Marco Fortier La Presse - La division du vote souverainiste inquiète l'ancien chef du Bloc québécois Gilles Duceppe, qui appelle les électeurs «progressistes» à se ranger derrière le Parti québécois aux élections imminentes.
Joint dans le Maine où il se trouve en vacances, M. Duceppe a affirmé que le foisonnement des partis souverainistes, progressistes et même de centre droit comme la Coalition avenir Québec (CAQ, parti de François Legault) «ne mène nulle part».
La présence d'une multitude de partis - et de possibles candidats indépendants comme le metteur en scène Dominic Champagne - «divise le vote souverainiste», a soutenu Gilles Duceppe. «J'ai l'impression qu'en fin de compte, ce n'est pas une bonne chose. Ça ne mène nulle part.»
L'ancien chef bloquiste a raison de s'inquiéter à l'approche des élections, croit le politologue Jean-Herman Guay, de l'Université de Sherbrooke. Le Parti québécois (PQ) «perd des morceaux» et le fractionnement du vote souverainiste risque de faire mal au parti de Pauline Marois, selon lui.
Un récent sondage Léger Marketing a accordé 9% des appuis à Québec solidaire, 1% à Option nationale (parti fondé par Jean-Martin Aussant, qui a claqué la porte du PQ) et 19% à la CAQ de l'ancien péquiste François Legault, souligne M. Guay.
«Dans bien des cas, ce sont des votes enlevés systématiquement au Parti québécois», dit le professeur. Le PQ est «le principal parti à souffrir de cette fragmentation du vote», ajoute-t-il.
La chef ébranlée
La fronde de députés contre la chef Pauline Marois, dans la dernière année, a ébranlé le Parti québécois, croit Jean-Herman Guay. Gilles Duceppe a discrètement fait connaître son intérêt à succéder à Mme Marois, en janvier dernier. Mais la révélation, dans La Presse, que le Bloc québécois a déjà rémunéré son directeur général à même les fonds publics - une pratique contestée - a coupé l'herbe sous le pied de M. Duceppe.
L'ex-chef du Bloc se défend d'avoir mal agi en payant le directeur du parti avec l'argent des contribuables. Il dit attendre avec impatience les conclusions d'un comité des Communes qui enquête sur cette controverse. D'ici là, il affirme être prêt à pousser à la roue pour le Parti québécois, si Mme Marois lui en fait la demande.
Le PQ aura besoin de tous les appuis imaginables, parce qu'il n'a jamais eu autant de concurrence et que bien des souverainistes quittent le bateau.
Aller voir ailleurs
Encore cette semaine, deux artistes de la mouvance progressiste ont déclaré qu'ils envisageaient de se lancer en politique sans même considérer le PQ. Le metteur en scène Dominic Champagne songe à se présenter comme «libéral indépendant» dans Outremont, contre le ministre Raymond Bachand. Et le comédien Christian Bégin, qui a dit ne pas vouloir se présenter aux prochaines élections, appuie la Coalition pour la Constituante, reconnue officiellement comme un parti depuis le mois dernier.
«Je connais Roméo Bouchard [fondateur de la Coalition] depuis les années 60 et je ne sais pas où il veut aller avec ça», dit Gilles Duceppe.
Dominic Champagne, lui, fait partie du «front uni», un groupe qui demande aux «forces souverainistes et progressistes» de s'unir pour défaire Jean Charest aux prochaines élections. En entrevue au Devoir, il a décrit le Parti québécois comme «la seule alternative viable à court terme», souligne Gilles Duceppe.
En se présentant comme indépendant, M. Champagne risquerait pourtant de gruger des appuis au PQ. «Je ne comprends pas pourquoi il ferait ça», dit Gilles Duceppe en soupirant.
Vote souverainiste
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