Éthique et culture religieuse: éduquer ou endoctriner?

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Le vivre-ensemble ne justifie pas le n'importe quoi





Le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, a donné le feu vert à une réévaluation du controversé cours d’Éthique et culture religieuse, obligatoire au primaire et au secondaire.


Cette réévaluation sera «accompagnée» par le même fonctionnaire qui a piloté l’introduction du cours en 2008: feriez-vous évaluer votre maison par celui qui l’a construite?


Tout ce cours repose sur un détournement de sens.


Certes, vivre dans une société de plus en plus multiethnique impose de mieux connaître les diverses religions.


Qui diable pourrait s’opposer aussi au «respect», à la «tolérance», à «l’ouverture»?


Endoctrinement


Derrière cet objectif raisonnable et ce discours vertueux, c’est pourtant autre chose qui est transmis aux enfants.


Les manuels utilisés pour donner ce cours ont déjà fait l’objet de plusieurs études.


Au nom du respect et de la tolérance, on se refuse à examiner les religions sous l’angle de la logique, de la science, de la raison.


Les récits mythiques sont présentés sans recul objectif, sans discussion.


Des exercices valant des points demandent aux enfants du primaire de choisir leur rite préféré ou d’organiser une petite cérémonie religieuse.


Les explications scientifiques sur l’origine du monde et de la vie ne sont jamais mises en parallèle avec les discours religieux.


Vous ne trouverez pas le moindre examen critique du mal que l’on peut faire au nom de la religion: pas un mot sur le terrorisme, les crimes d’honneur ou la misogynie.


Comprenez-moi bien: il ne s’agit pas d’enseigner l’hostilité à la religion, ce qui ne serait que le remplacement d’un dogmatisme par un autre.


Il faudrait présenter les religions comme un objet sociologique que l’on doit examiner avec un souci d’objectivité, comme on le ferait pour l’étude d’une idéologie ou d’une institution.


Le cours propose plutôt une vision de la foi religieuse qui laisse lourdement entendre qu’il serait irrespectueux et intolérant de l’examiner froidement, ce qui inclurait logiquement ses aspects problématiques autant que ses aspects positifs.


Conséquemment, le niqab et la burqa sont présentés comme des choix vestimentaires parmi d’autres.


Les photos montrent toujours des fidèles intégristes, puisqu’ils sont fervents au point de vouloir absolument porter des signes visibles.


Vous ne trouverez pratiquement rien dans ces livres sur l’athéisme, la laïcité ou les croyants non pratiquants, qui sont pourtant l’immense majorité.


Le croyant venu d’ailleurs n’est pas dépeint comme quelqu’un qui veut devenir comme nous, mais comme quelqu’un qui veut très légitimement reproduire la façon de vivre de sa société d’origine.


Pognés avec


Au fond, l’enfant est exposé, pendant des années, à une vision du phénomène religieux qui lui inculque qu’il est vertueux de croire sans se questionner et irrespectueux de questionner cela.


Au nom du fameux «vivre-ensemble», on fait la promotion enthousiaste de toutes les différences qui permettront à chacun de rester replié dans sa communauté d’origine.


Il ne faut pas simplement modifier ce cours. Il aurait fallu recommencer à zéro. Ça n’arrivera pas et c’est très regrettable.




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