En visite en Israël et dans les territoires palestiniens, en mai 2017, Donald Trump se recueille devant le mur des Lamentations, dans la vieille ville de Jérusalem. C’est une première pour un président américain. Deux ans plus tard, le 21 août, il affirme qu’« aucun président » des Etats-Unis n’a fait autant que lui pour Israël. Depuis sa prise de fonctions, il a en effet manifesté un soutien inconditionnel au pays et à son premier ministre, Benyamin Nétanyahou.
Le 6 décembre 2017, Donald Trump reconnaît Jérusalem comme capitale d’Israël. La décision déclenche la colère des Palestiniens et la réprobation de la communauté internationale. Le statut de la Ville sainte est l’un des problèmes les plus épineux du conflit : les Palestiniens ont toujours souhaité faire de Jérusalem-Est, occupée par Israël depuis 1967 puis annexée, la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.
En réponse à l’annonce américaine, le président palestinien, Mahmoud Abbas, déclare que les Etats-Unis ne peuvent plus jouer leur rôle historique de médiateur avec les Israéliens. Les relations sont gelées entre Washington et l’Autorité palestinienne. Lors de la tournée au Moyen-Orient du vice-président Mike Pence, les Palestiniens refusent de le rencontrer, ce que Donald Trump considère comme un « manque de respect » à l’égard des Etats-Unis.
Le 14 mai, le transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem coïncide avec un bain de sang dans la bande de Gaza, où une soixantaine de Palestiniens sont tués par l’armée israélienne. Sur Twitter, Donald Trump célèbre un « grand jour pour Israël ».
En janvier 2018, Donald Trump menace sur Twitter : « Nous versons aux Palestiniens des centaines de millions de dollars sans recevoir ni remerciements ni respect (…). Avec des Palestiniens qui ne veulent plus parler de paix, pourquoi devrions-nous leur verser ces sommes énormes ? » Après des mois de tensions, cette menace se concrétise le 31 août 2018 : Washington annonce, par la voix du département d’Etat, qu’il va réduire à néant sa participation financière au fonctionnement de l’agence des Nations unies chargée des réfugiés palestiniens, l’UNRWA.
Cette suppression s’ajoute à celle de 200 millions de dollars (172 millions d’euros) d’aide bilatérale, décidée le 25 août. L’aide globale des Etats-Unis aux Palestiniens s’élevait en 2017 à plus de 350 millions de dollars.
Toujours afin d’affaiblir la direction palestinienne, les Etats-Unis annoncent en septembre 2018 la fermeture du bureau de représentation palestinienne à Washington, qui jouait le rôle d’une ambassade de l’Autorité palestinienne aux Etats-Unis. Un mois plus tard, c’est la représentation diplomatique à Jérusalem chargée des contacts avec les dirigeants palestiniens qui est fermée. Le consulat, qui remplissait cette mission depuis des décennies, sera fusionné avec l’ambassade à Jérusalem.
En novembre 2018, les Etats-Unis ont, pour la première fois, voté contre une résolution de l’ONU considérant l’annexion israélienne du Golan comme « nulle et non avenue ». C’est alors le seul pays – avec l’Etat hébreu – à rejeter ce texte.
Le 21 mars, à la demande pressante de Benyamin Nétanyahou, alors en pleine campagne pour les élections législatives du 9 avril, Donald Trump se dit prêt à la reconnaissance de la souveraineté d’Israël sur une partie du Golan syrien. Ce territoire a été occupé lors de la guerre des Six-Jours en 1967 puis annexé en 1981 par Israël, ce que le Conseil de sécurité de l’ONU a jugé nul et non avenu. « Après cinquante-deux ans, il est temps pour les Etats-Unis de reconnaître pleinement la souveraineté d’Israël sur le Golan, qui a une importance stratégique pour l’Etat d’Israël et la stabilité régionale », déclare le président américain sur Twitter.
Le 25 mars, Donald Trump signe à la Maison Blanche, en présence du premier ministre israélien, le décret reconnaissant la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan. La Syrie dénonce une « atteinte flagrante » à sa souveraineté.
En assurant que « l’établissement de colonies de civils israéliens en Cisjordanie n’est pas en soi contraire au droit international », lundi 18 novembre, l’administration américaine modifie non seulement sa politique mais nage aussi à contre-courant de résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, comme la 2334, qui considère les colonies comme une « violation du droit international humanitaire » mettant « gravement en danger la viabilité de la solution à deux Etats ».
Si la colonisation par Israël de la Cisjordanie occupée s’est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens depuis 1967, elle s’est accélérée ces dernières années sous l’impulsion de M. Nétanyahou et du président Trump. Aujourd’hui, plus de 400 000 Israéliens habitent en Cisjordanie occupée, territoire morcelé où vivent également 2,7 millions de Palestiniens.
« L’administration Trump a corrigé une injustice historique et s’est alignée avec la vérité et la justice », a déclaré M. Nétanyahou au lendemain de cette annonce, en se déclarant « très ému ».
Depuis deux ans, trois proches du président américain et du premier ministre israélien – l’ancien avocat de Donald Trump Jason Greenblatt, son gendre et conseiller, Jared Kushner, et l’ambassadeur des Etats-Unis en Israël, David Friedman – travaillent au plan de paix censé résoudre le conflit israélo-palestinien.
Si aucune date n’a encore été annoncée pour la présentation de ce plan, et si ses détails ne sont pas connus, les grandes lignes semblent fixées. A peine entré en fonctions, Donald Trump déclare le 15 février 2017, alors qu’il reçoit M. Nétanyahou, que Washington ne s’accrochera plus à la solution « à deux Etats », à savoir la création d’un Etat palestinien qui coexisterait avec Israël. En mai, Jared Kushner confirme que le plan ne devrait pas faire référence aux « deux Etats ».
En mars, le secrétaire d’Etat Mike Pompeo laisse aussi entendre que le futur plan de paix devra rompre avec le consensus traditionnel sur les questions-clés que sont Jérusalem, les colonies ou les réfugiés.