Curieusement, au moment où le gouvernement Couillard dépose le projet de loi 20 visant à mettre fin au programme de fécondation assistée, nous apprenons que la famille Desmarais via IntegraMed qui appartient à près de 97 % à Sagard Capital, filiale de Power Corporation du Canada, se porte acquéreuse de la plus grande clinique de fécondation assistée au Québec.
En termes clairs, le gouvernement libéral, indirectement, par son projet de loi, siphonne d’une part l’accès à ce programme, invoquant toujours ses mesures d’austérité, tout en privilégiant d’autre part les couples plus aisés… et en garnissant les coffres des Desmarais.
La recette est fort simple. En se joignant au géant américain de l’infertilité, les cliniques Procréa pourront avoir «les meilleurs prix» du marché, dit le président fondateur, Pierre St-Michel. Et ses clients auront aussi accès aux financements qu’offre IntegraMed. «La majorité de la clientèle n’a pas d’argent pour payer un cycle de fertilité. Est-ce qu’on peut les aider tout en respectant le code de déontologie? Aux États-Unis, ça fonctionne relativement bien.»
Or, les couples infertiles devront toutefois s’attendre à payer le gros prix. Selon le site internet d’IntegraMed, les taux d’intérêt des prêts peuvent atteindre 20%, soit cinq fois les taux hypothécaires actuels sur le marché américain.
Chez Power, le vice-président et chef du contentieux assure que «Power n’a eu aucun contact avec Québec à ce sujet». Stéphane Lemay a refusé de commenter davantage. «IntegraMed est une compagnie distincte de Power Corporation, avec sa propre équipe de direction et son propre conseil d’administration. L’intérêt de Power dans IntegraMed est par ailleurs un intérêt indirect, via notamment le fonds Sagard Capital établi aux États-Unis».
Du côté des usagers potentiels, «la procréation assistée va devenir un bar ouvert médical et financier», déplore Céline Braun, la nouvelle présidente de l’Association des couples infertiles du Québec, qui défend les droits des parents recourant à la procréation assistée. Mme Braun redoute la hausse des coûts à prévoir pour les couples infertiles si le projet de loi 20 est adopté. Pour elle, la venue au Québec d’entreprises comme IntegraMed, qui offre des prêts pour payer ses services de fécondation in vitro, «ouvre la porte à l’endettement des patients».
L’étude du projet de loi 20 doit reprendre à la fin du mois d’août. Pour des raisons d’éthique élémentaire, il est à souhaiter que la fécondation assistée au Québec ne devienne pas « assistée de Power Corporation » pour le plus grand bonheur des couples québécois qui désirent s’en prévaloir, indépendamment de leurs ressources financières !
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