Sur le fond des choses, le premier ministre Couillard a sans doute raison. Les forages prévus sur l’île d’Anticosti par les entrepreneurs québécois et leurs associés ne seraient pas sans effets secondaires sur l’environnement.
Le forage par «fracturation hydraulique» consiste à injecter dans le sol de grandes quantités d’eau mélangée à des diluants chimiques. En règle générale, la moitié du mélange ne revient pas à la surface.
M. Couillard aurait dû insister sur ces détails dès le départ comme il l’a fait hier à son arrivée à l’Assemblée nationale. Mais peu importe, les jeux sont faits et personne ne doute plus de l’arrêt éventuel des travaux d’exploration sur cette île du Saint-Laurent.
Forages
Il y a quelques années, la ruée vers les gaz de schiste de la plaine du Saint-Laurent avait nécessité le déploiement de fonctionnaires du ministère de l’Environnement qui, pris d’abord au dépourvu, avaient beaucoup appris sur les opérations de l’industrie gazière.
Notamment qu’un forage nécessite 10 000 mètres cubes d’eau, parfois plus, dont la moitié seulement est ramenée en surface pour être décontaminée.
L’industrie ne veut pas dire ce que contient cette eau, injectée dans le sol, jusqu’à deux kilomètres sous la surface. Elle n’est certainement pas inoffensive puisque les sites de forage disposent souvent de «douches d’urgence» au cas où des travailleurs en seraient aspergés.
Les produits chimiques utilisés sont gardés secrets, protégés par le «secret industriel», indiquent des rapports d’inspection du ministère.
Le cas de l’île d’Anticosti pose d’autres problèmes. Une fois trouvé, le gaz naturel serait pompé, stocké et transporté par bateaux, camions ou trains. Les infrastructures nécessaires altéreraient irrémédiablement ce territoire quasiment vierge et unique au Québec.
Si M. Couillard avait été indépendantiste, Roy Dupuis et Dominic Champagne lui auraient déjà donné raison sur tous les plateaux de télévision. Ils apprécient sans doute en silence...
Politique...
Mais encore une fois, cela n’a plus guère d’importance puisque ce projet mourra de sa belle mort. Au bout du compte, la controverse aura été profitable aux libéraux.
Le milieu des affaires pardonnera à Philippe Couillard ses élans écolos, satisfait de voir le Parti québécois et Québec solidaire, deux alliés potentiels d’une improbable convergence souverainiste, minés par une «fracturation politique».
M. Couillard a dû bondir de joie en entendant la députée solidaire Manon Massé se dire «fière du premier ministre parce qu’il est du côté des Québécois»!
Favorable à l’exploitation pétrolière, le chef péquiste Pierre Karl Péladeau soutenait hier que le Québec est une société de droit et qu’on ne peut renier cavalièrement les ententes signées avec des tiers.
M. Couillard soutient que les contrats sont intégralement respectés et dit laisser à son adversaire le rôle de «promoteur du gaz de schiste». Ouch!
Quand François Legault lui a reproché d’empêcher l’enrichissement du Québec, le chef du gouvernement a répondu que le pétrole n’était qu’une illusion.
Il aurait pu ajouter que le gouvernement Marois prévoyait des redevances annuelles de 150 millions. À titre de comparaison, l’aide sociale coûte 240 millions par mois...
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