Dans une [lettre publiée dans La Presse du 30 septembre, Michael Fortier->31037] préconise la tenue d'un référendum tous les 15 ans et plaide «l'évacuation de la question nationale», ce qui permettrait, selon lui, de remanier l'échiquier politique, d'en finir avec «l'homogénéité politique».
L'idée de congeler la tenue d'un référendum pour 15 ans est irrespectueuse de la démocratie. Il y aura un référendum quand la volonté populaire et le gouvernement en décideront. On se demande d'ailleurs pourquoi M. Fortier ne pousse pas son idée jusqu'au bout en proposant aussi de congeler les élections pendant 15 ans. Le sens du ridicule l'a sans doute arrêté.
Il soutient qu'il est «difficile de noter de grands écarts entre les deux principaux partis». Il existe pourtant un écart abyssal entre le Parti québécois et le Parti libéral de Jean Charest sur au moins un point fondamental: l'intégrité.
Affairisme
D'un côté, il y a le Parti libéral du Québec qui défend des intérêts particuliers, quitte à agir contre l'intérêt des Québécois. En 2009, les libéraux ont recueilli près de 8 millions de dollars en contributions politiques, ce qui constitue un record à l'échelle canadienne. Même les riches conservateurs de Stephen Harper n'en font pas autant.
On comprend pourquoi Jean Charest se refuse obstinément à déclencher une enquête publique, car lorsqu'un parti politique en est rendu à piger à pleine main dans le financement des garderies, on atteint les limites de l'indécence. C'est cet esprit d'affairisme qu'a exploité Maclean's pour s'attaquer aux Québécois.
De l'autre côté, il y a le Parti québécois qui s'est engagé formellement à tenir une commission d'enquête publique sur la construction, qui propose de réduire au minimum le plafond des contributions politiques et de faire le ménage.
Les scandales de corruption politique au Québec sont essentiellement le fait du Parti libéral. Le Parti québécois, au contraire, peut se targuer d'avoir le meilleur bilan de l'histoire en matière d'intégrité.
M. Fortier, qui se pose en tenant d'une chimérique troisième voie, fait un peu rapidement l'impasse sur des questions vitales pour l'avenir du Québec et qui toutes sont inextricablement liées à «la question nationale» qu'il voudrait évacuer.
Il affirme que le Québec a beaucoup de défis devant lui, et c'est vrai. Mais si l'on évacue la question nationale, comment fait-on pour protéger la prédominance du français alors même que la Constitution canadienne permet de combattre avec acharnement la loi 101?
Comment fait-on pour protéger la culture québécoise quand la moitié de nos impôts sont contrôlés par un gouvernement Harper qui méprise la culture?
Le coeur du problème
Quand les dizaines de milliards que nous envoyons à Ottawa chaque année servent à donner 10 milliards à l'industrie automobile en Ontario et seulement des miettes à l'industrie forestière québécoise, si vitale pour bien des régions du Québec, que fait-on?
Comment évacuer la question nationale quand le gouvernement fédéral décide de réduire le poids du Québec à la Chambre des communes?
Qui va s'opposer à la volonté d'Ottawa de piétiner les compétences du Québec en matière de valeurs mobilières si la question nationale est évacuée?
En suggérant d'évacuer la question nationale du paysage politique, M. Fortier agit comme Jean Charest qui tente de balayer les allégations de corruption libérale sous le tapis.
Comme Pauline Marois, je suis de ceux qui croient qu'il ne faut pas évacuer les questions qui dérangent. S'il faut évacuer, allons au coeur du problème et évacuons le Parti libéral de Jean Charest.
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Bernard Drainville - Député de Marie-Victorin et porte-parole de l'opposition officielle en matière d'affaires intergouvernementales canadiennes
Réponse à Michael Fortier
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