Je suis favorable à 40 %, 50 % voire même 80 % de femmes en politique, mais de l’obliger par législation contraignante, NON MERCI.
L’organisme « Groupe Femmes, Politique et Démocratie » demande aux partis provinciaux de s’engager à adopter une loi qui forcerait l’ensemble des formations politiques du Québec à présenter au minimum 40 % de candidates en 2022 et au moins 45 % pour les élections subséquentes.
Ce n’est pas l’objectif à atteindre qui m’agace, mais le fait de l’imposer à tout le monde à agir de la même façon.
À l’encontre des principes démocratiques
L’idée d’imposer aux partis politiques la composition de leur équipe va clairement à l’encontre des principes démocratiques. Un parti décide de la façon dont il sélectionne ses candidats (par investiture ou par nomination) et qui le représentera. Par la suite, c’est aux électeurs de déterminer s’ils achètent ou non l’équipe et le candidat qui leur est présenté.
Un peu de fiction. Admettons qu’un nouveau parti politique se crée et propose une équipe de 125 candidates. Un parti résolument pro-féministe et qui suggère à la population d’être un gouvernement pour les femmes par les femmes. Ce parti aurait entièrement le droit de se présenter. Même chose pour des partis qui se présentent pour un seul enjeu tel que le Parti vert (Environnement), Parti indépendantiste (souveraineté) et Bloc Pot (légalisation du cannabis).
Du même souffle, un grand parti politique qui se montrerait complètement insensible à présenter seulement 5 % — 10 % ou 15 % de femmes risquerait fort de perdre des appuis au sein de la population. La démocratie, ça ne doit pas s’imposer, mais aller de soi.
La boîte de pandore
L’imposition de quotas par loi ouvrirait une énorme boîte de pandore. Rapidement, vous y verriez des revendications pour inclure des seuils minimaux par catégories d’âges, de minorités culturelles, sexuelles et religieuses, de personnes handicapées, provenant des premières nations et j’en passe. Est-ce vraiment ça que l’on veut au Québec ?
Se constituer une équipe électorale s’apparentera à distribuer des rôles pour une production de cinéma ou une série télé.
La représentativité est une chose, mais la compétence est ce qui doit être au-dessus de tous les autres considérants. J’ai la conviction profonde qu’il y a autant de femmes compétentes que d’hommes, mais il est clairement plus difficile de convaincre des femmes en politiques que des hommes. D’ailleurs, je vous invite à relire mon texte : Non aux quotas de femmes, écrit en 2017. J’y expose certains éléments à ce sujet.
La question qui tue ?
À la manière de Guy A. Lepage, j’ose poser la question qui tue : et si la politique intéressait tout simplement moins les femmes que les hommes ? La société évolue et la politique ne fait pas exception, elle en est le reflet. Aux dernières élections municipales de novembre, près d’un élu sur 3 est une femme alors qu’elles étaient moins de 3 % en 1980. N’est-ce pas là, la plus belle démonstration que l’on progresse ?