Francois Cantin - J'ai assisté aux trois présentations d'André Caillé et de l'industrie gazière à Bécancour, Saint-Édouard-de-Lotbinière et Saint-Hyacinthe. Chaque fois, j'ai pu constater la montée de l'agressivité dans l'auditoire. J'ai été témoin des violences verbales de quelques individus envers M. Caillé et les gens de l'industrie. Ces personnes criaient si fort que j'en avais mal aux oreilles. C'était très désagréable.
Contrairement aux informations véhiculées par M. Caillé, l'opposition n'était pas, lors de ces assemblées, que le lot des environnementalistes. Les salles étaient remplies à 95% de citoyens ordinaires, agriculteurs, villageois et villégiateurs, qui s'étaient déplacés pour recevoir des informations qui ne sont finalement jamais venues.
M. Caillé n'a offert comme information qu'un petit film de 10 minutes, expliquant de façon très schématique la façon dont l'industrie procède pour forer un puits, y couler une gaine de béton, fracturer la roche et en retirer le gaz. Il n'y avait pas un seul mot pour décrire les nombreux risques, impacts et dommages que cette industrie peut causer à l'environnement, aux communautés, à la faune, à la flore.
Pourtant, il y a tellement d'informations inquiétantes disponibles sur ce sujet depuis trois mois que la vaste majorité des gens est arrivée aux sessions d'information avec un bon bagage de connaissances et plusieurs questions. Tous ont donc été surpris et déçus par ce court film insipide.
La violence première, elle était là. Elle était dans l'information contenue dans ce petit film. Alors que tous savent qu'il s'agit d'une industrie lourde pouvant causer des impacts majeurs, on nous dit : «Voilà, on fait un petit trou, on prend le gaz, on installe une clôture autour du trou et on s'en va. Des impacts équivalents à ceux d'un enfant qui fait un château de sable au bord de la mer.»
Les gens de la vallée du Saint-Laurent qui ont eu le malheur de voir apparaitre une tour de forage dans leur environnement ont subi une violence importante. Le fait que la loi sur les mines permette à une compagnie d'installer son matériel d'industrie lourde, sans même à demander la permission au propriétaire du terrain ni à la municipalité, est porteur d'une extrême violence. Les milliers de camions lourds qui circulent dans les rangs pour véhiculer les millions de litres d'eau propre pour la fracturation, l'eau polluée à évacuer par la suite, les tonnes de produits chimiques nécessaires à la fracturation, le matériel de forage, les pompes pour l'eau et le gaz, les roulottes d'hébergement et tout le matériel pour assembler une tour de sept étages, ont un impact d'une violence inouïe sur la quiétude, la sécurité et la vie des habitants de la région. Et c'est sans parler des torchères qui lancent une flamme haute comme une maison et du bruit des moteurs des pompes qui hurlent 24 heures par jour.
Ces citoyens se sentent coincés. L'industrie gazière s'installe chez eux comme on entre dans un salon avec de grosses bottes pleines de boue. La loi est du côté de l'industrie, et le gouvernement, qui devrait normalement protéger les citoyens, affiche clairement son appui à l'industrie, affirmant que si des citoyens sont inquiets, c'est parce qu'ils sont «mal informés».
Comment s'étonner alors que quelques-uns aient perdu leur sang-froid devant les demi-vérités et les omissions de M. Caillé et des gens de l'industrie?
La politesse et le respect auront toujours une place centrale et essentielle dans un dialogue constructif. À l'inverse, la violence, verbale ou sous une autre forme, est toujours désolante. Il faut ici voir ce que cette violence exprime?: les cris lancés par certains lors des assemblées exprimaient la douleur, la stupeur et un grand désarroi face à l'effronterie de l'industrie gazière.
La violence qui fait mal, celle qu'il faut dénoncer, elle se situe principalement dans les gestes effrontés et arrogants de l'industrie gazière, dans les présentations à caractère trompeur qu'elle a faites, et dans le fait qu'elle a pris les citoyens pour des imbéciles.
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Francois Cantin
L'auteur est analyste en informatique. Il habite Montréal.
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