L'ancien président du comité exécutif de Montréal, Frank Zampino, a reçu des centaines de milliers de dollars en argent et cadeaux de l'entrepreneur Paolo Catania, selon un témoin de la commission Charbonneau.
Depuis ce matin, la Commission entend le témoignage de l'un des plus proches amis de Paolo Catania, Elio Pagliarulo. Celui-ci est en train de décrire le fonctionnement du cartel des égouts à Montréal et comment l'entrepreneur a corrompu le bras droit du maire Gérald Tremblay.
Pendant une quinzaine d'années, Elio Pagliarulo a côtoyé quotidiennement Paolo Catania, qui dirige l'une des principales compagnies de construction décrochant des contrats à Montréal, Construction F. Catania. Les deux hommes ont longtemps exploité une compagnie de prêt usuraire.
Véritables accros du travail, les deux parlaient toujours affaires. C'est ainsi qu'Elio Pagliarulo dit avoir été mis au courant des activités des Catania, notamment le Faubourg Contrecoeur.
Avant la pause matinale des audiences de la Commission, Elio Pagliarulo a largué une véritable bombe. Questionné à savoir s'il connaissait, outre des fonctionnaires, des élus que le cartel avait corrompus, le témoin a répondu: «Oui: Frank Zampino.»
L'élu occupait un poste-clé à la Ville de Montréal à titre de président du comité exécutif. En mai, il a été arrêté par l'escouade Marteau en lien avec le scandale du Faubourg Contrecoeur. En plus de lui et de Paolo Catania, l'ex-président de la Société d'habitation de Montréal (SHDM) Martial Fillion et l'ex-organisateur politique d'Union Montréal Bernard Trépanier avaient également été arrêtés lors de cette frappe.
Elio Pagliarulo a expliqué que Paolo Catania a pu acquérir les terrains du Faubourg Contrecoeur grâce à l'aide de Frank Zampino. L'entrepreneur avait évalué la valeur du terrain à 50 millions. Il l'a finalement acheté pour à peine 5 millions après avoir feint que les terrains étaient hautement contaminés. Paolo Catania a indiqué à son ancien ami qu'il prévoyait faire un profit de 80 millions grâce au projet du Faubourg Contrecoeur.
Elio Pagliarulo dit avoir apporté lui-même 300 000 $ à Paolo Catania qui devaient être versés en trois versements à Frank Zampino. Ces transactions ont laissé des traces puisque le témoin affirme avoir retiré l'argent de son compte de banque. Il précise également qu'il a lui-même aperçu Frank Zampino lorsqu'il venait porter de l'argent lui tant destiné.
Outre les 300 000 $, Elio Pagliarulo a également indiqué que la cuisine de l'élu avait été refaite pour la bagatelle de 250 000 $. «Je sais que c'est dur à croire, mais c'est ce que Paolo Catania m'a dit», a assuré le témoin. Il affirme également avoir apporté en septembre 2007 un «cadeau» de 5000 $ pour l'anniversaire de Frank Zampino.
La compagnie de Catania était le principal bénéficiaire du cartel des égouts à Montréal, selon le témoin, Construction F. Catania obtenait 22 % des contrats que le cartel des égouts réussissait à truquer. Un pizzo (une ristourne) de 5 % était versé au clan Rizzuto lors de rencontres au club social Consenza.
Fin d'une amitié
L'amitié entre Paolo Catania et Elio Pagliarulo s'est toutefois effondrée quand trois emprunteurs ont fui le pays et laissé derrière eux une dette de 1,8 million. Alors qu'Elio Pagliarulo se disait prêt à absorber la perte, Frank et Paolo Catania auraient insisté pour que celui-ci les rembourse. «Les Catania ne perdent pas d'argent», lui aurait dit le patriarche.
Incapable d'assurer le paiement hebdomadaire de 5000 $ à Frank Catania et de 2000 $ à Paolo Catania, Elio Pagliarulo a déclaré faillite.
L'homme dit avoir alors reçu de nombreuses menaces à partir de décembre 2008. En août 2009, Pagliarulo a été enlevé et sévèrement battu pendant trois heures. Ses agresseurs lui ont intimé l'ordre de payer les Catania. La même semaine, des fleurs mortuaires ont été déposées devant le domicile de son ex-femme.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé