Ariane Lacoursière - Des dizaines d'écoles privées du Québec ne respectent toujours pas les exigences ministérielles, révèle le dernier rapport de la Commission consultative de l'enseignement privé, publié quelques jours avant Noël. Alors que certains établissements exigent des dons de 1500$ des parents en plus des droits de scolarité, d'autres ne déclarent pas tous leurs élèves ou remplacent les cours d'éducation physique par des études juives.
À l'Académie Beth Esther, à Outremont, les arts, le cours Éthique et culture religieuse et le cours d'éducation physique sont intégrés aux études juives. Parmi les 23 enseignants, seulement 4 détiennent un brevet d'enseignement. De plus, cette école n'offre que 17,5 heures de cours au primaire et 13 heures au secondaire, soit nettement moins que les 25 heures prescrites par le ministère de l'Éducation (MELS). Toutes ces lacunes ont amené la Commission à ne renouveler le permis de cet établissement que pour deux ans.
À l'Académie culturelle de Laval, gérée par l'Association islamique des projets charitables (AIPC), 166 élèves fréquentent les classes du préscolaire et du primaire. Mais la Commission s'inquiète du fait que, parmi ses «activités économiques» l'AIPC ne déclare que celles de «propager l'enseignement islamique parmi les musulmans et les non-musulmans» et «faire connaître les musulmans, leur culture». La Commission, qui presse l'Académie culturelle de Laval de «clarifier son activité économique» en déclarant sa mission d'enseignement, n'a renouvelé son permis que pour deux ans.
La directrice de l'Académie culturelle de Laval, Carine Gafsi, assure que cette demande n'est qu'une formalité administrative. «Nous respectons le programme pédagogique du Ministère. Les élèves qui sortent d'ici sont admis dans les meilleures écoles», assure-t-elle.
Dons obligatoires
À l'école Rudolph-Steiner, à Notre-Dame-de-Grâce, les 70 élèves du préscolaire, du primaire et du secondaire ne reçoivent pas une formation conforme aux exigences du Ministère. On apprend également que les droits de scolarité sont trop élevés au primaire, «puisqu'un don sans reçu d'un minimum de 1500$» est exigé des parents. La Commission a accepté de renouveler le permis de l'école Rudolph-Steiner, mais seulement pour un an.
L'école arménienne Sourp Hagop, à Montréal, tarde aussi à respecter les exigences ministérielles. Parmi ses 63 enseignants, 14 ne sont pas qualifiés. Le matériel didactique utilisé n'est pas approuvé par le MELS. Au primaire, seulement 45 minutes d'éducation physique sont offertes, alors que Québec prescrit deux heures. Et le cours Éthique et culture religieuse n'est pas donné de la façon prévue. La Commission exige un plan de redressement et a accepté de renouveler le permis pour un an seulement.
À Boisbriand, 332 élèves, juives hassidiques pour la plupart, fréquentent l'Académie des jeunes filles Beth Tziril. Mais la Commission déplore que seulement 215 élèves aient été déclarées au gouvernement. De plus, seulement 3 des 21 enseignants sont qualifiés. L'établissement a aussi transmis de fausses informations à Québec. «Certaines données transmises contredisent ce qui a été observé lors de la visite, notamment en ce qui concerne la langue d'enseignement au secondaire et le matériel didactique utilisé», peut-on lire dans le rapport.
Les lacunes observées sont si importantes que le permis de cette école n'est renouvelé que pour un an. La Commission indique que si rien ne change d'ici là, le MELS pourra carrément révoquer le permis.
Le Collège rabbinique du Canada non plus ne déclare pas tous ses élèves, selon la Commission. En tout, l'établissement dit accueillir 59 élèves au préscolaire, au primaire et au secondaire. «Un problème de non-déclaration semblerait toutefois persister puisque environ 180 élèves fréquentent l'école», lit-on dans le rapport.
Par ailleurs, il est noté que le Collège rabbinique du Canada, tout comme d'autres écoles juives, a signé une entente formelle avec Québec et qu'il s'engage à corriger ses lacunes. Les établissements verront à ne plus engager d'enseignants non qualifiés ainsi qu'à respecter le temps d'enseignement et le nombre de jours de classe.
Au Collège rabbinique, on dit vouloir respecter la loi. On assure que plusieurs éléments ont été rectifiés dernièrement et que le Collège progresse, notamment pour ce qui est du temps consacré à chaque matière.
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