Profitant des remous créés par la démission de Stéphane Le Bouyonnec et l'aveu de conflit d'intérêts d'Éric Caire, Jean-François Lisée a montré les dents sur la question de l'éthique, mercredi soir. Il a écorché autant la Coalition avenir Québec que le Parti libéral, allant jusqu'à laisser entendre que les libéraux auraient pu ralentir certaines enquêtes les concernant.
Le chef péquiste se trouvait dans un rassemblement militant à Sherbrooke, en Estrie, lorsqu'il a choisi de décocher de nombreuses flèches à ses adversaires au sujet de leur éthique, une carte qu'il n'avait pas encore jouée depuis le début de la campagne.
La difficile journée vécue par le chef de la CAQ, François Legault, n'était pas étrangère à cette décision de passer à l'attaque. Mercredi matin, le député sortant de La Peltrie, Éric Caire, a admis s'être placé en conflit d'intérêts en acceptant en 2017 un prêt de 55 000 $ d'Émile Loranger, le maire de L'Ancienne-Lorrette, une ville située dans sa circonscription.
« Ce n’est même pas la peine de faire une plainte puisque la personne intéressée a avoué que la commissaire a bien lu la situation : il s’est mis en situation de conflit d’intérêts », a résumé M. Lisée.
Chamboulé et très émotif, M. Caire s'est défendu mercredi matin en évoquant un contexte de rupture difficile au moment de contracter le prêt. François Legault a choisi de le garder dans le parti, l'« erreur » ayant été réparée, selon lui.
La veille, c'est le président de la CAQ, Stéphane Le Bouyonnec, qui démissionnait, estimant qu'il lui était impossible de laver sa réputation entachée par la publication d'informations sur son association à une entreprise faisant des prêts à taux d'intérêt élevés. « C'était une erreur », a encore reconnu François Legault.
En avance dans les sondages depuis environ un an, la CAQ est la cible à la fois des péquistes et des libéraux depuis le début de la semaine. « C’est un des points tournants de la campagne que nous venons de vivre aujourd’hui », n'a pas hésité à affirmer Jean-François Lisée.
François Legault a perdu aujourd’hui toute autorité morale en matière d’éthique […] Même moi, ça me surprend.
« Le vernis éthique de François Legault a fondu complètement aujourd'hui. »
Un système bizarrement enrayé
Tout au long de la journée, Jean-François Lisée a ainsi tiré à boulets rouges sur François Legault, estimant qu'il avait failli à deux tests éthiques.
Or, en soirée, M. Lisée est allé encore plus loin, mais en ciblant cette fois-ci les libéraux. « Je veux vous parler sérieusement d'un enjeu extrêmement important. Il y a une volonté en Estrie, comme partout au Québec, de se débarrasser des libéraux et on a plein de raisons de le faire [...] Ils sont le symbole d’absence d’éthique », a-t-il soutenu.
Le chef péquiste est même allé jusqu'à laisser entendre que le gouvernement libéral aurait pu ralentir des enquêtes policières.
Ils charrient avec eux 15 ans d’enquêtes non conclues, de suspects à tous les étages du parti. Pour l’instant, aucun d’entre eux n’est derrière les barreaux, avec un système de justice et d’enquête qui, bizarrement, allait très rapidement durant les 18 mois qu’on était au gouvernement, mais s’est enrayé et s’est mis à devenir très, très lent depuis quatre ans et demi.
« Il y a une éthique forte, un genre de salubrité publique, qui nous dit : il faut qu’ils s’en aillent. Il faut qu’ils s’en aillent dans l’opposition pour longtemps, pour avoir une cure de désintoxication sur les questions éthiques », a ajouté Jean-François Lisée, provoquant une salve d'applaudissements dans la salle.
Le Parti libéral, qui s'est doté d'un code d'éthique en 2015, s'est retrouvé sur la sellette en raison de certaines pratiques en matière de financement et a fait l'objet d'enquêtes de l'Unité permanente anticorruption (UPAC).