Griveaux et Pavlenski : des clics et des claques

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« Rien ne sortira de bon d’un pouvoir faible aux airs autoritaristes. »

La France politico-médiatique est devenue une fosse d’aisance. Notre pays est de plus en plus invivable, abject. Et ce n’est pas le « Griveaux Gate » qui nous fera changer d’avis, tant il est révélateur d’un déclin moral sans précédent, prélude au chaos et à la désagrégation d’un pays autrefois prospère et peuplé de gens intelligents.



Le 13 février au matin, la France se réveillait avec la gaule de bois de ce pauvre Benjamin Griveaux, pris la main dans le slip pour quelques SMS échangés avec une jeune femme consentante. Les correspondances étaient diffusées sur un site monté pour l’occasion, dont le nom « Pornopolitique » pouvait faire penser à ces pages spécialisées dans les complots factices et les faits divers glauques. Le tribunal du rire cynique s’est immédiatement porté partie civile. Il y avait de quoi se moquer de voir ce cador de la macronie exposé comme un collégien, son sexe en mondovision sur quelques captures qu’on croyait réservées aux Snapchat d’adolescents lançant des campagnes contre telle star de la télé réalité ou tel YouTuber manipulateur. Mais là, il s’agissait du candidat du gouvernement à la mairie de Paris et ancien porte-parole tête à claques du gouvernement. Un client qui, quelques jours auparavant, devenait le premier Meme de Paris à la suite de la diffusion d’une série de clichés promotionnels grotesques, où il apparaissait en compagnie de ses colistiers dans des poses rappelant le personnage de Mister Bean.



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Passé de personnage craint d’un pouvoir omnipotent au sortir du second tour de l’élection présidentielle à la détestation puis au ridicule en à peine trois ans, Benjamin Griveaux est le symbole d’un système politique en bout de course. Piégé par les agissements pervers d’un couple ne reculant pas à user de procédés déloyaux et illégaux, il a pourtant commis une faute politique en se laissant séduire par une jeune gourgandine membre du Conseil des jeunes de la ville de Paris. On lèche, on lâche et on lynche aussi vite qu’on clique dans la France de 2020. Admettons que Benjamin Griveaux n’a rien fait pour être apprécié au cours d’une carrière politique accélérée grâce à Emmanuel Macron. Ancien DSK boy passé chez Unibail, qu’il a considérablement aidé par l’entremise de ses réseaux dans les cercles du pouvoir d’Etat au service d’un capitalisme de connivence qui tue la France, il a aussi fait montre d’une arrogance insupportable quand il était le porte-parole du gouvernement. Qu’il soit ou non doté d’un caractère détestable n’étant d’ailleurs pas ici l’essentiel, puisque désormais ce qui se sait revêt plus d’importance que ce qui est.


On sait la foule avide d’histoires sordides et de faits divers, pourvu qu’ils visent des personnages adorés ou détestés. Le réfugié politique et activiste russe Piotr Pavlenski l’a bien compris. L’ensemble fait office de synthèse de l’époque : un migrant politique russe connu pour s’être cloué les testicules sur la place rouge fait tomber un politicien français de premier plan en diffusant une vidéo de masturbation. Comme un condensé express d’une époque dégueulasse où le faux se confond avec le vrai, où la réalité semble inspirée des scénarios de fiction des séries télé. Un bénéficiaire de l’asile politique, en grande partie grâce à la mairie de Paris d’Anne Hidalgo, qui était recherché depuis le dernier réveillon en raison d’une agression au couteau d’un convive présent à une sauterie dans un immense appartement bourgeois du 6ème arrondissement situé au-dessus du café de Flore appartenant à une amie étudiante en médecine de l’avocat et agitateur Juan Branco.




Comme un condensé express d’une époque dégueulasse où le faux se confond avec le vrai, où la réalité semble inspirée des scénarios de fiction des séries télé. Un bénéficiaire de l’asile politique, en grande partie grâce à la mairie de Paris d’Anne Hidalgo, qui était recherché depuis le dernier réveillon en raison d’une agression au couteau d’un convive présent à une sauterie dans l’immense appartement bourgeois du 6ème arrondissement de l’avocat et agitateur Juan Branco.




Ici, le profil à la Claude Chabrol de Griveaux, bourgeois de province monté à Paris, rencontrant la bourgeoisie arrogante et bohême du petit milieu culturel parisiano-parisien, faisant office de duel au sommet d’une France qui mérite peut-être mieux. Entre Griveaux et Branco, je me refuse à choisir. Entre la technocratie sûre de son fait et l’hystérie gauchiste de salon nourrie à la psychanalyse et à l’arrogance innée, je vois une France écartelée et prise en otage. Voir le BHL 2.0 agiter les Gilets Jaunes d’hier dans des délires stériles et incapacitants, ami d’un « réfugié politique » criminel multirécidiviste qui ne dépareillerait pas dans un clip de gopniks avinés dansant sur de la techno hardcore, a des airs de partouze incestueuse entre le pire du monde d’hier et le pire du monde à venir.


Devrions-nous pour autant prendre la défense du piégé Benjamin Griveaux ? Peut-être pas de l’individu, mais sûrement des principes. Au-delà de l’illégalité de la diffusion de conversations et d’images privées, c’est profondément immoral. Quels que puissent être les motifs, les personnes concernées ou les circonstances. Sauf si cette divulgation a pour but de révéler un délit ou un crime plus grave. Ce n’était pas le cas en l’espèce. La vie privée est notre bien le plus précieux, puisque sans elle il n’y a pas de vie personnelle possible. Une vie privée de plus en plus menacée par le culte de la transparence et la chasse moraliste qui prévaut maintenant dans tous les domaines de la vie. Le cautionner, l’approuver, c’est mettre en danger tout ce que nous avons de plus essentiel.



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Alexandra de Taddeo et Piotr Pavlenski, de même que leur avocat Branco, finalement dessaisi dans une énième polémique médiatique d’un grotesque effarant (en attendant le prochain rebondissement), ont eu un comportement condamnable. Benjamin Griveaux eut d’ailleurs dû assumer plutôt que de se laisser soumettre au chantage. Avec un peu de chance, cette histoire nous permettra de mesurer le degré d’horreur qui nous afflige. Il est amusant de voir ces élus LREM demander la remigration immédiate de Piotr Pavlenski. Non pas qu’ils aient tort, mais pourquoi ne pas demander ça à chaque fois qu’un réfugié ou un clandestin commet un délit ou un crime ? Pourquoi ne demandent-ils pas avec la même force le respect de la vie privée de leurs adversaires politiques ? 


Il ne faut pas défendre des hommes fonction de circonstances particulières. Il faut défendre des principes invariables. Rien ne sortira de bon d’un pouvoir faible aux airs autoritaristes. Il est le ferment du désordre, du chaos et donc de l’injustice.