Indépendantiste et adéquiste

Québec 2007 - Parti Québécois

Je suis indépendantiste et je suis persuadé que le Québec sera un jour un pays libre et libéré. Mais je ne crois pas que le Parti québécois d'aujourd'hui nous amènera à l'indépendance.

Le Parti québécois est usé à force d'avoir sacrifié l'idée d'indépendance sur tous les autels de l'électoralisme. Ce qui, à l'origine, était un formidable projet de société, n'est plus que de la vieille guenille avec laquelle on fait les paillassons. Le PQ n'est plus que le parti des Montréalistes branchés, arrogants et méprisants par-devers le reste du monde québécois.
Le nouveau chef qu'il s'est donné en est l'illustration par excellence. Bien qu'il soit jeune et intelligent, il lui manque la connaissance de ce que Jacques Ferron appelait les provinces québécoises. Ce n'est pas pour rien que, dès qu'il parle des régions, il calque ses discours et ses promesses électorales sur ceux du Parti libéral: au mieux, ça les bonifie; au pire, c'est un cul-de-sac. Mais il n'y a rien là-dedans qui va changer fondamentalement ce que les gens vivent ou ne vivent pas en régions. Ce sont simplement des projets bureaucratiques et qui, pour la plupart, se retrouveront sur des tablettes le lendemain des élections.
Les autres
Depuis qu'il est le chef du Parti libéral, Jean Charest nous a donné plus de preuves qu'il n'en fallait pour nous dégoûter à jamais de son gouvernement. Qu'il ait par stratégie bassement électoraliste parlé de la possible partition du Québec dit bien de quel bois se chauffe l'affreux personnage. Qu'un premier ministre du Québec fasse passer sa soif du pouvoir avant les devoirs qui sont le fondement même de sa fonction, impossible de descendre plus bas.
J'ai de la sympathie pour Québec solidaire et pour les Verts. Mais ils n'ont pas compris eux non plus que le Québec ne se limite pas à Montréal. Quand ils le comprendront, ils cesseront peut-être d'être de bons mouvements de pression pour devenir de véritables partis politiques.
L'ADQ comme opposition officielle
Cela étant dit, j'appuie donc Mario Dumont et je voterai pour l'Action démocratique du Québec le 26 mars prochain. Je souhaite que l'ADQ devienne l'opposition officielle. À mon avis, ça aurait le mérite de correspondre davantage à ce Québec pluriel dont tout le monde réclame la reconnaissance, mais que la polarisation Parti libéral-Parti québécois interdit depuis 20 ans.
Ça ferait sûrement venir aussi un grand brassage d'idées et, ne serait-ce que pour la gauche québécoise qui s'est peinturée elle-même dans le mur depuis la fondation du Parti québécois, ça ne représenterait pas le pire des maux. Nos grandes centrales syndicales, qui ne font plus guère de syndicalisme depuis qu'elles se contentent de gérer les fonds qu'elles ont accumulés, réapprendraient peut-être aussi à penser.
Libéraux, péquistes et analystes font leurs choux gras de la prétendue faiblesse de l'équipe qui entoure Mario Dumont. Et pis après? Avant qu'ils ne soient nommés ministres dans le cabinet Charest, qui connaissait Michelle Courchesne, Carole Théberge, Claude Béchard, Jacques Dupuis, Julie Boulet ou Line Beauchamp?
Quand Mario Dumont a demandé au Parlement qu'on reconnaisse l'ADQ comme parti, ce qui lui aurait permis d'avoir plus de ressources, donc de mieux travailler, libéraux et péquistes, toujours par basse stratégie électoraliste, ont dit non. Ainsi furent bafoués plus de 600 000 Québécoises et Québécois qui avaient voté démocratiquement pour l'ADQ. On finit toujours par payer le prix pour son mépris: le 26 mars prochain, péquistes et libéraux devraient s'en faire donner une leçon salutaire.
Pas des deux de pique
Parce que je lis les journaux régionaux et que par ces lectures je connais un bon nombre de candidats adéquistes, je ne partage pas le point de vue que ce sont tous des deux de pique. Ce n'est sûrement pas le cas de Serge Charrette dans Papineau, de Philippe Rochat dans Richelieu, de Donald Grenier dans Matane, de Catherine Morissette dans Charlesbourg, de Lucie Leblanc dans Deux-Montagnes, d'André Riedl dans Iberville, de François Bonnardel dans Shefford, de Pierre Harvey dans Outremont, de Maro Akoury dans Vachon ou d'Albert De Martin dans Huntingdon.
Ils ont d'abord le mérite à mes yeux de n'être pas de cette haute bureaucratie qui a fini par prendre ses vessies pour des lanternes. Ce sont des gens fiers de leur être identitaire, de leur culture, et qui ont décidé de prendre dans la société une place qu'on leur refuse depuis trop longtemps. Il me semble que c'est là une chose plutôt saine quand on prétend vivre en démocratie.
J'ai 62 ans, je milite comme indépendantiste depuis que j'ai 15 ans. La présente campagne électorale, loin de me déprimer, me rend très optimiste pour l'avenir. Un pays ne se fonde pas sans sacrifice propitiatoire. Que l'indépendance finisse par arriver autrement que par les chemins jusqu'ici fréquentés, je n'en pleurerai pas, bien au contraire. Je suis jeune, patient, persévérant et opiniâtre. Je suis prêt à attendre encore 20 ans s'il le faut, car les rêves finissent toujours par devenir réalité quand on est capable de les assumer totalement, par-devers soi-même et par-devers tous les autres.

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Victor-Lévy Beaulieu84 articles

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Victor-Lévy Beaulieu participe de la démesure des personnages qui habitent son œuvre. Autant de livres que d'années vécues, souligne-t-il à la blague, comme pour atténuer l'espèce de vertige que l'on peut éprouver devant une œuvre aussi imposante et singulière. Une bonne trentaine de romans, une douzaine d'essais et autant de pièces de théâtre ; des adaptations pour la télévision





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