Et si le FN pouvait se passer de l’UMP ?

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« La déferlante Marine Le Pen »

Comme on dit, il y a une ambiance. Faite de tout petits riens. De signes. De changements de comportements ; que ce soit au zinc des caboulots et sur les plateaux télé. Ou même dans les déclarations de tel ou tel. Tenez, le pourtant très réservé François Fillon qui, lorsqu’il était président du conseil régional des Pays de la Loire, interdisait à ses collaborateurs de serrer la main des élus du Front national, vient d’avouer que si un second tour mettait un candidat socialiste en face d’un candidat lepéniste, il faudrait « voter pour le moins sectaire ».
D’un point de vue sémantique, cela ne veut strictement rien dire. D’un point de vue politique, ou politicien, ça signifie beaucoup… D’où le copieux dossier réalisé par notre confrère Valeurs actuelles sur le sujet et intitulé, rien de moins, « La déferlante Marine Le Pen »…
Constat sondagier, tout d’abord : « Un Français sur trois est proche idéologiquement du Front national. » Mazette ! Et décryptage de l’IFOP à l’appui, ces quelques autres chiffres qui nous disent que Marine Le Pen fait jeu égal chez les garçons comme chez les filles avec, respectivement, 36 % et 33 % d’opinions favorables chez les uns et chez les unes. Plus intéressant encore : si la présidente du FN conquiert les cœurs et les bulletins de vote de l’UMP (38 %), elle fait de même avec ceux du Front de gauche (21 %).
Ce « gaucho-lepénisme » n’interpellera que les distraits ayant négligé de lire les passionnantes analyses de Pascal Perrineau (président du CEVIPOF) qui, dès 1995, voyait en la formation fondée par Jean-Marie Le Pen le premier « parti ouvrier de France », ainsi que le plus en pointe chez les « jeunes »… D’ailleurs, à en croire Louis Aliot, interrogé par Valeurs actuelles, les futurs candidats « marinistes » aux élections municipales de 2014 viendraient « à 60 % de la droite et à 40 % de la gauche ».
Et qu’en pense le président d’honneur, Jean-Marie Le Pen ? « Lorsqu’on dit que Marine serait sur une ligne plus “étatiste” en matière d’économie, c’est faux. Elle défend un État stratège, pas un État fiscaliste. Le rééquilibrage doit procéder, non de nouveaux impôts, mais d’une réduction massive des dépenses publiques, à laquelle ni Sarkozy ni Hollande n’ont eu le courage de s’attaquer. »
De son côté, Le Parisien d’hier nous annonce qu’en perspective de ces prochaines échéances municipales, ce FN 2.1 recruterait des fonctionnaires capables d’éviter les errements gestionnaires passés de villes telles que Toulon ou Vitrolles, où les édiles lepénistes d’alors et leurs équipes n’avaient pas spécialement brillé par leur savoir-faire. À en croire ce quotidien, ça se bousculerait au portillon ; si les énarques se mettent à avoir du flair politique, il pourrait aussi s’agir d’une autre forme de révolution.
Ce « revirement » médiatique pose nombre de questions. Et c’est un article de L’Express, daté du 24 avril dernier, qui nous apporte un premier élément de réponse : « Le prochain choc n’interviendra pas le jour des municipales, mais quand, au soir des européennes, le Front national sera la première force électorale du pays. Voilà une organisation dont le débouché politique ne passe même pas par une alliance avec l’UMP : elle canalise suffisamment de votes pour s’en passer. »
Au moins, les intermittents du spectacle politique ne pourront pas prétendre qu’ils n’avaient pas été prévenus.


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