Bernard Drainville estime que le Parti québécois doit s'engager à ne pas tenir de référendum au cours d'un premier mandat s'il est élu en 2018. Au cours d'un deuxième mandat, obtenu en 2022, le PQ pourrait tenir un référendum en début de mandat, soit approximativement dans dix ans. Qu'est-ce qu'on fait pendant ces dix années? On use son fond de culotte sur les bancs de l'Assemblée nationale? On se prépare à former le prochain «bon gouvernement»? Ridicule.
Je pense sincèrement que Bernard Drainville vient de réduire à zéro ou presque ses chances d'être élu à la tête du Parti québécois. Ce qu'il propose, c'est ni plus ni moins que de revenir en arrière, au bon gouvernement qui doit faire ses preuves avant de parler d'indépendance. Cette formule, on l'a essayé maintes et maintes fois et elle n'a jamais fonctionné.
Je pense qu'on peut dès maintenant, dans l'opposition comme à l'extérieur de l'Assemblée nationale, préparer le prochain référendum, en parlant sur toutes les tribunes de la nécessité de l'indépendance du Québec, en mettant à jour les différentes études sur la viabilité d'un Québec souverain. Travailler sur le terrain, retourner chez les gens, ne pas craindre de s'affirmer et de s'afficher indépendantiste partout et en tout temps, en faisant fi des quolibets de la grosse presse anti-indépendantiste. Avec une campagne de pancartes sur les balcons, s'il le faut. Et se donner un chef charismatique, crédible, fonceur, en qui la population va retrouver confiance.
Bernard Drainville me déçoit. Lui qui avait manifesté sa volonté d'aller jusqu'au bout lorsqu'il défendait, contre vents et marées, le projet de loi sur les valeurs québécoises, un projet controversé qui au début ne suscitait pas l'adhésion d'une majorité de Québécois mais qui, à force justement d'en parler sur toutes les tribunes, avait fini par rassembler une majorité en sa faveur, voilà qu'il branle dans le manche, recule et refuse d'oser, en nous servant des arguments éculés comme l'irresponsabilité et les conditions gagnantes.
Parler de «clarté» en s'engageant fermement à ne pas tenir de référendum au cours d'un premier mandat, c'est carrément démagogique. Ne pas vouloir tenir de référendum n'a rien à voir avec la clarté mais tient plutôt de la mauvaise foi, de la peur et de la paresse.
Le Parti québécois n'est pas la CAQ ni un NPD québécois. Sa première raison d'être est de faire l'indépendance du Québec. S'il ne donne pas un sérieux coup de barre, il risque de se faire doubler, à très court terme, c'est-à-dire à l'intérieur des quatre prochaines années, par la CAQ et de favoriser l'émergence d'un NDP/NPD québécois qui s'allierait avec QS.
Il ne s'agit plus de se disputer à propos du déficit zéro. Dans «le contexte politique actuel», libéraux comme péquistes ou caquistes vont gérer la crise à peu près de la même manière. On risque de voir des gouvernements libéraux ou péquistes alterner sans bon sens à tous les quatre ans, sans rien changer à notre statut de nation sans pays. Personne n'est contre la vertu, tous les politiciens veulent former un «bon gouvernement», et il n'y a pas de recette miracle «dans le contexte politique actuel».
Ce qui va changer la donne, bouleverser «le contexte politique actuel», favoriser un dynamisme insoupçonnable, c'est l'accession à l'indépendance. Nous allons enfin pouvoir appliquer les politiques qui servent nos seuls intérêts, récupérer les pleins pouvoirs sur notre destin, nos leviers économiques et culturels, et négocier d'égal à égal avec toutes les nations du monde.
Il n'y a qu'à penser à notre canal de Panama à nous, la voie maritime du Saint-Laurent sur laquelle transitent d'énormes quantités de marchandises. Si Panama a jugé bon de récupérer sa souveraineté sur ce canal, c'est que c'était rentable pour son économie. Le Québec doit l'imiter et seul un Québec souverain pourra poser un tel geste. Même chose avec le Labrador. Même chose avec les sommes allouées au budget de la défense. Même chose avec notre dépendance vis-à-vis l'Ouest canadien. Le bœuf de l'Ouest est une invention de la Confédération canadienne et du Canadien Pacifique, tout comme le blé des prairies. Nous avons les moyens d'assurer notre autosuffisance alimentaire sans avoir à nous serrer la ceinture. Pour cela, il nous faut non pas un «bon gouvernement», mais un gouvernement souverain. Le gros bon sens.
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