie avec un aveugle.