Aussi bien que je fasse le parallèle moi-même avant que d’autres ne le fassent. En devenant chef de Québec Solidaire et député à 26 ans, Gabriel Nadeau-Dubois entreprend un parcours qui ressemble au mien. D’aucuns finiront peut-être par dire qu’il est le Mario Dumont de gauche. Lui sera insulté de la chose.
Différence majeure, alors que tout a été fait pour m’empêcher d’être élu dans Rivière-du-Loup, GND aura vraisemblablement droit à une passe gratuite pour entrer à l’Assemblée nationale. Le PQ, seul parti qui aurait pu être compétitif dans l’élection partielle de Gouin, ne présentera pas de candidat.
Les péquistes affirment qu’il s’agit d’un beau geste de convergence. Je crois plutôt qu’ils ont peur de perdre. Jean-François Lisée se dit aussi qu’«à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire». Donc il ne veut pas donner à Nadeau-Dubois une victoire triomphale qui en ajouterait à l’effervescence que sa candidature va créer dans les mouvements (et les médias) de gauche.
Preuves à faire
L’ancien leader étudiant communique avec naturel et habileté. Il contrôle son message et ses émotions. Il est fin stratège et sait faire réagir une foule. Deux choses restent à clarifier avant de le voir comme un leader politique solide.
D’abord, il doit clarifier certains enjeux concernant son passé glorieux de carré rouge. Il dirigeait la CLASSE, un mouvement étudiant radical où se côtoyaient toutes sortes de mouvances, dont quelques-unes inquiétantes. Les manifestations qu’il organisait avaient tendance à finir avec de la casse.
Officiellement, les casseurs ne venaient pas de ses rangs, il n’avait pas le contrôle là-dessus. Mais il n’a jamais dénoncé le recours à la violence comme un leader avait le devoir de le faire. Surtout comme un démocrate a le devoir de le faire. S’il veut devenir un élu de l’Assemblée nationale, c’est qu’il croit que c’est la démocratie qui doit trancher les décisions publiques, pas la casse ni la violence.
Des grèves étudiantes, les leaders syndicaux ayant assisté à certaines rencontres retiennent son intransigeance. Il n’avait aucune intention de négocier quoi que ce soit avec les représentants gouvernementaux. À ce chapitre, il piégeait même les leaders étudiants plus modérés des autres fédérations étudiantes. La politique consiste à trouver des solutions pour l’ensemble. Ce genre de radicalisme a de quoi inquiéter.
Le test de la crédibilité
Gabriel Nadeau-Dubois a été un puissant leader étudiant. Il doit maintenant contribuer à faire de Québec solidaire une option de gauche crédible. Lui s’est surtout fait connaître comme contestataire. Le parti qu’il joint s’oppose au capitalisme, aux projets polluants, aux grandes entreprises, aux coupes budgétaires, etc.
Il faudra maintenant aller plus loin que de s’opposer et offrir une vision d’ensemble qui tienne la route. Québec Solidaire doit dépasser les dix commandements du Plateau-Mont-Royal. Et il reste moins d’un an et demi avant l’élection générale.
Dans l’intervalle, Jean-François Lisée qui était optimiste de réussir une alliance avec Québec Solidaire doit vivre un brin d’angoisse. Il rêvait de négocier avec un Québec Solidaire affaibli. Il va plutôt devoir négocier avec le révolutionnaire du printemps 2012.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé