Le plus vieux quotidien francophone du Québec a publié samedi matin sa dernière édition en papier. La Presse n’est désormais disponible que sur une tablette.
« C’est audacieux, une expérience à suivre [...] Peut-être que La Presse abandonne le papier un peu trop vite », avance le professeur à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Jean-Hugues Roy.
Après 133 ans, le quotidien a tourné définitivement le dos au papier, au profit de son application tablette baptisée La Presse+. Il avait déjà cessé d’imprimer et distribuer ses journaux il y a deux ans, sauf pour son édition du samedi, jusqu’à ce samedi.
Au Québec, seul Le Journal est actuellement imprimé sept jours sur sept, en plus de son site web et d’une application mobile. Le Devoir continue pour sa part d’imprimer un journal six jours par semaine.
D’autres journaux, notamment aux États-Unis, ont cessé d’imprimer des copies, en faisant le choix de miser sur un site web.
Publicité imprimée
M. Roy soutient que même si le lectorat papier est généralement à la baisse, les états financiers du réputé New York Times montrent qu’il tire toujours la majorité de ses revenus avec la publicité imprimée, plutôt que numérique.
Il ajoute du même coup que les ventes de tablettes ont plafonné depuis quelques années.
La directrice du Centre d’études des médias, Colette Brin, souligne quant à elle que ce sont les téléphones mobiles qui sont surtout prisés par les jeunes. Néanmoins, la professeure de l’Université Laval ajoute que La Presse a su retenir et attirer des lecteurs avec son nouveau format.
Autant Mme Brin que M. Roy se demandent si l’application tablette pourra être rentable, en partie puisque la tentative de la vendre au Toronto Star en 2015 s’est soldée par un échec plus tôt cette année.
« On est dans un environnement médiatique très incertain », remarque Colette Brin. Du même souffle, Jean-Hugues Roy précise que les modèles d’affaires des médias sont voués à changer dans les prochaines années.
Lectrice
Lectrice de longue date, Marie Church aura été abonnée à La Presse jusqu’à sa dernière édition papier. La femme de 89 ans a cependant adopté la tablette et l’application La Presse+, qu’elle trouve notamment « plus propre ». « Je lis à peu près tout, sauf les sports », dit-elle en riant.
Dans sa résidence pour aînés, Les Jardins Millen, plusieurs résidents ont reçu des cours pour apprivoiser cet appareil, souligne-t-elle.