GND reviendra

Comme Néron larmoyant devant Rome qui brûle, Mario Roy susurre son amour du marché qui s'effondre sous nos yeux!


Il a été une sorte de météorite politique venue percuter le Québec.
Pour les opposants à la hausse des droits de scolarité, la victoire est à portée de main. Une question de jours, littéralement. Il suffit d'élire le Parti québécois qui, à toutes fins utiles, a promis de céder. La tâche n'est pas titanesque: le PQ est au seuil du pouvoir...
Est-ce le calcul que font les nombreux étudiants qui, depuis 48 heures, rejettent une nouvelle ronde de boycottage des cours? C'est douteux. Probablement est-ce plutôt le principe de réalité qui s'impose: pour obtenir un diplôme, il faut un jour ou l'autre aller en classe (en lettres minuscules...). Sans compter que la très grande majorité des étudiants n'a jamais adhéré aux positions radicales des activistes. Et que ces derniers s'essoufflent, comme l'a démontré la «manif-action» ratée de mercredi.
Et comme l'illustre le retrait subit de Gabriel Nadeau-Dubois.
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GND, comme tout le monde le désigne, est un être brillant. Plein d'assurance. À la fois volubile et secret: il ne dira sans doute jamais quel rôle ont joué dans sa démission les déchirements groupusculaires à l'intérieur même de la CLASSE. Charismatique et humble: ni chef ni leader, seulement porte-parole, a-t-il toujours martelé contre toute évidence.
Car il a bel et bien été une sorte de météorite politique venue percuter le Québec.
Que GND ait imposé l'intransigeance de la CLASSE dans les négociations avec l'État, rien d'étonnant: dans la marmite syndicale, le radicalisme surnage toujours. Qu'il ait réussi à enjôler le Parti québécois est déjà plus remarquable. Mais ce n'est rien à comparer avec le fait qu'il est aussi parvenu - avec d'autres, sans doute - à imposer une vision fantasmagorique de la société à une multitude de professeurs, d'intellectuels, d'artistes, de stars médiatiques. Des gens de mots et d'humeurs, il est vrai, donc vulnérables au pouvoir de séduction du bon vieux romantisme révolutionnaire.
C'est cette vision que Gabriel Nadeau-Dubois expose à nouveau dans sa lettre de démission. La vision d'une société dantesque dont le «projet mortifère» ne se construit qu'avec «des tromperies, des mensonges, des scandales et des attaques à la population». Une société opprimée par «la dureté des matraques et l'acidité des gaz lacrymogènes». Une société où n'existe plus que «la marchandisation de nos vies»...
GND ne peut pas être tenu responsable de tout ce qui s'est fait et dit dans le cadre du conflit étudiant.
Mais il n'est pas non plus étranger au développement d'une dynamique de l'excès qui, d'outrance en outrance et de blogues en tweets, a sombré dans l'absurde. Le néolibéralisme a pulvérisé l'État. Un manifestant a été tué et des femmes enceintes battues par la police - police politique, bien sûr. Des hommes en noir circulent dans des camionnettes blanches et s'attaquent aux passants... Au plus fort des manifencours, on en est bel et bien arrivé à ce X-Files-en-Québec!
Gabriel Nadeau-Dubois reviendra un jour sur la scène politique: il en a le talent et il en aura le goût. À ce moment, peut-être le principe de réalité aura-t-il agi sur lui comme il agit sur d'autres, aujourd'hui.


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