«Est-ce que le Cirque du Soleil a un avenir à Montréal ? Oui, bien sûr. J’ai rencontré Fosun lors de ma mission. Ils m’ont dit: nous voulons garder le Cirque chez vous. »
Cette citation vient du ministre de l’Économie Jacques Daoust, dans l’entrevue qu’il a accordé au journaliste Charles Lecavalier du Journal de Montréal. http://www.journaldemontreal.com/2015/10/17/le-cirque-du-soleil-a-montreal-pour-y-rester
Le ministre pensait-il vraiment ce qu’il disait ? En ce cas, la naïveté du ministre n’aurait d’égal que son ignorance de la Chine.
Rien ne garanti que Fosun ne revendra pas ses actifs à une autre compagnie, sans assurance pour la sauvegarde des activités de Montréal. Ensuite, Montréal ne possède ni le monopole de la créativité, ni celui de l’organisation de tournées.
La logique politique avant la logique commerciale
Le plus grand problème du ministre est de s’imaginer que la logique d’affaire de Fosun va nécessairement l’emporter sur la volonté politique des dirigeants chinois. Un simple coup de téléphone du bureau du premier ministre chinois pourrait faire basculer le sort du Cirque du Soleil. Mais cela ne sera probablement pas nécessaire.
Un modèle
Depuis quelques années, les Chinois cherchent à développer leur secteur culturel, en particulier à l’exportation. Le Cirque du Soleil est surement considéré comme un modèle à copier pour les autres entreprises culturelles chinoises. Il faudra aux Chinois quelques années pour bien comprendre comment fonctionne l’entreprise fondée par Guy Laliberté. Ensuite, son modèle sera adapté à quelques produits culturels sélectionnés. Enfin, le modèle sera perfectionné, puis reproduit à grande échelle.
Un nouveau destin
À ce moment, le destin du Cirque devrait à nouveau changer. Soit que les propriétaires chinois de l’entreprise se débarrasseront des actifs du Cirque, parce qu’ils en auront tiré tous les avantages qu’ils recherchaient, soit que l’organisation du Cirque s’enchinoisera, parce que les dirigeants de Fosun trouveront que les nouveaux modèles d’organisation issus du Cirque sont supérieurs au modèle original.
La véritable priorité chinoise
Le gouvernement chinois est parvenu à sortir de la misère presque toute sa population. Environ 500 millions de Chinois ont désormais un niveau de vie comparable au nôtre. Il reste 900 millions de personnes à sortir de la pauvreté. L’acquisition d’entreprises comme le Cirque du Soleil ou Bombardier peut aider à hausser le niveau de vie des Chinois. Mais il faut bien comprendre que la priorité des dirigeants chinois est la création d’emplois en Chine, pas ailleurs.
Si le ministre Daoust avait saisi tout ceci, il aurait plutôt dû déclarer :
«Le Cirque du Soleil devrait demeurer à Montréal quelques années, mais un jour ou l’autre, les activités de son siège social déménageront. Il restera probablement pendant longtemps une certaine présence du Cirque à Montréal».
Mais toute vérité n’est pas bonne à dire.
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