Lorsque je vois les revendications sociales, souvent véhiculées par les syndicats, peut-être les seuls défenseurs des intérêts du peuple, bien au-dessus des partis politiques, n’ayant pas comme ces derniers, les soucis reliés aux revendications électorales, il m’apparaît que nous oublions souvent, peut-être ne le savons-nous pas tout simplement , que des chefs syndicaux furent emprisonnés à cause des combats sociaux qu’ils étaient appelés à promouvoir et à défendre pour les intérêts de leurs membres, mais en même temps, pour l’amélioration des conditions sociales de leurs concitoyens qui, même si souvent n’étaient pas syndiqués, bénéficiaient des bénéfices salariaux et sociaux obtenus de dure lutte par leurs syndicats.
Nous ne devrions jamais oublier que les effets qu’un syndicat obtient pour ses membres, se font souvent ressentir sur l’ensemble des citoyens du Québec et sur leur bien-être.
Ces gains ne sont pas étrangers à la volonté de certains individus de faire perdre le droit de grève des fonctionnaires et des ouvriers, sous les prétextes les plus fallacieux, les uns que les autres
Nous devons nous souvenir que les deux mouvements les plus importants dans la libération économique des Québécois, furent les syndicats et la naissance des coopératives au début du 20ème siècle.
Ce que je souhaiterais aujourd’hui, 40 ans après l’emprisonnement de «Professeurs syndicalistes», c’est qu’on se souvienne que certains chefs syndicaux ont payé de leur liberté, le droit à la syndicalisation des travailleurs et le droit à des conditions salariales et sociales, qui ont permis au peuple du Québec de vivre dans un environnement social et économique, que d’aucuns nous envient.
Comme dans la devise du Québec, je voudrais que l’on se souvienne des chefs syndicaux, qui dès octobre 1968, avant l’emprisonnement des présidents des Centrales syndicales,ont été emprisonnés pour avoir osé défier les lois du gouvernement du Québec.
Il faut se rappeler que le code du travail modifié en 1964, venait de permettre aux employés du secteur public de faire la grève, ce qui était une vraie révolution à cette époque.
Comme dans les années 1970, l’employeur qui était aussi le gouvernement, même s’il venait de permettre à ses employés d’utiliser ce moyen de pression, ne l’entendait pas de cette façon.
Ainsi, le gouvernement de M. Jean Lesage, qui venait de modifier le code du travail en fonction du droit de grève, demanda une injonction après quelques semaines d’une grève déclenchée en mars 1966, par les professeurs du Syndicat des professeurs de l’état du Québec, (SPEQ), syndicat affilié à la CSN .
Malgré un jugement favorable au Gouvernement, les professeurs refusèrent de retourner au travail, avant qu’une convention ne soit signée.
Les chefs syndicaux durent faire face à des accusations d’outrage au tribunal et furent alors condamnés par la cour à «20 jours de prison» pour avoir refusé d’obéir à son jugement.
C’est ainsi, qu’à la suite de nombreux appels à la cour, «douze professeurs et leur conseiller technique» durent prendre le chemin de la prison en octobre 1968.
Afin que ces premiers chefs syndicaux emprisonnés ne soient pas oubliés, et afin que nos concitoyens de tous âges sachent que de valeureux porte-étendards ont défendu le droit à la grève comme moyen de pression, qu’ils ont permis par leur démarche que des centaines de milliers d’employé-e-s de l’état puissent bénéficier de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail, que par leur action ils ont permis à des millions de Québécois de jouir de meilleurs conditions sociales, qu’il me soit permis de les identifier afin que l’On se souvienne d’eux!
En ce jour de l’Action de «grâce» je voudrais que l’on se souvienne des «13» dirigeants du syndicat des Professeurs de l’État du Québec «SPEQ» emprisonnés en octobre 1968, pour le droit à la négociation libre des conditions de travail de leurs membres.
