François Legault vient d’aborder une question essentielle qui est trop souvent étouffée par le politiquement correct.
Je parle évidemment de l’immigration massive, que nos élites nous imposent depuis une vingtaine d’années, sinon davantage, alors que la population se montre très réservée à son égard.
40 000
On savait depuis un temps que la CAQ voulait diminuer nos seuils d’immigration de 50 000 à 40 000. On se demandait néanmoins si elle oserait répéter son engagement en campagne électorale, alors qu’elle semblait vouloir se tenir loin des enjeux identitaires.
Manifestement, elle ose et oblige tous les partis à se prononcer sur la question.
Ne nous réjouissons pas trop vite, cela dit. Il s’agit, pour l’instant, d’une baisse cosmétique. À 40 000 immigrés par année, nous demeurons bien au-delà de nos capacités d’intégration, sans oublier que les nouveaux arrivants s’installent à Montréal, où les Québécois francophones sont en situation de régression démographique.
Malgré tout, sur le plan des principes, Legault vient de rompre avec la logique du toujours plus. Il marque ainsi une rupture avec l’idéologie quasi officielle portée par la classe dirigeante qui laisse croire que l’immigration massive est à la fois nécessaire et inévitable.
François Legault aura d’abord contre lui la gauche multiculturaliste, électoralement insignifiante, mais médiatiquement dominante, qui rêve d’abolir les frontières et qui ne voit dans la défense de l’identité québécoise qu’une forme de racisme maquillé. Il devra lui tenir tête et ne pas se laisser intimider par les crieurs d’insultes qui pratiquent depuis longtemps l’intimidation idéologique.
Mais il aura aussi contre lui une partie de la droite patronale qui entretient le mythe, pourtant souvent démenti, de la nécessité économique de l’immigration de masse. En fait, le patronat veut une main-d’œuvre à bon marché. Ce n’est pas du tout la même chose. François Legault devra aussi tenir tête à ces tenants d’un faux réalisme économique.
Rappelons un fait essentiel : la machine à intégrer est tout simplement brisée. Progressivement, le Québec se casse en deux.
À Montréal, un nouveau peuple prend forme, qui se sent de moins en moins concerné par le destin du Québec francophone et qui s’en détache mentalement. Il s’agit d’un nouveau peuple multiculturel et bilingue : bien des Québécois francophones, persuadés que l’avenir et la force se trouvent là, sont tentés de le rejoindre. C’est l’intégration à l’envers, encouragée par le multiculturalisme canadien, qui fait éclater toute idée de culture commune.
Le PLQ en profite, évidemment, et multiplie ainsi les forteresses électorales.
Montréal
À l’extérieur de Montréal, on trouve une majorité historique francophone consciente de son érosion et de plus en plus hantée par son impuissance collective. Elle représente pourtant le cœur de la nation. Plus elle s’efface, plus le peuple québécois s’efface aussi.
Pour bien accueillir les immigrés, il faut les accueillir en nombre raisonnable. Il faut ramener les seuils à la baisse. François Legault nous propose de faire un pas dans cette direction. Il faudra en faire bien d’autres.