La Wallonie va se fêter à Namur ce dimanche.
Le projet de constitution wallonne (déposé en mai par huit députés du parlement de Namur, issus du groupe le plus important), parle même de la “Fête nationale de la Wallonie”, cet adjectif (nationale), n'est utilisé qu'une seule fois dans le texte.
Le président du Parti Socialiste, Elio di Rupo, qui est aussi le Président du Gouvernement wallon avait accueilli cette proposition sur un ton glacial.
A-t-il infléchi son discours?
En tout cas, il a donné récemment à un journal une interview très marquée: “Le Wallon, c'est quelqu'un qui est attaché à la Wallonie par un aimant invincible, selon l'expression de Châteaubriand (...) Les Wallons ce sont des gens sérieux, mais qui ne se prennent pas au sérieux, qui sont très conviviaux, attachés à une très grande solidarité et ouverts à la multiculturalité.”
Soit! L'ethnotype est peu neutre et très narcissique mais en revanche, il peut se référer à quelque chose de vrai ou d'objectif: “C'est en Wallonie que l'on compte le plus de gens venus d'ailleurs, qui sont devenus wallons.”
Ce trait marque la Wallonie car c'est une terre d'industrie qui a littéralement mangé les êtres: le pourcentage de Flamands établis en Wallonie doit être important (10 à 20% au 19e siècle), celui d'Italiens est très important aussi (mêmes proportions), sans compter les Grecs, les Turcs, les Polonais, les Marocains, les Algériens.
Et pourtant on ne peut pas dire que la population de la Wallonie ait fortement augmenté avec cette immigration. Elle a augmenté mais il y avait déjà pas loin de 3 millions de Wallons au début du siècle passé et il y en a plus de 3,4 aujourd'hui.
D'ailleurs le Président du Gouvernement wallon est lui-même un Sicilien d'origine. Qu'il soit peu régionaliste (+ nationaliste), n'est d'ailleurs pas lié à ses origines.
Il n'empêche qu'il a aussi, dans l'interview que je cite, souligné l'identité wallonne, salué le combat du rassemblement wallon (le premier parti autonomiste), salué également les hommes politiques wallons actuels les plus radicaux dont deux qui ont justement déposé le projet de Constitution wallonne.
Ce ton est donc inhabituel dans sa bouche.
De même, le plan de redressement de l'économie est maintenant accompagné d'un appel au public via des Wallons qui ont réussi comme Franco Dragone (qui travaille pour Céline Dion), ou les Frères Dardenne (deux fois grands prix au Festival de Cannes).
Le ton est donc inhabituel dans sa bouche.
Le plan de redressement de la Wallonie a été mis au point avec le patronat, les universités et en y associant les syndicats. IL s'agit de déterminer dans les domaines où la Wallonie est très compétitive (les biotechnologie, l'aérospatiale, l'industrie spatiale ...), des projets d'expansion à soutenir.
Le vice-président du Gouvernement wallon a dit dans la conférence de presse qui établit un premier bilan de ce Plan que la Wallonie est en difficultés depuis 1964 (ce que personne ne conteste), et que l'on ne peut donc pas s'attendre à un relèvement immédiat. Evidemment, après les difficultés du début des années 60, la Wallonie avait connu (dans le cadre de l'Etat unitaire et sans programme de redressement particulier), un redressement non négligeable, jusqu'à l'année 1975. Dans les années 60, elle avait très souffert de la fermeture des charbonnages et à partir de 1975, elle subit de véritables déconfitures dans la sidérurgie et l'industrie lourde en général.
Que la Wallonie s'éprouve le plus douloureusement dans le domaine économique est lié au fait qu'elle a pu être la première puissance industrielle du monde en termes relatifs et la seconde en certains domaines en chiffres absolus.
Les Wallons mesurent la valeur d'une politique à ce qu'elle peut produire dans le domaine économique pour cette raison. Peut-être pas seulement mais surtout. C'est d'ailleurs cela la vraie identité régionale avec, aussi, un grand espoir dans le mouvement social ou socialiste, un espoir un peu difficile par les temps qui courent.
José Fontaine
PS: J'ai un ami qui a commencé sa vie comme ouvrier et qui a travaillé avec les frères de Di Rupo, qui payèrent les études de leur frère cadet et qui étaient des wallons purs jus (quoique italiens d'origine), causant le wallon tout le long du jour (causant, jasant, on dit les deux).
Fête de la Wallonie
Chronique de José Fontaine
José Fontaine355 articles
Né le 28/6/46 à Jemappes (Borinage, Wallonie). Docteur en philosophie pour une thèse intitulée "Le mal chez Rousseau et Kant" (Université catholique de Louvain, 1975), Professeur de philosophie et de sociologie (dans l'enseignement supérieur social à Namur...
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Né le 28/6/46 à Jemappes (Borinage, Wallonie). Docteur en philosophie pour une thèse intitulée "Le mal chez Rousseau et Kant" (Université catholique de Louvain, 1975), Professeur de philosophie et de sociologie (dans l'enseignement supérieur social à Namur et Mirwart) et directeur de la revue TOUDI (fondée en 1986), revue annuelle de 1987 à 1995 (huit numéros parus), puis mensuelle de 1997 à 2004, aujourd'hui trimestrielle (en tout 71 numéros parus). A paru aussi de 1992 à 1996 le mensuel République que j'ai également dirigé et qui a finalement fusionné avec TOUDI en 1997.
Esprit et insoumission ne font qu'un, et dès lors, j'essaye de dire avec Marie dans le "Magnificat", qui veut dire " impatience de la liberté": Mon âme magnifie le Seigneur, car il dépose les Puissants de leur trône. J'essaye...
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