Les responsables gouvernementaux peuvent être généralement classés en deux catégories – ceux qui se délectent de magouilles bureaucratiques comme des poissons dans l’eau, laissant les autres survivre aux manigances. C’est une question à la fois d’ADN et de compétences acquises. Ensuite, il y a une toute petite catégorie, à laquelle appartient le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson, qui ne réussit pas ou refuse de s’adapter à leur sort. Ne soyez pas surpris s’il se retire volontairement de l’établissement de Washington et s’en va retrouver ses racines dans le Sud profond au milieu de son clan, de sa famille. (Lire ici et ici les attaques vicieuses de la « presse juive » américaine contre Tillerson).
Il y a, bien sûr, une touche de politique dans tout cela. L’étoile montante est l’ambassadeur des États-Unis à l’ONU Nikki Haley, une protégée du lobby juif. Elle n’a pas d’expérience dans la diplomatie et semble être une femme d’intelligence moyenne – rappelez-vous ses remarques stupides sur le Cachemire? – une main invisible (juive) est en train de façonner sa carrière. Haley est une invitée permanente aux réunions du Conseil national de sécurité du président.
Le lobby israélien est-il en train de sponsoriser Haley pour le remplacement de Tillerson? (Voir le cerf-volant, ici, par le National Review, qui est un partisan de Trump.) Israël est probablement en train de prendre une douce revanche sur l’administration Obama en faisant des Etats-Unis son partenaire mineur. Ou bien est-il tout simplement en train de prendre le gouvernail d’un navire en train de couler ? Effectivement, ce pourrait être une combinaison des deux. Ce qui confère une urgence à la « prise de contrôle » par Israël est sans doute la fin de partie en Syrie, où il fait face à une crise qui a des connotations existentielles.
Israël a activement milité pour le projet des États-Unis de renverser le gouvernement de Bachar al-Assad. Les motivations d’Israël étaient les suivantes:
- affaiblir et détruire le seul adversaire militaire qui lui reste dans le monde arabe;
- balkaniser la Syrie pour accélérer la création d’un Kurdistan riche en pétrole qui sera une enclave de l’influence israélienne aux frontalières de l’Iran et de la Turquie;
- vaincre le Hezbollah et affirmer la domination d’Israël sur le Liban (et Gaza);
- légitimer l’occupation des hauteurs du Golan; et,
- annexer le territoire syrien à cheval sur le plateau du Golan.
Une fois que le conflit en Syrie s’est transformé en une guerre par procuration contre l’Iran et le Hezbollah, Israël a fait exactement ce que faisaient les autres alliés des États-Unis (Turquie, Arabie Saoudite et Qatar) – c’est à dire, sponsoriser les affiliés d’Al-Qaïda et Daech comme « actifs stratégiques ». Le projet était en bonne voie lorsque la Russie est intervenue en Septembre 2015. Le reste c’est de l’Histoire.
L’axe Russie-Iran-Syrie-Irak-Hezbollah a renversé le cours de la guerre et aujourd’hui Israël ne peut que regarder sa défaite dans la zone de guerre dans le sud de la Syrie ( ici et ici ). L’objectif d’Israël est maintenant de s’adapter à la triste réalité que Assad va être là pour un bon moment. Ainsi, son plan B est de veiller à ce que les forces gouvernementales syriennes (appuyées par des milices soutenues par l’Iran et le Hezbollah) ne regagnent pas le territoire contrôlé par les groupes d’Al-Qaïda dans les régions du sud bordant le plateau du Golan.
Israël attend du Pentagone qu’il prenne le contrôle de la « zone de désescalade » proposée dans le sud de la Syrie, et trace une « ligne rouge » pour créer une zone tampon qui accepte de facto l’occupation permanente du plateau du Golan. Israël espère annexer à terme la zone tampon.
C’est là que Haley entre en scène. Israël la voit comme son « pigeon » le plus fiable dans l’Establishment de la politique étrangère des États-Unis sous Trump. Elle sent à son tour que si elle « fournit », le lobby juif catapulte sa carrière politique. En même temps, Israël aussi aura une équipe de rêve avec Haley dans faggy Bottom (NDT : Washington DC) et un Raspoutine dans la Maison Blanche de Trump – l’influent gendre du président Jared Kushner (Juif orthodoxe et rabbin) – pour piloter la politique du Moyen-Orient. Sans surprise, les médias américains, qui sont fortement sous l’influence juive, encensent Haley et lui fabriquent une image de femme d’Etat visionnaire.
Il reste à voir jusqu’où Damas et Téhéran (et Moscou) permettront à Israël de réaliser ses manigances puisque, en dernière analyse, tout dépend des faits nouveaux sur le terrain. Il y a des signes de mauvais augure que l’armée israélienne se prépare à envahir la Syrie. Le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a mis en garde le 23 Juin,
- L’ennemi israélien doit savoir que si une guerre israélienne est lancée contre la Syrie ou le Liban, on ne sait pas si les combats resteront libano-israéliens, ou syro-israéliens. Cela ne veut pas dire qu’il y a des états qui pourraient intervenir directement. Mais cela pourrait ouvrir la voie à des milliers, voire des centaines de milliers de combattants de partout dans le monde arabe et islamique pour y participer.
Trois des plus importants avions d’espionnage dans l’arsenal des États-Unis – deux avions RC-135 et un P-8 Poseidon de la marine – qui peut écouter et localiser les signaux radio et radar ennemis, sont venus « fureter » au large de la côte syrienne la semaine dernière. Le porte-avions américain USS George HW Bush est arrivé dimanche dans le port de Haïfa pour une visite de 4 jours – c’est la première fois en 17 ans qu’un porte-avions américain est en visite en Israël.
La grande question est de savoir si Israël va abandonner l’accaparement des terres ou va finir par créer un nouveau front de résistance.
M K Bhadrakumar
Source : http://blogs.rediff.com/mkbhadrakumar/2017/07/03/israel-tackles-trumps-syrian-blues/
Traduction : Avic – Réseau International
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