DeLorimier, Claude, Laval, ………. . École normale Jacques-Cartier
Desroches, Claude, Montréal,……….. Institut des Arts graphiques
Doyon, Paul, Montréal………... Conseiller technique à la CSN
Farrier, Jean-Guy, ……….. Institut de technologie de Shawinigan
Lamontagne, André Lévis, ……….. Institut de technologie de Lauzon
Langlois, Charles-Auguste ……….. Institut de technologie agricole de la Pocatière
Legendre, Claude, ……….. École des métiers de Rimouski
Marcotte, Léonce, ……….. École des métiers de Laprairie
Poissant, Claude, ……….. École des métiers d’Amos
Rioux, Jean, Québec …….….. École normale Laval
Simard, Jean-Paul, Alma, ………. . École des métiers d’Alma
Sabourin, Claude, Montréal…….…. École normale d’enseignement technique Montréal
Vézina, Raymond, Montréal. ………. École normale Jacques-Cartier
Lorsqu’on critique nos syndicats, on devrait se souvenir que des hommes ont payé de leur liberté le droit à la syndicalisation et à la négociation de conditions de travail de leurs membres.
De ces treize prisonniers/syndicaux dont nous trouvons les noms ici,
«je voudrais que l’on se souvienne»..
Jacques Bergeron,
Montréal
le 13 octobre 2008
Notes
Ces chefs syndicaux composaient le conseil d’administration du SPEQ.
Ce syndicat représentait les professeurs des «Écoles normales», «des Écoles des Beaux arts», des Écoles techniques», des «Écoles des métiers», «incluant l’école de l’Hôtellerie», des «Instituts des arts Graphiques».
Il était divisé en régions, dont les présidents composaient le conseil d’administration du SPEQ.
L’auteur de ce court texte agissait en 1967 et 1968 comme président du «SPEQ» de la région «A» de Montréal.
Souvenirs «historiques»
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1 commentaire
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
13 octobre 2008Monsieur Bergeron,
Votre geste d’action de grâce, aujourd’hui, mérite d’être applaudi.
Je suis de ceux qui ignoraient tout de cette révélation que vous nous faites sur les mœurs politiques canadiennes (au Québec) il y a 40 ans. « Les bœufs sont lents mais la terre est patiente » (Falardeau?) Les mœurs évoluent très lentement au « pluss meilleur pays du monde » Un jeune résistant indépendantiste espagnol(Ivan) est actuellement détenu à Montréal dans des conditions assimilables à celles de pays tortionnaires. Nous sommes invités par le RRQ à nous présenter ce jeudi 16 oct à 17hres devant le consulat espagnol(métro Atwater) pour protester contre ce pays qui réclame l’extradition du jeune homme vers la torture des séparatistes, sans preuve de culpabilité.
Tous les indépendantistes du monde se sentent interpellés devant les gestes de privation illégale de liberté. Les syndicats québécois ont aujourd’hui mauvaise presse en ces temps de crise économique où même les personnes du troisième âge s’arrachent des emplois petits chez Wal-Mart ou l’autre grand M. Une génération de décrocheurs victimes de l’incurie dans la gestion de l’éducaiton dans ce Québec délocalisé en Chine réagit forcément à courte vue : « Les syndicats me siphonnent une cotisation pour se payer des limos… »
Mais demain, les Québécois vont aux urnes : ils ont le privilège de porter en bloc, sur leurs épaules, face au pays que nous ne reconnaissons pas, un délégué non achetable par Bay Street, un homme issu des luttes syndicales que vous nous remettez en mémoire, un homme du peuple comme en ont plebiscité les peuples opprimés d’Amérique latine. En Bloc, nous faisons confiance en Gilles Duceppe pour « fédérer » toutes ces insatisfactions chroniques qui font de nous un peuple méfiant, hésitant, doutant, espérant une fenêtre libératrice…
La victoire de demain sur le chantage redonnera le goût aux Québécois d’agir ensemble pour tirer profit du temps qu’il nous reste avant qu’on Nous ait noyés sous le nombre. Comme à l’origine des coopératives et des syndicats ouvriers et fonctionnaires, les Québécois retrouveront la valeur de la solidarité dans la réalisation de la libération nationale, garante du renouveau de l’espoir chez-nous. Hasta la victoria. Siempre!