Pierre-André Normandin La Presse - Huntingdon conteste la loi 101 et demande à ce que les villes québécoises puissent choisir la langue dans laquelle elles s'adressent à leurs citoyens. La municipalité considère que l'obligation d'utiliser le français est une «politique raciste et discriminatoire» qui «viole les droits fondamentaux des gens».
L'Office québécois de la langue française (OQLF) a avisé en janvier le maire Stéphane Gendron qu'une plainte avait été faite contre sa ville en raison de l'envoi de documents bilingues à ses citoyens. Or, l'article 15 de la Charte de la langue française prévoit que les communications de l'administration publique, ce qui inclut les villes, doivent être faites en français seulement. «Afin d'éviter que des citoyens francophones reçoivent une communication bilingue sans en avoir fait la demande, je vous invite à transmettre vos communications aux citoyens en français seulement», écrivait l'organisme dans une lettre datée du 19 janvier.
Lors du conseil municipal de lundi soir, les élus d'Huntingdon ont adopté une résolution pour rejeter les demandes de l'OQLF. Ils demandent au gouvernement de modifier la Charte de la langue française pour permettre aux villes de servir leurs citoyens dans la langue de leur choix. «Le gouvernement du Québec - ou l'un de ces organismes comme l'Office québécois de la langue française - n'a pas la légitimité ni même la crédibilité pour imposer une telle politique raciste et discriminatoire à la Ville de Huntingdon et à ces citoyens», affirment-ils.
Ceux-ci jugent également que «le gouvernement du Québec ne peut forcer juridiquement une autre juridiction à violer les droits fondamentaux des gens et de leur nier le droit à communiquer et transiger dans la langue de leur choix, soit le français ou l'anglais».
La résolution souligne que le «gouvernement pratique lui-même une politique de bilinguisme afin de mieux servir les citoyens québécois d'expression anglophone à travers les différents sites de ce même gouvernement et par son service bilingue à la clientèle».
Selon les données du recensement 2006, 44% des 2457 résidents d'Huntingdon sont anglophones. En vertu de la Charte, les municipalités dont plus de la moitié des résidents sont de langue maternelle anglaise peuvent demander à être exemptés de l'obligation de se limiter au français.
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