Halal, casher, végétarisme et bonne bouffe à la française

La prétention française à la diversité multiculturelle ne sert qu’à cacher le rejet de la culture enracinée.

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« La prétention française à la diversité multiculturelle ne sert qu’à cacher le rejet de la culture enracinée »

Dis-moi avec qui tu manges et je te dirai qui tu es. Les agapes de fin d’année terminées, vient le temps pour les Français de soigner leur foie et leurs bourrelets. Les excès de bouffe et les régimes qui s’ensuivent, ainsi que les interdits alimentaires, règlent désormais nos manières de manger.
Au pays de Bocuse et de Gargantua, les polémiques communautaires en passèrent par la table : le halal des cantines, des restos Quick et du buffet des footballeurs. L’explosion des fondamentalismes religieux bouleverse nos rapports à la nourriture. Dans l’islam, le judaïsme ou l’hindouisme, les interdits forment l’essentiel de la pratique du bon croyant : hallal, casher, végétarisme, bannissement de l’alcool et du porc.
L’enfermement coreligionnaire mène au refus de l’échange avec l’autre, renvoyé à son essence ontologique : goy, roumi, intouchable. Avec la femme, objet de concupiscence et de péché, qu’on ne peut côtoyer, la nourriture est la mère des batailles des communautaristes, le dernier rempart avant l’assimilation. Ainsi les familles marranes de l’Espagne du XVIe siècle se faisaient débusquer par l’Inquisition parce qu’elles n’utilisaient pas de suif pour cuire leurs aliments.
Les interdits alimentaires mettent à mal, avec la restauration rapide, l’art français et latin de la table et sa civilisation de la commensalité. Les aventures d’Astérix se finissent par un festin, symbole de réconciliation, à l’instar des autres lieux de socialisation où il faisait bon manger en France : cafés-concerts, banquets républicains et guinguettes populaires.
Les chrétiens, plus sécularisés, ne veulent rien s’interdire de manger mais ils sont oublieux en cela de préceptes (abstinence, faire maigre). Orientés vers les désirs narcissiques, les Occidentaux ont remplacé les interdits par une autre forme d’obsession, celle du bien manger : l’orthorexie. D’où les régimes et l’aspiration récurrente à un âge d’or alimentaire, à travers les régimes macrobiotique, végétarien, végétalien, ou le dernier en date : le régime préhistorique crudivorien, à base de gibiers et de baies, excluant les produits transformés.
L’abus de nourriture et d’alcool, l’obésité et la sédentarité, et l’abandon de mœurs délicates (tempérance, politesse, courtoisie) que l’Europe chrétienne – héritière de la philosophie stoïcienne –, avait mis mille ans à élaborer, montre où en sont nos valeurs : tout en bas. Il convient de le rappeler quand notre obsession de manger (mais aussi de forniquer) heurte les religions plus frugales. Si l’assimilation ne se fait plus, c’est aussi parce que l’Occident n’est plus un modèle que l’on voudrait suivre.
Tout comme la prétention française à la diversité multiculturelle ne sert qu’à cacher le rejet de la culture enracinée, ce qui profite in fine aux multinationales de l’industrie des loisirs, de même l’ouverture à la diversité culinaire au détriment du terroir a fait que le couscous et les sushis ont détrôné le cassoulet ou la choucroute comme plats nationaux et que les Français sont champions du monde de centres à mangeaille de type McDonald’s.


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